Night with a friend - ft. Isarina

La nuit est tombée plus tôt. Les journées deviennent de moins en moins longues et rythment encore le cœur du tenancier. Il salue le dernier client qui quitte le pub, vérifie le contenu de sa caisse. L'esprit plongé dans son métier, il n'a pas remarqué qu'une présence est proche de lui. C'est Hadès qui l'alerte, reniflant quelque chose par dessus le comptoir. Isaac relève les yeux, suivant la truffe de son chien. C'est sur la sirène Catarina qu'il tombe, haussant les sourcils. Parfois, elle est si discrète qu'elle se fond dans le décor. « T'es encore là ? » L'étonnement palpable dans la voix alors qu'il referme la caisse avec douceur. Ses doigts viennent enlacer le verre vide de la demoiselle. « Je te sers autre chose ? » Ou peut être qu'elle allait partir finalement. Catarina, rencontre particulière autour de leur amour pour cette île. L'envie de la préserver, de la garder intacte. Que l'empreinte humaine ne soit pas trop conséquente. Il nettoie le verre, s'en sert un avant de s'accouder au comptoir, déjà la demoiselle. Depuis qu'il avait soigné sa main blessée, surpris qu'une fille de son gabarit soit capable de mettre un pain avec autant de force, il avait apprécié sa compagnie. À chaque fois, il se demandait ce qu'elle venait faire sur l'île, pourquoi elle était venue s'y perdre. Isaac est loin d'être un homme intrusif même si parfois des questions lui brûlent les lèvres. Il détaille Catarina avant de faire le tour et de venir s'installer à ses côtés, perché sur un tabouret en bois foncé. « Bon, alors... Que me vaut l'honneur de ta présence après la fermeture de mon pub ? Donne moi une bonne raison de ne pas te mettre à la porte alors qu'il va pleuvoir... » Moqueur, sourire en coin qui relève sa barbe vers la droite de son visage. Pas sérieux pour un sou, ce n'est pas dans sa nature de mettre les gens à la porte.

@Catarina Decker

« Woah, je devrais te féliciter oui ! Ils doivent se sentir pitoyables face à toi ! » Amusé. Le sourire en coin qui se dessine alors qu'il regarde la demoiselle qui semble fière comme un coq. Lui, ce qu'il constate, c'est qu'il ne ramène personne ce soir. Et il en est pas mécontent, au contraire. Chacun rentre chez lui avec ses pieds, son vélo. Pas de voiture pour la nuit. Il étire ses muscles, s'installe sur le tabouret près de Catarina et l'observe. Moue songeuse qui déforme doucement les traits de son visage avant qu'il ne pince les lèvres, lâche un long soupir. « Moi qui espérais secrètement pouvoir lâcher tout un tas d'insultes maintenant que les clients ne sont plus là... Je dois encore me retenir par ta faute ! » Moue boudeuse qui retrousse sa lèvre inférieure. Tête de petit garçon qui n'a pas ce qu'il veut. Mais rien de tout ça n'est sérieux après tout. Il ne se gêne pas pour jurer en présence des clients. Le jeune homme s'envoie la moitié de sa pinte au fond du gosier avant de la reposer, essuyant la mousse venue se coller sur le dessus de sa lèvre. « C'est toujours la meilleure partie de la soirée quand il ne reste plus que Hadès et toi, tu le sais bien ! » Sérieux ? Pas sérieux ? Le mystère reste entier pour le coup. Il s'allume son cigarette bien que fumer dans son pub soit interdit. C'est lui le patron, il fait bien ce qu'il a envie. Après avoir tiré dessus, il recrache la fumée dans les airs avant de se pencher par dessus le comptoir pour récupérer un cendrier. « Les affaires vont bien. Je dois avouer que ce n'est pas une période très touristique alors l’hôtel est un peu vide mais le reste tourne très bien. » L'accomplissement de toute une vie ce pub, son bébé. Celui dont il prend soin, bien plus que sa propre vie. Il adore ce métier, le contact avec les gens. Lui le vieux garçon solitaire qui vit dans une maison si ancienne que l'on s'attend à voir un grand-père en sortir. « Ah... Si c'est quelque chose que tu peux pas me pardonner, je vais y réfléchir à deux fois alors... » Se gratte le menton en l'observant avant de sourire. « Et toi ? Comment tu vas en ce moment ? La vie sur l'île te plaît ? Pas de problème avec ta péniche ? » Parce qu'au fond, il ne peut que s'inquiéter pour elle.

