AccueilAccueil  FAQFAQ  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
le forum est fermé, merci pour tout ♡ on se retrouve sur https://callitmagic.forumactif.com/ — cécile
Le Deal du moment : -40%
Lego 40747 Les Jonquilles à 8,98€ / 40725 ...
Voir le deal
8.98 €

 

 lullaby of birdland | w/enoch

Aller en bas 
- -
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous

lullaby of birdland | w/enoch Empty

tw : langage grossier


-ˏˋ lullaby of birdland ˊˎ-
@enoch madsen & gisèle crewe
- - - - - - - - - - - - - - -


Le vent soufflait trop fort. Gisèle avait froid, mais pas ce froid mordant de la ville, pas celui qui pique la peau comme un blizzard sur une île de pingouins. Non, le froid d'ici était humide, il s'infiltrait partout, glaçant le sang, les muscles et les os. C'était horrible. Même le visage était rongé et ravagé. Elle avait beau tenter de mettre une base de teint et une poudre fixante, le résultat était toujours catastrophique. Bientôt, les habitants l'appelleraient Boso. Le comble, elle détestait les clowns. Leurs nez rouges comme des poivrots, les cheveux dressés partout sauf dans le bon sens, rouge qui plus est, et leur teint blanc cadavre. C'était à se demander à quel moment iels faisaient des spectacles pour enfants. Tellement glauque. Elle en avait tellement marre d'ici. À quelques exceptions près, la vie était d'un ennui plus mortel que la mort. Bon, peut-être qu'elle en faisait trop. Il y avait bien quelques instants, plus court que le fond d'une bouteille de tequila, qui lui était agréable, mais Guernsey, c'était l'île de Lost, le charme tropical en moins. Un enfer qui semblait être très personnel. Par exemple, il n'y avait pas toujours un réseau parfait. Ou en tout cas, pas toujours en accord avec les fuseaux horaires étrangers. Papa ne répondait pas. Pourtant, il apparaissait comme étant à New-York, sur Snapchat et à New-York, à cette heure-ci, c'est une heure où on ne travaillait pas. Mais le répondeur sonnait dans le vide, parfois, il ne sonnait qu'une fois, parfois le réseau bipait, parfois, ça faisait rien. Elle avait beau souffler, secouer, agiter, rien n'y faisait. Réseau faible.
Même en bord de falaise, sous la joute des ventes et fouettée par l'iode marine, bras tendu en l'air, elle ne trouve pas assez de barre pour réclamer une énième fois le minimum vital pour rentrer à Londres. Tous les mois, elle réessayait, mais soit la communication était coupée, soit le compte était fermé. A croire que quelqu'un ne voudrait pas qu'elle ait de l'argent. Elle, Gisèle Crewe, fille de Maxim et Hilona Crewe sans argent. Ridicule. Ca ne pouvait pas durer. Pourtant, ça s'éternisait un peu, son poste au Princess Louise, la cohabitation dans cette maison qui sent l'herbe et le bois toute l'année. Encore un pas, mais pas plus de barre. Elle éructa d'un râle presque cauchemardesque, elle ne savait pas qu'elle pouvait être aussi gutturale. Théâtrale, ok, drama queen, évidemment. Mais gutturale, une nouvelle corde à son arc à ajouter à son CV maintenant qu'elle travaillait. C'était peut-être parce qu'elle ne s'était pas encore faite, malgré des mois ici, au fait que l'île abritait des habitants, mais elle n'avait sûrement pas prévu de rentrer dans quelqu'un.
- Oh, mais sérieusement ?!
Elle râle spontanément alors que, encore trop lentement pour ne pas être une simple malchance, son téléphone glisse entre ses doigts pour tomber. Ce n'est plus de la malchance qui la suit à ce stade, c'est une malédiction.
- C'est quoi votre p*tain de problème ?!
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous

