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then you smiled over your shoulder. for a minute, i was stone-cold sober. i pulled you closer to my chest and you asked me to stay over. — @andrea donnelly

Finalement, il avait du charme ce petit bar. Juste ce qu’il fallait de clients, des musiques sympathiques pour habiller l’endroit, et une décoration efficace mais ordinaire pour un établissement en bord de mer. Toute la petite bande d’amis était présente, chacun échangeant sur les dernières rumeurs parcourant l’île. C’est qu’ici à Guernesey, les nouvelles ne traînaient jamais bien longtemps. Et eux, justement, n’avaient jamais perdu cette sale habitude de devoir commenter et critiquer tout ce qui avait le malheur de se trouver sur leur chemin. On pouvait les entendre rire à gorge déployée au milieu de l’établissement, dans leur « carré VIP » - une table soigneusement réservée au nom de Nina et où les boissons coulaient à flot. Ils étaient de véritables rois, s’attardant sur les détails dérisoires de ceux qu’ils avaient choisi de prendre pour cible. Et comme à son habitude, Damian écoutait d’une oreille distraite, l’autre gentiment posée contre la table pendant qu’il tentait de ne pas sombrer dans un profond coma. Son verre, le deuxième de la soirée seulement, touchait dangereusement à sa fin pendant que le reste de la troupe entamaient leur Xième bouteille. Evidemment, il n’avait pas échappé aux moqueries. Evidemment, il se sera contenté de répliquer par un joli geste du majeur pour marquer son indifférence. Dans le fond, ils n’étaient finalement pas bien méchants, juste un peu immatures… Ou simplement très cons, selon. « Damian, tu viens ? Termine ton verre, on va tous chez Jake pour terminer la soirée. » Nina elle avait cette façon unique à la fois ferme et douce de s’adresser à lui. Sa main agrippée à la sienne, l’autre secouant son épaule pour tenter d’éveiller une belle au bois dormant un peu trop imbibée. « Tu sais quoi ? Je crois que je vais plutôt rester encore un peu là. Dormir ou boire, je sais pas trop. Mais allez-y, je vous rejoins. » Pas tout à fait le genre de réponse escomptée par la princesse de la soirée. Le sourire angélique qu’il lui accorda en ponctuant sa phrase fût insuffisant pour lui faire décroiser les bras. Dommage. Elle arqua un sourcil, souffla un bon coup, et s’en alla finalement en relâchant sa main dans un mouvement agacé. « Ne traîne pas, et essaye de ne pas te perdre sur la plage cette fois. » Pour toute réponse, il lui envoya un baiser imaginaire avant d’adresser un signe de la main à un Jake qui s’était déjà occuper de passer son bras par-dessus les épaules de sa copine. D’ordinaire, il aurait tiquer. Ce soir, il leva les yeux au ciel en terminant son verre d’une seule gorgée. La seconde suivante, il reposait la tête sur la table et écoutant vaguement une chanson particulièrement appréciée. Des notes de guitare, quelques jolies paroles et lui qui en sifflotait l’air, il ne lui en fallait pas plus. La semaine avait été éprouvante, fade, et ennuyeuse à mourir. Cette soirée, qui aurait dû être un restaurant en amoureux, s’était finalement soldée par une petite réunion d’amis à laquelle il n’avait pas tellement envie de participer. Certains appelleront cela ‘’la flemme du vendredi soir’’, d’autres le qualifieront simplement d’insociable. Quel mal y avait-il finalement à vouloir passer du temps à deux ? De toute évidence, Nina ne partageait pas son point de vue. Tant pis. Après un long et interminable soupire, Damian se leva finalement de son fauteuil pour rejoindre la sortie. Quelque chose l’empêcha cependant de passer la porte, ou plutôt quelqu’un. Sa main s’était figée sur la poignée en même temps que ses yeux dirigés vers une silhouette. Encore une fois, elle se dressait entre lui et le reste de sa vie si parfaitement planifiée. La bouche