la pénombre du fond du magasin, la lampe a rendu l'âme y'a quelques minutes, comme si c'était l'bon moment, en pleine journée dans l'magasin. alors tu t'es attelé comme un parfait homme-à-tout-faire à la changer. t'es quasiment sur le point de chanceler, la chaise pas si stable qu'elle en a l'air une fois monté dessus, c'est soit une mort par électrocution soit un coup du lapin qui t'attends d'ici quelques instants. dieu soit loué, il a décidé d'être clément aujourd'hui, ptêt qu'il avait la flemme de te voir arriver d'vant lui pour.. une vis rouillée sur une vieille chaise en bois. tu t'refous derrière ta caisse, sur ton téléphone, a te perdre des heures, attendant que quelqu'un s'pointe devant toi, histoire d'avoir un peu d'argent qui rentre des les comptes, parce-que si ton père définissait le magasin comme le bateau familial, il est entrain de finir comme le titanic là.. fin soit c'est la merde quoi. les deux bottes en plastiques sont trouées, et on continue d'sauter dans les flaques d'eau en espérant ne pas finir mouillé. un rapide soupir émané, l'envie d'foutre les voiles, mais quand on a pas d'argent, c'est impossible d'partir. alors on reste ici, damné par la vie. c'est pas ce dont t'as rêvé durant toute ta jeunesse konan.
tu t'voyais fouler les pavés londoniens, un monsieur-tout-le-monde que tu voulais devenir, pas un vieux mec perdu dans un vieux magasin sur une île. mais bon t'as promis à ton père d'reprendre le magasin, tu peux pas vraiment faire demi-tour, t'aurais sûrement du te taire konan. et pourtant, un instant t'es percuté par un bruit, alors tu te lèves presque subitement, comme si t'étais un d'ces adolescents qui s'endors sur sa table, le filet d'bave au coin de la bouche, avant de se diriger dans le cœur du magasin pour rapidement remettre les livres qui sont tombés, merci l'armoire qui ne tiens plus vraiment, encore une dépense a ajouter aux notes. t'as croisé sur le chemin la fille qui ramène les mauvaises nouvelles, oui oui.. celle qui dépose les lettres ecetera. et sur l'retour tu t'arrêtes au près de cette fille pour dire simplement "do you need any help miss?" t'imagines qu'avec tout ce qui est entassé ici, c'est sûrement assez dur de s'y retrouver, sauf quand c'est toi qui a tout organisé.. enfin organisé si l'on peut dire ça comme ça.. ton regard se perds sur elle un instant et là. pouf. konan t'es baisé, bon le soulignons pas à voix haute.. mais elle est jolie. elle te plais pas mal elle.
y'a le tic-tac de l'horloge qui se répète un instant, alors que tu reprends enfin commande de toi-même, passant instinctivement ta main dans tes cheveux avant de dire l'air con "sorry but.. you are the girl who drops the mail right? i mean it's akward i know but you look like her, and you have like the same clothes. like mailman needs to wear the same outfit?" putain de gênant, mais tu veux juste être sur, parce-que si c'est elle, tu trouveras forcément un moyen de la voir chaque jour.