je veux te voir, je veux t'avoir.

âge Trente-six ans qui en pèsent péniblement le double. naissance et nationalité Née un dix juillet à Guernsey, britannique par essence. à guernsey depuis Trente-six ans. De rares incursions à Londres et, invariablement, un retour à son île-berceau qui deviendra probablement son île-tombeau. métier, £££ Podologue. Comme disait la vieille mère, les gens auront toujours des pieds. statut civil, orientation La clôture blanche et la maison pavillonnaire pour coucher une famille insipide et ordinaire. Du mariage, il ne lui reste que le simulacre et l'épouse rendue étrangère, les bambins au centre qu'on s'efforce de ne pas détraquer. pronoms elle. faceclaim Anne Hathaway. personnage Inventé. crédits La Femme (quote).

— caractère Blasée, cynique, tranchante, snob, taciturne... En définitive, aussi agréable qu'une porte de prison. Terre-à-terre sinon, partisane du moindre effort aussi. Finalement assez fascinante (mais, non, il n'y a rien à découvrir) et même plutôt éloquente. Clairement névrosée et sans doute un peu maniaque.


Jolene lâche un morceau de rire pincé tandis qu'un de ses "amis" lui tapote l'épaule. "Amis" entre guillemets, parce qu'à ce stade, elle se demande quel genre d'amis, en 2005, présente encore deux personnes sur la seule base commune qu'"elles sont gays". Soit. Maintenant qu'elle a accepté, elle ne peut plus tellement fuir. Ca n'empêche pas l'idée de lui suriner la tête jusqu'à la toute dernière seconde.

« Lee, je te présente Becks. »

Becks, hein ? Jolene hausse un sourcil.


Jolene est affalée sur la balancelle d'un porche. Le sommeil et la gueule de bois se partagent sa carcasse. Aux premiers rayons du soleil qui se lèvent, ses rétines brûlent désagréablement. Il n'y a que la silhouette de son amie découpée dans l'horizon qui lui fait se décoller les paupières.

« J'ai cru que tu t'étais perdue. Ironise-t-elle. »

L'ombre d'un sourire naît. Jolene se redresse et ouvre un bras, l'air d'inviter Rebecca à se poser à son côté. Cette dernière ne tarde pas à rejoindre l'étreinte paresseuse. La chaleur irradie agréablement le corps. Elles restent un moment comme ça.


Tout le film des décisions qui l'ont conduite à ce point précis de sa vie lui parasite la tête, alors qu'elle s'apprête à dire oui. Leur vieille promesse stupide. La rencontre d'avec Logan. L'absence de son sourire. Le sien. La bague dans l'écrin. Debout devant l'autel, le doute consume ses pupilles le temps d'une demi-seconde. Et puis, Jolene le dit. Oui. Ou plutôt, elle se l'entend dire, comme de n'être que l'impuissant témoin d'une décision qu'elle sait déjà mauvaise. Peut-être qu'elle se surprend à observer une chaise vide.


Jolene va pour le congélateur et en sort un verre à pied givré. Elle n'a pas le temps d'ouvrir la bouteille de vermouth qu'une voix l'interpelle.

« -Il est dix heures du matin.
-Il est dix-huit heures quelque part dans le monde. Rétorque-t-elle en signant d'un sourire cynique. »

Elle ne se retourne pas, commence même à se servir un fond qu'elle fait tourbillonner pour tremper le verre. Le geste est chirurgical, gravé dans le moteur au point qu'elle se permet de lever les yeux vers sa femme. Cet air moralisateur... Jolene soupire, envoie le reste de vermouth au fond de l'évier, et déloge son sourire suffisant.

« -Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
-A toi de me le dire, Lee. »

Jolene ne dit rien. Elle n'a rien à dire. Rien à lui dire. Depuis longtemps. Elle troque la bouteille de vermouth pour celle de gin glacée.


Jolene est née dans une famille standard, a eu un parcours standard... Elle a étudié quelque chose par défaut, a rencontré sa copine jeune, s'est mariée, s'est endettée pour acheter une maison pavillonnaire, et a eu des enfants dans la foulée, alors même qu'elle s'était promise de ne pas tomber dans le piège de l'ordinaire. Elle est caractérisée par le regret d'une vie manquée, sans bien savoir ce qui lui manque, si ce n'est Rebecca, son amie partie sans dire un mot. En réalité, Jolene lui en veut sans doute moins d'être partie que d'être partie sans elle.