entrouverte comme un idiot, il hésita une poignée de secondes, une minute peut-être, mais pas assez toutefois pour le convaincre de quitter les lieux. « Hey, salut toi. » S’il n’y avait pas eu tant de foule autour d’eux, il se serait glissé derrière elle pour lui faire la surprise de sa présence en l’enlaçant. Il l’aurait embrassée avec la fougue nécessaire à combler toutes ces semaines sans la voir. Si l’envie ne lui manquait pas, le peu de raison qu’il possédait encore en la voyant le rappelait à l’ordre. Mais le coeur, lui, menaçait sensiblement de s’arracher de sa poitrine. Ses deux opales sombres rivées vers son visage, il y a au moins un détail qu’il ne réussirait jamais à contenir : la satisfaction de la retrouver. « J’ai hésité à te bousculer en renversant une bière sur ton chemisier, mais je me suis dit que ça ferait peut-être un peu trop cliché… » Pour la première fois cette semaine, il échappa un ricanement avant d’hausser les épaules. « Ça fait longtemps. » Qu’il ne l’avait pas taquinée, ou qu’il ne s’était pas senti aussi vivant ? Un peu des deux sans doute. Il avait posé une main contre sa joue, profitant d’une mèche de cheveux rebelle pour lui offrir une caresse en guise de bonsoir. Un geste déjà de trop. « T’es venue seule ? Parce que si oui, t’es consciente que je vais juste me contenter de te payer un verre par politesse avant de t’embarquer ? » Si pas ici, alors ailleurs, à l’abris des regards. Tout cela dans le but de raviver les souvenirs d’un été révolu, mais tellement beau. Ils s’étaient jurés d’arrêter, de ne plus se voir, et de poursuivre leur chemin chacun de son côté. Une ambition bien difficile à concevoir dès lors qu’elle avait le malheur de se trouver dans son champ de vision… « Je sais. » Ce piètre acteur. Il avait soupiré en retirant sa main, comme pour marquer sa déception, mais son sourire et ses yeux étincelants de malice, eux, ne se dissipèrent à aucun moment.
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Mauvaise idée. Andrea s’est laissée séduire par la perspective d’autre chose qu’une oeuvre caricaturale de Robert Lacey. Si elle aurait ordinairement refusé une telle invitation, c’est cette fois le besoin viscéral de voir autre chose que les reliures d’un vieux livre et le monde poursuivre sa course effrénée depuis sa fenêtre qui a parlé. La voilà dans un bar qui ne lui ressemble pas, accompagnée d’une poignée de personnes dont elle ne connait rien, à part peut-être une ribambelle de prénoms ; encore qu’elle ne soit pas certaine d’avoir collé la bonne étiquette sur chacun d’entre eux. Dans cette aimable petite troupe venue passer le week end sur la pittoresque île de Guernesey, on retrouve tous les stéréotypes de la bande de potes qui n’est que circonstancielles. Andrea les connait sans les connaitre à force d’observation, mais aussi parce qu’ils sont une version ‘ rats des villes ‘ d’une autre bande qu’elle ne connait que trop et qu’elle ignore sciemment depuis une petite heure. Le type qui donne tout ce qu’il a pour lui faire la conversation s’appelle Tristan. Tristan lui a offert de faire connaissance autour d’un verre alors qu’ils patientaient à la caisse de la supérette ; il faut dire que Mrs. Betsingham prend un temps fou pour sortir son porte-monnaie, trier ladite monnaie, payer, et ranger ses courses. Elle voit clair dans son jeu, le type est on ne peut plus transparent. Originaire de Manchester, plutôt banal, mais dans le bon sens du terme, croit qu’il va coucher du gibier local pour frimer devant ses potes et emmerder la seule nana du groupe qui a tout l’air d’en être folle. Superbe. T’es encore tombée dans un bon deal, ma vieille. Tristan à au moins les épaules assez large pour la cacher de Damian, Nina, Jake et tout le reste de la bande installée sur la banquette la plus éloignée. Les autres et elle étaient là en