lullaby of birdland | w/enoch Empty


À l’abri des gratte-ciels londoniens, il avait lentement mais sûrement oublié que le vent guernesiais pouvait gifler les visages et les peaux découvertes avec tant de force. En toute honnêteté, ça ne lui avait pas plus manqué que cela. Pas du tout, même. Toute sa vie, il avait cherché à fuir ce bout de terre paumé au beau milieu des vagues indomptées. À la vérité, Dame Nature l’effrayait. Il savait ce dont elle était capable quand elle se déchaînait et qu’elle cédait à ses pulsions les plus basses. L’eau lui avait pris ses parents; le feu, sa femme. Tout ce qui lui restait, à cet homme des villes, c’était la fratrie qu’il avait abandonnée voilà des années. Rien que ça. Parce qu’il n’avait pas de réels amis, ce grand maigrelet aux yeux cernés et fatigués à force d’analyser de vieux bouquins jusque tard dans la nuit. Il n’avait personne. Plus personne. Sauf son frère. Ses deux sœurs. Et cette île maudite, qu’il revoyait pour la première fois en vingt ans. Lui qui aimait les chiffres pairs, le voilà servi. Ô douce ironie.
En cette journée grise, les bourrasques marines brassaient les nuages et pliaient l’échine des quelques arbres, ceux qui avaient survécu à la vie insulaire au fil des ans. L’homme au manteau noir bravait la colère d’Éole dans l’espoir peut-être vain de se changer les idées, et Dieu seul savait qu’il en avait besoin. Ses retrouvailles avec sa fratrie, ce matin même, n’avaient que fait que rouvrir des plaies béantes et suintantes qu’il avait longtemps, dans sa folie, cru guéries. Ils lui en voulaient encore. Ils lui en voulaient tout court. Bien sûr. À quoi s’attendait-il? Il n’était qu’un étranger à leurs yeux et nulle excuse ne saurait les détourner de leur rancœur longuement nourrie par le temps. Du moins, pas en un claquement de doigts. Car le fol abruti continuait d’espérer. Il n’avait plus que cela, en réalité. Une poignée d’espoir qui peut-être finirait emportée par la brise de Guernsey.
Un cri puissant, presqu’animal, attira alors son attention. Il releva la tête vers sa provenance, tous ses sens en alerte. Au bord de la falaise vers laquelle ses pas le menaient, une silhouette s’évertuait à capter le maigre réseau de l’île, à bout de bras. L’homme esquissa un sourire narquois; la pauvre fille n’obtiendrait rien de cette manière, pour avoir grandi dans le coin, il savait que les sms ne s’envoyaient qu’une fois sur deux, et encore. S’approchant d’elle, il s’apprêtait à lui en faire la remarque lorsqu’au même moment elle se retourna et entra en collision avec lui. Aussitôt, la petite sotte déversa toute sa frustration sur lui, simple promeneur qui passait par là. Vulgaire et emportée, elle en laissa même tomber son précieux téléphone. Bien fait pour vous, songea-t-il in petto. « Si seulement vous regardiez où vous allez au lieu de vous énerver comme une petite écervelée, ce ne serait sûrement pas arrivé, » répondit-il du tac au tac. Il la toisa de toute sa hauteur, et plus il la regardait, plus il réalisait que son visage défiguré par la colère lui disait quelque chose. Sur le sien, un sourire plein de mépris émergea. « Ah, mais je crois vous reconnaître. N’avez-vous pas suivi mon cours sur la littérature américaine il n’y a pas si longtemps de ça? » Quel drôle de hasard de la recroiser ici, cette cancre qui avait tenté de tricher lors de l’examen final. Ce devait être pour cette raison que sa tête s’était imprégné dans sa rétine. Il n’oubliait jamais les moins-que-riens.
Revenir en haut Aller en bas
 
lullaby of birdland | w/enoch
Revenir en haut 
- -

 Sujets similaires
-
» océan mer (enoch)
» — départ (enoch)
» enoch madsen — errer par monts et par vaux


 :: — back to the sea
iv. archives
 :: archives :: rp
-
Sauter vers: