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| T’as cherché mille excuses, au moins, pour ne pas sortir. Des devoirs à faire – impossible, tu es trop studieuse-. Une mère malade -c’est pas ça qui t’arrêterait- et même une attaque de grizzly -surement le plus plausible-. Tu as fini pas tout simplement lui dire que tu ne voulais pas venir. Sorry lindell, not in the mood. Simple, efficace. T’es pas une menteuse, Lily. Tu préfères cette bonne vieille vérité, moche et douloureuse. Mais tu connais Thelma depuis dix ans maintenant, et c’est pas un vieux message qui va la faire changer d’avis, plus encore si elle a une idée en tête. Tu le sais, et tu sais qu’elle le sait, aussi. Alors même si tu aurais préféré mille fois rester dans le fond de ton lit avec l’affreux chat de la famille -que tu fais mine de détester mais que tu adores cajoler, dans le fond- et un vieux bouquin des sœurs brontë. Mais malgré tout, tu te redresses, te plantes devant ton armoire et lèves les yeux au ciel. T’as trop de fringue, et sans doute pas assez. Tu ne sais pas quoi mettre, et ça te saoule. Ton choix s’arrête finalement sur une jupe à carreaux – ta signature- et un tee-shirt à manche courte. Comme il fait froid, en ce moment, tu attrapes également de longues chaussettes noires et un tee-shirt à manches longues. Le temps que tu te maquilles et te coiffes, la sonnette de la porte d’entrée retentie. C’est samedi, et personne n’est à la maison, malgré tout, tu ne te presses pas vraiment, tu sais que ta meilleure amie va soit entrée telle une fusée dans les secondes qui suivent et se mettre à parler comme un moulin à parole, soit attendre en sonnant dix fois. Dans les deux cas, tu risques d’être agacé, alors autant terminé la queue de ton eyeliner. Tu finis par te lever, quitter ta coiffeuse pour attraper ta veste et tes chaussures à plateforme. Tu soupires, lance un regard douloureux à ton lit aux draps si confortable et au chat qui ronronne. Ce connard te nargue très clairement. Quelle idée de se lever à huit heures un samedi matin, putain. Tu soupires, pour la énième fois et descends les escaliers quatre à quatre. La sonnette n’a pas arrêté de retentir et ça te fait sourire, dans le fond. En ouvrant la porte, tu te rends compte que celle-ci est fermée, ce qui explique pourquoi le visage de Thelma ne t’ait pas encore apparue. Tu déverrouilles la porte et te retrouves face à elle, ton parfait opposé, si douce, si gracile. Lorsque vous étiez gamine, les gens pensaient que tu lui faisais du chantage, pour qu’elle reste près de toi. A vrai dire, tu ne voulais pas vraiment d’elle mais elle ne cessait de te suivre partout, et finalement, tu t’es habituée à sa présence, et aujourd’hui, tu ne te sens pas vraiment entière sans Thelma a tes côtés. « I hope you have a very good reason to get me out of bed at this hour, Ema. » c’est pas comme si tu dormais en même temps, mais tu aimes te plaindre, pour la forme. |
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