premier, mais à l’instant où Damian s’était pointé, sa soirée s’était achevée. Obnubilée, Andrea s’employait depuis à feindre l’intérêt, quand bien même ses yeux retrouvaient mécaniquement l’endroit où Damian était encore assis. Tristan n’y voit que de feu, comme Nina, et tous les autres, mais son coeur n’est plus dans sa poitrine, mais posé sur la table devant Damian, comme le verre qu’il s’entête à vider. Heureusement, elle n’attire pas plus l’attention sur elle et Nina lui accorde le répit qu’elle mérite depuis, quoi ? Toujours ? Glenn, le barman, vole son attention le temps de quelques secondes cruciales avec une question aussi simple que ‘ Tu veux toujours le même truc, ou bien tu veux changer pour un truc un peu plus fort ? ‘. Dree lui lâche bêtement qu’elle va surtout rentrer chez elle, mais Tristan lui fait promettre de rester au moins le temps qu’il fume une cigarette. Elle lève les yeux au ciel, et encore une fois lorsqu’elle remarque que Nina est partie. Par déduction, elle imagine que Damian aussi, et plutôt que d’attendre seule au bar, elle décide que son couvre-feu est lancé. C’aurait dû être simple, mais ça ne l’est jamais. Son occasion de prendre la porte se fait la malle et elle se crispe devant le sourire à tomber de Damian, se mord la lèvre et se donne l’air d’une gamine de quinze ans en plein émoi ; c’est pas qu’elle en a l’air, elle l’est.   “  Bonsoir Damian. ”  Son prénom lui brûle la gorge, mais au moins elle fait l’effort d’occuper la case dans laquelle elle est supposée être. On pardonnera tout à ce mec, surtout son charme, mais Andrea ne veut rien laisser percer de tout ce qu’il provoque en elle. Elle lui cède un fin sourire poli, rien de bien grandiose, et fait mine de ne pas comprendre cette soudaine familiarité alors qu’elle sait ; mais il y a du monde autour, et ça n’est pas le moment. Ça ne le sera possiblement jamais, et c’est regrettable. Le coup du chemisier lui fait froncer un sourcil, le reste donne envie et elle doit se faire violence pour prétendre le contraire.   “ Je vois pas de quoi tu parles.  ”  De nouveau, elle se mord la lèvre, tremble sous sa caresse tout sauf subtile, puis hésite. Peut-être que c’est elle qui va finalement donner dans le cliché…  “ Je suis avec… ”   Son regard cherche une bande de potes qu’elle n’a pas, mais par accident, il trouve deux paires d’yeux qui la fixent en retour. Tristan est revenu de sa pause clope et derrière son comptoir, Glenn ne comprend pas ce qu’elle fout avec ce type. Ou plutôt ce que ce type fout avec elle. Oui, elle veut voir si Damian va réagir. Dire quelque chose. Elle aimerait juste voir son regard se voiler ; ce serait suffisant. Elle sait au fond que ça n’arrivera pas et l’idée seule lui tord les boyaux, et elle n’est d’ordinaire pas mesquine à ce point, mais elle n’est qu’une femme faible sous le regard d’un homme à qui elle veut plaire.   “ Bref,  ”  tranche-t-elle dans un soupir quand elle réalise combien c’est idiot de sa part.   “ Je crois pas que ce soit une bonne idée.   ”  Le verre, d’abord, et qu’il l’embarque. Pour une fois, elle essaye de se tenir à ce qu’ils se sont dit, en sachant pertinemment que c’est le seul effort en ce sens dont elle sera capable. Elle retient aussi de préciser que sa copine ne doit pas être bien loin , et se rend compte de l’absurdité de la réflexion. Qu’elle soit loin ou non, il a une copine. Une presque fiancée, il parait. Pour lui faire comprendre que c’est pour lui qu’elle se comporte comme ça, et que c’est tout l’effort dont elle est capable, Andrea se rapproche de lui et glisse furtivement sa main de son poignet à ses doigts, presse vaguement, et remet sa main où elle aurait dû rester : dans sa poche.   “  T’es soûl. Rentre chez toi.  ”  Elle tente d’appuyer le conseil d’un air sérieux, mais lui sort finalement un vague sourire armé de tendresse.
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La soirée aurait pu se dérouler autrement s’il n’y avait pas eu Andrea. Cette fille-là était un poison, un cocktail délicieusement dangereux dont il était difficile de se passer après y avoir gouté. Elle était parvenue à lui voler bien plus qu’une simple nuit au milieu d’un été étrangement doux. Ce qui aurait dû se cantonner à une simple erreur avait pris des airs d’une routine parfaitement interdite. Elle le savait tout autant que lui, et pourtant. Ces semaines-là étaient restées profondément ancrées, tant dans sa chaire que dans son sang. Il l’avait dans la peau, et ne réalisait pas encore qu’un simple contact visuel ne suffirait jamais à combler les désirs qu’elle-seule parvenait à éveiller chez lui. La première chose qui lui vint à l’esprit en la voyant fût justement de constater à quel point elle était attirante. La petite fille aux tenues étranges était devenue une femme, et une particulièrement séduisante. Difficile de se laisser convaincre du contraire, malgré tout ce que Nina et les autres pouvaient prétendre à son sujet. Ses bourreaux qui, par un heureux hasard, avaient préféré quitter les lieux pour poursuivre leurs festivités ailleurs.  Sourire gourmand sur les lèvres, Damian continuait de l’observer avec une avidité qu’il lui réservait habituellement lorsqu’ils étaient seuls. Intérieurement, il riait de la voir se comporter comme ils le devraient. On lui pardonnera d’ailleurs de faire impasse sur cette règle pour ce soir, l’alcool ayant déjà fait son labeur. Comme il était regrettable qu’il ne puisse pas la prendre dans l’étau de ses bras, s’enivrer du parfum qu’elle portait et qu’il reconnaitrait entre mille, et gouter au luxe de sa peau contre ses lèvres. Ravi cependant de l’effet procuré par sa caresse, il jubilait intérieurement tout en réclamant toujours plus. « Faut peut-être que je te rafraîchisse la mémoire alors si tu vois pas… » Qu’il souffla, taquin mais néanmoins sérieux, le tout en se penchant légèrement au dessus de son épaule. Ses yeux se fermèrent un bref instant lorsque son nez effleura une mèche de cheveux égarée, témoin d’une proximité qui n’aurait jamais dû voir le jour au milieu de la foule. Peut-être qu’il réalisera son erreur demain, ou peut-être jamais. Après tout, cela faisait combien de temps qu’ils le partageaient ensemble, ce petit jeu ? Son innocence s’estompa cependant lorsqu’elle mentionna être accompagnée. Par qui ? Depuis quand ? Il avait entrouvert la bouche dans un réflexe stupide de protester en reculant d’un pas, mais se ravisa bien rapidement. Comme s’il était en mesure de dire quoique ce soit. A la place, il leva négligemment les yeux vers le type qu’elle affubla d’un rapide coup d’oeil. L’aveu lui fait froncer un sourcil et il dû se mordre la lèvre pour réprimer un sarcasme venimeux. Damian avait bien des défauts, à commencer par la lâcheté dont il faisait preuve avec Nina, mais la jalousie n’en avait jamais fait parti… jusqu’à présent.  « Le type là-bas que tu viens de guetter du coin de l’oeil comme si t’avais peur d’être coupable de quelque chose ? Hm, ok, je vois. » Le ton était faussement amusé, presque amer quand bien même les traits de son visage ne laissaient rien paraître. « Il est pas pour toi ce mec… En fait non, c’est plutôt que t’es pas pour lui. » Trancha-t-il, plus doux qu’il ne l’aurait souhaité. L’idée pourtant qu’elle puisse jeter son dévolu sur un autre ne lui plaisait pas. Evidemment, bien qu’alcoolisé, il était encore assez sobre pour savoir qu’il n’aurait pas son mot à dire à ce sujet. C’est, après-tout, l’accord sur lequel ils s’étaient entendus. Andrea et Damian n’étaient rien, ou en tout cas sur le papier. Ils n’étaient pas un couple, malgré les regards qui parlaient pour eux. Ils devaient cesser de se voir, malgré leurs coeurs qui battaient à l’unisson dès qu’ils avaient le malheur de se trouver dans la même pièce. Ils ne s’aimaient pas, malgré que chaque seconde passée ensemble les rapprochait un peu plus de l’évidence qu’ils refusaient d’admettre. Pour ces motifs-là, il aurait dû suivre son conseil et partir rejoindre Nina.  