des v i s a g e s des f i g u r e s

âge vingt-et-un an que ses pieds foulent les pavés de guernesey, à la recherche d'un but, de projets. la vingtaine déjà passée, môme dans un corps de presque-adulte. naissance et nationalité existence enfermée sur l'île qui aura entendu ses première plaintes, guernesey maternelle qui l'a bercée de ses flots, lui a offerte la nationalité anglaise. à guernsey depuis ses premiers cris, ses premiers mots, ses premiers pas, ses premières crises, ses premiers amours, ses premiers toujours, ses premières larmes, son premier coeur brisé, ses premières conneries, ses premières mauvaises décisions, et jusqu'à ses dernières. métier, £££ c'est qu'elle rêvait d'évasion et de grands larges, non pas d'études, non pas d'un grand avenir. c'est qu'elle aurait aimé continuer à ne rien faire, ailleurs. elle aurait aimé partir à la recherche du danger, de l'implosion, de l'explosion, des coeurs gris et des visages meurtris, un enfer loin de ce petit bout de paradis. parce qu'elle se dit ne savoir que détruire. et pourtant. elle continue à ne rien faire ici. ou plutôt, elle a dû trouver quoi faire pour aider nanie. alors elle vous sert vos petits pains le matin, et elle passe le balais dans la chambre des touristes du princess louise. à ne vouloir être au service de rien, rudy se donne au service de tous. statut civil, orientation en constante recherche du vibrant, loin des relations gnangnan qui lui donnent des hauts-le-coeur. elle aime dans les cris et dans les larmes, dans les assiettes qui volent et dans les regards noirs. mais elle les aime tous. qu'ils aient des rides ou la jeunesse entre les mains, qu'elles soient brunes, blondes, rousses, châtains clairs ou blond foncé. qu'iels soient d'ici, ou d'ailleurs. mais elle n'aime personne. parce que tout est trop doux, ici, pour elle. et parce qu'elle crache sur les sentiments dès qu'ils viennent poindre dans le palpitant qui s'affole. pronoms elle. faceclaim hannah kleit. personnage inventé, pré-lien d'@isaac dumpsey. crédits pinterest, noir désir.

— caractère irascibilité d'un soir d'été prêt à craquer d'un coup de tonnerre qui fend l'air, terrasse les coeurs et fait pleurer les enfants dans leur lit. rudy les griffes de la nuit, pseudo-caïd au grand coeur bien caché sous sa couche de maladresse. parce qu'elle ne sait pas comment ça fonctionne, les gens, le monde, le bonheur. codes qu'elle ne semble pas avoir : rudy c'est maintenant, c'est tout de suite. pas de promesse avec rudy, pas de plus tard avec rudy. elle aimerait l'univers entre ses mains, entre ses doigts, qu'elle puisse le manipuler à son aise, l'éplucher, le déplier, le défaire de son écorce. pour comprendre. rudy c'est la colère de ne savoir que lire au fond de leurs yeux. de la déception, du désarroi, de l'exaspération. mais rudy, c'est aussi les nuits de folie. la liberté qui lui ronge les tripes. rudy c'est une main tendue, puis deux, puis trois. parce que rudy ne compte pas. elle donne, elle donne, sans jamais chercher à recevoir. sans attendre les remerciements. rudy crache sur la politesse. elle veut du sincère, elle veut du vrai, celui qui fait mal, celui qui éclate.

(( brute, irascible, généreuse, impulsive, franche, revancharde, libre, secrète, sarcastique, cynique, entière, insouciante, dévouée, manipulatrice, intègre ))

tu voudrais pas sourire un peu rudy? et nanie souffle un énième soupir. et rudy lève un énième sourcil. pourquoi sourire? le monde ne mérite pas son rire. rudy ne sait pas, elle n'a pas compris le mécanisme. ses lèvres parfois s'étirent en sarcasme, en ironie. mais guernesey ne garde qu'un lointain souvenir de son rire cristallin qui irritait les passants, quand elle était môme. rudy, c'est quand qu't'arrêtes de tirer la gueule? t'impressionnes personne. elle a le regard qui roule, désespoir collé au visage. si elle voulait impressionner, rudy, elle ne serait pas ici, à torcher le cul de nanie et à se dédoubler pour vendre des p'tits pains et passer le balais. si elle voulait impressionner, elle serait à l'autre bout du monde, en amérique, à faire des trucs un peu débiles mais qui vanteraient son courage. c'est ce qu'elle croit. tu devrais te laisser pousser les cheveux rudy, avec un si beau visage... ça ferait plus féminin. soupir d'exaspération. rudy elle n'a pas besoin de cheveux longs pour faire tourner des têtes. pas besoin d'être plus féminine. plus comme ci, ou plus comme ça. rudy elle veut simplement fumer ses clopes, face à la mer, et envier la fumée qui se disperse, l o i n. rudy elle aimerait se cramer comme ses cigarettes, user sa vie jusqu'à la dernière taffe, ne pas avoir le temps de se retourner avant qu'on ne l'écrase, l'étouffant, l'éteignant jusqu'à la dernière braise. rudy, elle aimerait briller sur scène, mais rudy elle ne chante que pour sa douche. et lance des regards désapprobateurs à ceux qui ont plus de couilles qu'elle, pour s'afficher devant tout guernesey.