(margaret) every canvas is a journey

âge 81 ans. (elle reste jeune dans sa tête, c'est là le plus important) naissance et nationalité 13 janvier à oxford, anglaise. (une ville charmante où elle a aimé passer son enfance) à guernsey depuis une dizaine d'années. (elle est arrivée après le décès de son mari) métier, £££ avocate retraitée et femme-peintre. (elle aime coucher sur ses toiles les beautés de l'île) statut civil, orientation veuve et très heureuse. (elle ne pense pas pouvoir retomber amoureuse à son âge) pronoms elle. faceclaim judi dench. personnage inventé. crédits gif @potluczone (tumblr), quote @edward hopper.

— caractère étrangement elle n'a jamais été aussi heureuse. là, dans son petit cottage perdu au milieu de la lande, avec pour seul horizon les champs, la forêt et au loin la mer, elle regarde le temps passer. la vieille dame aime peindre les matins brumeux, le chaud soleil d'été sur les troupeaux, et les tempétueuses nuits d'automne. la quiétude du lieu lui permet d'oublier son histoire et de mieux profiter des années qu'il lui reste. la nostalgie, le chagrin du veuvage et des enfants éloignés s'échappent un peu plus à chaque ressac. margaret n'a plus le temps de se plaindre de son arthrose et des rhumatismes qui l'empêchent de tenir correctement ses pinceaux. elle veut encore goûter aux scones de la boulangerie du bourg, sentir l'embrun du crépuscule sur son visage, boire son thé au milieu du parfum de ses chères roses, admirer les étoiles avec les enfants de l'île. la femme doit encore accueillir de nombreuses personnes dans sa petite cuisine, préparer milles et un plats pour le bonheur des papilles locales. elle ne peut pas ralentir, parce qu'elle a encore tant de choses à vivre.

tout commença il y a une dizaine d'année.

margaret enterra son mari. la mort était venu le prendre, sans crier gare, et la brutalité de l'événement réfréna son chagrin. lorsqu'elle réalisa, quelques jours après, sa maison cossue près de holland park, la vie mondaine londonienne, les voitures, tout ce mélange devint un effroyable tintamarre. elle ne voulait plus de cette vie tumultueuse, et aspirait à un changement radical. cette femme qui avait vécu à cent à l'heure, courant entre un cabinet d'avocats, ses enfants et le palais de justice, était en quête du calme absolu.

la veuve aurait pu acheter un manoir perdu au fond des highlands avec la vente de sa demeure et des meubles, mais l'idée de pelleter de la neige à cent ans lui fit préférer la discrète guernesey. au large du cotentin, l'île était restée un magnifique souvenir de vacances, y revenir après tant d'années lui rendit une vivacité insoupçonnée. peut-être pourrait elle recevoir ses petits enfants, s'ils venaient un jour de l'autre côté de l'atlantique. après quelques mois à loger dans une chambre d'hôtel du bourg, margaret jeta son dévolu sur un pittoresque cottage perdu au cœur de la lande. l'entrée ouvrait sur une cuisine où la table centrale permettait d'accueillir quatre ou cinq convives. à l'arrière, le salon avait une vue splendide sur la terrasse, les buissons de roses et le paysage. on accédait à l'étage depuis l'escalier en colimaçon de l'entrée. sous les toits, une chambre, une petite salle de bain et une bibliothèque où trônait un bureau de style victorien. cinq pièces, c'était bien suffisant pour ce qu'elle voulait faire des années qu'il lui restait.

son programme était déjà écrit au creux des circonvolution de son cerveau. elle voulait peindre au réveil en buvant son thé, lire le matin en dégustant des scones, manger sur la terrasse en profitant des embruns, peindre sur la plage ou en forêt l'après-midi, et s'endormir le soir en profitant du coucher de soleil depuis son lit.