Ils auraient pu ainsi tenir parole, ne commettre aucune infraction. Parce qu’elle avait entièrement raison sur un point tout simple : rien de tout cela n’était une bonne idée. « De ? Ah oui, nous deux tu veux dire. » Il poussa un long soupire de déception, les yeux rivés sur sa main raccompagnant brièvement la sienne. Le contact, aussi furtif qu’il soit, lui coupa néanmoins la respiration. « C’est la pire des idées depuis le premier jour, et pourtant t’es encore là entrain de me parler alors que tu pourrais juste… rejoindre Don Juan. » Il avait relevé le visage pour fixer ses opales sur les siennes en sachant pertinemment qu’insister ne servirait à rien. La scène était absurde, il s’en rendait compte, mais ne pouvait se résoudre à s’en aller quand son palpitant lui dictait tout le contraire. Son regard balaya rapidement les alentours pour finir par entrevoir le barman qui ne cessait de les observer. Evidemment, pour le monde entier, ils n’avaient rien à faire ensemble quand la vérité voulait toutefois l’opposé. « Ok, je pars. Mais si je suis bien soûl comme tu le dis, ce serait quand même hyper dangereux de me laisser rentrer seul… Sans surveillance. » De nouveau, il se mordit la lèvre et leva les bras en haussant les épaules. Le parfait innocent. Ce n’était absolument pas une invitation, qu’il prétendra. Juste un triste et cruel constat. « Je pourrais vouloir taper un bain de minuit et me noyer. » A son sourire plein de tendresse, il répondit de la même douceur en regagnant la porte à reculons. L’espoir au ventre qu’elle le rejoigne, il avait quitté les lieux pour se perdre sur la plage qui bordait le bar. Malgré la présence de quelques jeunes qui s’autorisaient une promenade nocturne, l’obscurité aurait au moins le mérite de couvrir leur identité… et leur éventuelle réunion.
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Pour tout ce qu’il est en train d’essayer et tout ce qu’il dit en trop, Damian récolte un regard assassin. Certes à peine crédible, puisqu’ils savent tous deux qu’elle n’est capable de rien de bien méchant, mais la tentative a au moins le mérite de faire passer un message clair : déjà, il va trop loin. Il va trop loin, et elle aura tendance à le laisser faire. C’est à lui d’endosser le rôle du sérieux, à poser toutes les barrières qu’il faut, ici et les autres fois ; c’est après tout son couple qu’il faut préserver. Parce qu’elle se souci de ce que les autres vont penser rien qu’à les voir discuter, alors qu’ils n’ont normalement rien à se dire, Andrea croise les bras au-dessus de sa poitrine et fait mine de regarder ailleurs pendant qu’il se laisse aller à une suggestion tout sauf sage. Si elle ne se laisse pas démonter, elle frémit malgré tout, et surtout malgré elle, de savoir son nez dans ses cheveux et la pointe de son menton par-dessus son épaule. Elle se mord les lèvres parce qu’il est très fort, ce mec. Il est doué, il est grand, il sait. Il doit savoir, pas vrai ? Qu’elle donnerait tout pour être à la place de Nina et qu’elle sait, au fond, qu’elle tiendrait le rôle de petite amie mieux, partant du principe qu’elle aime ce type comme personne. C’est ce qu’elle croit et essaye de combattre chaque jour, en tentant de se convaincre pour elle-même qu’elle n’est pas vantarde à ce point, voire pas du tout et que Nina a une longueur d’avance sur elle dans tous les domaines. Il doit savoir l’effet qu’il lui fait, et combien ses convictions fourchent dès qu’il s’agit de lui parce qu’elle refuse d’être la fille de l’ombre, mais elle a viscéralement besoin de lui. C’est sur qu’il sait, sinon il n’en rajouterait pas. Il est seulement soûl, il a perdu son filtre, mais Andrea n’est qu’une femme amoureuse et tout ce qu’il fait, tout ce qu’il consent à dire pour elle, elle le pense, le médite, et le décortique à s’en rendre malade.   “ Arrête ça. C’est l’alcool qui parle. ”  Le ton se veut autoritaire, mais c’est une bien piètre tentative de le sermonner, et ce serait de toute manière peine perdue. Damian est, au moins dans le quartier de vie qu’elle veut bien lui laisser, roi. Il gère, porte, décide, souvent contre ce qui est décent, et plus ou moins malgré elle. Elle s’attarde quelques secondes sur sa belle gueule, voudrait se plaindre de l’envie rugissante de l’embrasser qu’elle retient, faire un caprice de gamine, et se demande deux secondes comment elle en est arrivée là. Pourquoi lui ? Spécifiquement lui ? Pourquoi ? Au-delà du physique, qu’il a de transcendant, pourquoi ? Parce que. C’est vrai ce qu’ils disent tous : ces choses-là ne s’expliquent pas. Elle serre un poing dans son dos parce que vraiment, ce qui se passe entre eux est inadmissible, mais ne l’empêche pas de rester et de rêver à se pendre à son cou par les deux bras. Encore malgré elle, Andrea lance une feinte pathétique qu’elle regrette immédiatement : la perche jalouse. Damian n’a rien à craindre de tous ces mecs ; il pourrait d’ailleurs très bien n’en avoir rien à foutre parce que, encore, il a une copine, mais elle se satisfait de ce qu’il cherche péniblement à cacher. Lorsque le visage ne montre rien, les mots disent tout, même en filigrane.   “ Le type là-bas qui m’a proposé un verre, ou cinquante, et s’attend à ce que je revienne pour terminer au moins notre conversation, ”  rétorque-t-elle immédiatement. C’est tout petit. Elle le sait, ne s’en veut qu’à moitié parce que ça à l’air de faire son petit effet et la satisfaction de l’entendre affirmer sa possession ( tout sauf légitime ) n’est que douce poésie à son oreille.   “ Et tu crois que t’es qui pour décréter des conneries pareilles ? ”  Elle fronce un sourcils outré, quand bien même la volée de papillons dans son estomac se régale.   “ Je pourrais te retourner la remarque, cela dit, mais bon… Tu sais déjà, et je suis pas là pour rabâcher. ”  Nina et lui font peut-être un couple bien assorti aux yeux de tout le monde, mais elle n’est pas dupe. Le cinéma ne la trompe pas, et d’accord, c’est aussi peut-être parce qu’elle voit ce qu’elle veut voir, mais pour passer un temps considérable dans les bras et les draps de ce mec-là, elle sait. Égoïstement, elle a le sentiment d’être la seule à vraiment le connaitre, et partant de ce principe-là, Nina et lui ne formeront jamais le couple qu’on croit ; à ses yeux au moins. Elle retient à sa respiration au nous deux, et il lui faut toute la force du monde pour 1 ) ne pas se réjouir, 2 ) contenir le hoquet de terreur qui, du coup, l’étrangle.   “ De ? Mais tais-toi donc. ”  Le ton est stressé, et il est très vite illustré par une main frémissante qui glisse de sa joue à ses paupières, puis froisse le bout de son nez.  “ Me pousse pas, sinon j’y vais. ”  La menace est creuse, mais pour prouver quelque chose, elle serait capable de tourner les talons et remettre son ersatz d’histoire d’amour entre les mains de … Comment il s’appelle déjà ? Peu importe. La fanfare de faux prétextes lui coûte un bref ricanement parce qu’elle voit son manège lui arriver dans la figure comme un dix-neuf tonnes sur l’autoroute. Rentrera dans son jeu ? Rentrera pas ?   “ Ouais… Salut. ”  Rentrera pas. Elle s’en détourne alors qu’il ferme la porte et que celle-ci claque dans son dos. Sale type. Avec un rien de plus de conviction, elle pourrait se laisser tenter par un autre verre, avec ce mec dont elle ne sait plus bien le prénom, mais qui a vraiment l’air de croire que tout n’est pas perdu avec elle. Tristan, putain. Ça y est, ça lui revient comme un boulet de canon. Seulement il n’a rien d’intéressant, ce mec, et Damian est certainement déjà sur la plage lorsqu’elle le réalise et ouvre la porte à son tour. Elle se précipite à sa suite sur la plage de galets, le coeur gonflé et prête à lui sauter dans les bras, mais une malheureuse seconde de lucidité l’oblige à s’arrêter à quelques centimètres à peine de lui. On voit clairement son élan, devine aisément ce qu’elle a voulu faire, et davantage qu’elle s’est arrêtée de justesse.   “ T’es vraiment un crétin, ”  s’agace-t-elle. On conviendra qu’elle tient davantage de l’adorable que de l’intimidante, et même elle finit par lâcher un ricanement parce qu’il vaut mieux rire de son intérêt pour Damian que d’en pleurer ; quoi que.   “ Je te raccompagne et c’est tout, ”  qu’elle décrète, en mettant un pied devant l’autre. En route. Pas comme s’il pouvait se passer grand chose de plus, puisque Nina finira bien par rentrer de soirée. Heureusement, elle porte un sweat à capuche et dans cette partie de l’île à une heure pareille, moeurs légères obligent, on ne devinera jamais qu’il s’agit d’elle à moins de s’approcher d’eux.



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S’il avait douté brièvement douté l’espace de quelques secondes, ses craintes s’envolèrent à mesure que les pas précipités se dirigeaient vers lui. Il avait gagné. Un large sourire étira la commissure de ses lèvres pincées lorsqu’il se retourna vers une Andrea à deux doigts de lui sauter dessus. Dommage. Stoppée dans son élan, elle demeurait pourtant bien trop proche pour prétendre vouloir respecter une quelconque mesure de distance entre eux. Et cette proximité-là , celle-ci tout particulièrement, était de loin la plus désirable qu’il puisse éprouver. Le coeur gonflé à l’image d’une éponge, Damian échappa un ricanement satisfait à son agacement avant d’hausser les épaules. « Et un crétin fier de lui. » Ô oui il l’était. Et dire qu’il ne se régalait pas de son air renfrogné serait mentir. Le ton employé à son égard pouvait être doux, agressif ou même furieux, Andrea restait adorable bien plus que menaçante quelles que soient les situations. Elle avait cette petite chose unique qu’aucune autre femme ne possédait et qui le rendait complètement dingue.  Cette relation inqualifiable qu’ils entretenaient avait pourtant tout de défendu. Il était en couple, et ce depuis plusieurs années et ne possédait rien en commun avec cette drôle de fille. Pourtant, difficile de faire comme si rien ne c’était passé. Ils pourraient se faire toutes les promesses du monde pour se tenir à l’écart, lui savait pertinemment qu’il serait incapable de tenir parole. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il la dévorait des yeux à cette heure-ci. On conviendra que Damian était peut-être un peu trop alcoolisé ce soir pour une discussion censée, mais le regard, lui, demeurait le même depuis qu’ils avaient choisi de commettre l’irréparable. Elle était belle à en pleurer, et il devait faire preuve de toute sa force de conviction pour ne pas venir rompre le peu de centimètres qui les séparaient pour l’embrasser. Elles étaient si proches, ses lèvres, et les quelques brises qui osaient souffler sur la plage de galets ne lui épargnaient pas le parfum qu’elle portait. « Alors, ce rencard ? » Qu’il s’entendit prononcer presque machinalement, les yeux rivés vers une bouche qu’il se violentait de ne pas capturer. Il se raisonna tant bien que mal lorsqu’elle se mit en route. Pas que la réponse à la question posée pouvait l’intéresser, mais il poursuivit tout de même dans cette pente qu’il savait glissante. « Tu devrais me remercier, je viens de t’épargner une soirée horrible aux côtés de… C’était quoi son nom déjà ? Ricardo ? Boris ? Bref, au pire on s’en fou. » Le jeu d’acteur était là, confiant et sûr de lui, quand tout son palpitant menaçait d’imploser de devoir évoquer un homme qu’elle fréquentait. Il