Pince les lèvres dans une moue fautive, comme pris en flagrant délit. « Merde, moi qui pensais que tu ne m'écoutais pas ! » Sourire qui étire doucement ses lèvres, amusement qui fait briller ses iris bleutées. Il s'en amuse de tout ça, parce que Catarina elle est réactive à son pseudo-humour. Il se fait tout mou quand elle le pousse, se contente de rire sans appuyer ses propos. Le doute qui plane sur la sincérité des paroles. Il ne sait plus y faire, ayant perdu la main après des années de routine amoureuse qui ont fini par creuser le fossé entre lui et son ex compagne. Il observe la jeune femme lui piquer une cigarette, ne disant rien. Il a l'habitude et c'est rare qu'il lui dise non. « T'en fais pas, je prend soin de moi ! Je ne suis pas non plus un incapable tu sais. Je suis un homme, c'est vrai mais un homme qui sait prendre soin de lui et savoir quand s'arrêter ! » Qu'il lance en souriant. Véritable garçon célibataire, il a toujours appris à faire ses lessives lui même. Cependant, elle n'a pas tort, il doit dormir plus. Son visage finira avec les traits creusés et le teint blafard, les poches sous ses yeux s'agrandiront peu à peu. Et il se fera gronder. Le sommeil est devenu une denrée rare pour lui, quelque chose qu'il n'arrive plus à avoir facilement. Souvent, il se contente d'une sieste ici et là quand il peut. Il ne sait pas d'où lui vient ses insomnies, refusant d'aller voir un médecin pour se gaver de médicaments. Il soupire doucement, connaissant bien le rythme effréné de Londres, de ses lumières qui illuminent le ciel sans pouvoir voir les étoiles. Ici, il a découvert un océan noir étoilé, le reflet de la lune ronde dans la mer calme. Ici, il a découvert la paix, la tranquillité, le repos de son esprit jusqu'à ce qu'il se retrouve seul. Il revient à Catarina, content qu'elle se soit bien intégrée. Il passe une main sur le bas de son visage avant de tirer sur sa cigarette. « Tu veux que je passe regarder ça ? Si je peux te le réparer ? » Parce que c'est Isaac, il ne peut pas s'empêcher d'aider les autres. Il aime trop ça. Il sourit, écrase son mégot et hoche son visage. « Alors là j'accepte avec joie ! Déjà parce que je ne refuse jamais un bon repas mais en plus, je connais la mer à la tombée de la nuit. Il n'y a rien de plus beau... » Avant il l'admirait de près, maintenant, il peut l'admirer de sa terrasse. Des qu'un client passe la porte, il peut voir l'étendue d'eau, parfois un bateau au loin qui revient ou qui part. C'est un rythme de vie qu'il ne veut plus changer.

Surveiller son langage à l'avenir quand Catarina est dans le coin, il se le note mentalement dans un coin de la tête. C'est pourtant un sourire amusé qui s'affiche sur son visage. « Petite sournoise ! » Qu'il lâche avec légèreté. La vie qui s'enivre de l'activité humaine, Isaac qui voit ses jours défiler un par un, à la vitesse de la lumière. Déjà si proche de la quarantaine et pourtant loin d'avoir réalisé ses rêves. Des désirs qui restent en suspend, malgré qu'il soit si fier de son pub. Il pince les lèvres, termine son verre et soupire. « Je n'ai rien d'autre à faire de ma vie... » C'est froid, c'est distant, c'est catégorique. L'homme célibataire, le cœur en miette, s'enferme dans son travail. De toute manière, il ne sait rien faire d'autre de ses journées. Promener son chien à la limite. Il s'accoude au comptoir, pose ses iris bleutés sur la demoiselle qui lui tient compagnie. Parfois ça lui fait beaucoup de bien quand elle est là, plus qu'elle ne puisse s'en rendre compte. Il secoue doucement son visage avant de reprendre une cigarette. « Même si je te mets derrière le comptoir ? Et je doute qu'on t'embête plus qu'on ne m'embête moi ! » Le sourire qui s'affiche sur le visage. Après tout, avec son charme, il suffirait d'un battement de cil pour les calmer et les mettre à ses pieds. Il hoche légèrement son visage, redresse les épaules. « Bien sûr, je te le propose. » Il s'étonne de voir que Catarina semble avoir tant besoin de son aide. Il ne peut s'empêcher de rire. « J'aime manger tout court. Même dans des assiettes en carton. Mais, un bon dîner, une magnifique vue, il ne me manque plus que la femme magnifique pour clôturer la soirée. » Même si elle sera déjà là, il ne peut s'empêcher de taquiner Catarina. Isaac a ce côté où il ne peut s'empêcher d'aider les autres. Mais certains ont plus d'attention de la part du tenancier que d'autres. « Pourquoi tu ne me l'as pas dis plus tôt que tu avais des soucis ? Je t'aurais aidé. Je t'ai déjà dis de ne pas hésiter. » Il la gronde presque alors qu'il lui rappelle combien il peut être présent pour les autres. Toujours présent pour ses proches. Et des proches il n'en a pas beaucoup au fond.