à bout de souffle

âge comme un malentendu entre l'âme et le corps, vingt-et-un ans seulement et déjà les maux de grand-maman. naissance et nationalité née de l'autre côté de la mer du nord un vingt-six septembre, elle est anglaise comme papa et maman. pourtant dans son cœur c'est ici sa maison, celle des ancêtres de maman. à guernsey depuis quelques années déjà qu'avec grand-maman elle a prit la route "tu verras ma chérie, ça nous fera du bien à moi, tes poumons puis les miens". quelques années déjà que grand-maman est revenue mourir ici, chez elle. métier, £ couturière indépendante, c'est les voltigeuses, les circassiens et les danseuses qu'elle voudrait habiller mais puisque les commandes ne se bousculent pas, elle fait ce qu'on lui demande. coud souvent des robes de fées et de princesses pour enfants. statut civil, orientation cœur fragile, cœur novice que jamais aucune âme ne s'est accaparé. blanche elle aime les filles, les garçons, tous les êtres sans distinctions mais pourtant blanche n'a jamais vraiment Aimer. pronoms she/her. faceclaim arvida bystrom. personnage inventé. crédits izle v // betsie gold.

— caractère blanche c'était une de ces gamines tranquilles, un de ces enfants qu'on pourrait presque oublier de ramenez chez soi tant ils se font calmes. enfant unique surprotégée par des parents inquiets, elle se devait d'être tranquille. du moins c'est toujours comme ça qu'elle a vu les choses blanche. ne cours pas, ne crie pas, souris. elle est patiente et douce. santé fragile, os fragiles, problèmes de concentration, fatigue, papa et maman ont toujours trouvé beaucoup d'excuses pour ne pas inscrire blanche à l'école; sans compagnons de jeu, avec le petit appartement familial pour principal terrain de découverte, de toutes les facultés, c'est son imagination qui a le plus été sollicitée. depuis gamine elle est créative, pas très scolaire et distraite, conserve d'ailleurs ses airs d'enfant, une certaine naïveté aussi. blanche c'est une gamine malade qui n'a jamais vraiment eu l'opportunité de grandir entre les murs gris de l'appartement de papa et maman mais, blanche elle apprend à se découvrir. blanche prend des couleurs, se révèle depuis guernesey. blanche elle est ambitieuse, enjouée. blanche elle est passionnée et têtue. oui, depuis guernesey blanche elle est optimiste, obstinée par une idée : celle de vivre, de se découvrir enfin.

blanche, prénom plein d'ironie. un goût amer dans la bouche lorsqu'elle se présentait avant (ça la fait rire maintenant). si maman avait su… si maman avait pu prédire la pâleur de sa peau, la faiblesse de ses membres et ces énormes tâches bleutés sous ses yeux. si j'avais su mon cœur, je t'aurais donné un prénom de fleur, de la plus colorée de toute même. blanche, prénom plein d'ironie pour une gamine anémique. depuis petite, elle a toujours dû faire avec blanche. avec ce cœur tachycardant, ces bourdonnements et avec ces maux de tête incessants. papa dit que c'est la faute aux ondes, aux vaccins et au gouvernement. papa cherche des réponses à cette "malédiction" qui n'en a pas. dans le fond, tout le monde sait que s'il fait ça papa, c'est par ce qu’il a peur. autour de blanche, tout le monde a peur. (elle aussi avait peur, avant). tout le monde sauf grand-maman, cette vieille femme qui parlait trop, trop fort, disait (presque) toujours ce qu’elle pensait. grand-maman elle a toujours beaucoup compté pour blanche, lorsque papa et maman travaillaient, elles restaient souvent seules dans le petit appartement et ça leur convenait plutôt. grand-maman c’était la meilleure amie de blanche, avant. elle lui racontait son passé, sa vie à guernesey, ses aventures là-bas. toutes ces aventures que blanche, enfermée ici ne connaîtrait jamais, tous ces beaux paysages qu’elle aimait tant grand-maman, mais qu’elle ne verrait plus jamais. c’est ce qu’elles croyaient.
pendant dix-neuf ans, grand-maman et blanche ont (sur)vécus ainsi, dans l’appartement aux murs décrépis. elles ne s’en plaignaient jamais non, toujours un sourire aux lèvres, toujours un ouvrage dans les mains, deux compagnes discrètes, tranquilles et résignées. mais un jour, oui, un jour de mai grand-maman s’est levée, est montée à l’étage et a attrapé deux valises. prépare toi blanche, fait tes bagages, fait tes adieux : on rentre à la maison toutes les deux. paroles à demi folles d’une femme qui l’était probablement aussi, blanche s’est pourtant exécutée. elles sont parties dans la journée en laissant un simple mot sur la table. c’est grand-maman qui l’a rédigé :


papa et maman n’avaient pas chercher à les retenir, c’était il y a presque deux ans déjà.
depuis, grand-maman est morte. enterrée avec bon-papa, à guernesey comme elle le souhaitait. même si maman et papa ont insisté pour qu’elle rentre, blanche a préféré rester dans la vieille caravane sur l’île chérie. elle leur a dit laissez moi vivre merdre et depuis, elle vit blanche. elle vit comme grand-maman lui a appris dans ses histoires. et même si maman et papa ont peur, même si parfois blanche ne parvient pas à quitter son lit pendant plusieurs jours, même si blanche souffre toujours ils savent tous les trois que c’est à guernesey que blanche doit être.