avait choisi de jouer la carte de l’indifférence bien que maladroit et assez peu convainquant dans sa tentative de lui faire croire qu’il s’en fichait. La vérité, c’est que si Nina pouvait se montrer dangereusement jalouse et possessive à l’égard de son homme, ce dernier éprouvait exactement la même chose mais vis-à-vis d’Andrea. Les mains dans les poches et la mine faussement contrariée, il baissa le visage à sa proposition de le raccompagner. « Je suis censé rejoindre les autres chez Jake… » L’idée cela-dit était plutôt alléchante. Il ouvrit la bouche en levant les yeux vers elle, un sourire au bord des lèvres. « Mais je peux très bien faire un petit détour et me perdre en chemin.» Le clin d’oeil qui ponctua sa phrase marquait clairement son intention d’oublier la soirée prévue pour en débuter une autre nettement plus aguichante. Les problèmes et les explications auprès d’une Nina furieuse tomberaient en même temps que sa gueule de bois, c’est-à-dire demain matin. Et parce qu’il n’avait aucunement envie d’être raisonnable ce soir, Damian inclina docilement son visage sur le côté tel un gamin en sortant les mains de ses poches pour les poser contre ses joues. C’était de la provocation, il le savait, elle aussi sans doute, mais il avait appris à aimer ça. « C’est pas comme si quelqu’un pouvait nous voir. Et au pire, même si c’était le cas… on irait enterrer son cadavre ensemble. » Qu’il marmonna en se penchant par dessus son épaule, ses lèvres tout près de son oreille. Perdus au milieu d’une plage quasi déserte, le clair de lune pour seul témoin de ce qu’il s’apprêtait à faire, Damian profitait pleinement de ces trop rares moment d’éternité. Il ferma les yeux en se mordant les lèvres, retenant le sous-entendu qui serait de trop. Comment cette femme pouvait faire pour le rendre dans des états pareils ? Il lâcha un dernier soupire à l’odeur suave de son parfum qui caressait ses narines, frémissant de la tête aux pieds. Un arôme délicieux qui faisait écho à l’été passé ensemble. Où ils n’y avaient qu’eux, et que le reste importait finalement peu. Le goût de braver l’interdit c’était soldé par une addiction toute particulière. Il avait besoin d’elle, et cette affirmation, si elle était difficile à concevoir et accepter pour lui, était évidente chaque fois qu’elle était amenée à croiser son chemin. « Je t’ai déjà dit que t’étais trop mignonne avec ton sweat à capuche ?» Il faisait tomber les filtres, à cause de l’alcool ou grâce à, peu importait finalement. Ses mains relevèrent doucement le vêtement pour couvrir son visage sous sa capuche, et il en profita également pour y nicher le sien en venant reprendre ce qu’il se torturait à ne pas détenir : ses lèvres. Le baiser fût imposé dans ce sens où il ne lui laissait aucune échappatoire, implacable et aussi intense qu’on pouvait le deviner. Ses mains fermement agrippées à la capuche qu’elles tenaient, il les laissa retomber pour venir enfin presser leur corps dans une étreinte qui ne laissait place à aucune négociation. L’envie rugissante de toujours en avoir plus, toujours avec elle, le rendait bien plus ivre que n’importe quelle quantité d’alcool. Il avait décidé que la décence serait pour un autre jour, et ce n'était certainement pas son coeur qui frappait un rythme endiablé qui viendrait le contredire. Le souffle court, il ne stoppa ses baisers que lorsque l’air commença à lui manquer cruellement. Des étincelles dans les yeux, un sourire tout particulièrement niais sur les lèvres, et une poitrine qui se soulevait bien trop rapidement. « Tu repars quand déjà ?» Qu’il articula tant bien que mal en reculant, les mains nichées dans la poche de son sweat, empêchant ainsi toute fuite si cette idée stupide devait la traverser. Parce que ce genre de moments, ils le savaient, ne duraient jamais bien longtemps.
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