le cri des loups. (silas)

âge trente six hivers passées, dont un sans elles. la douleur encore présente dans ses entrailles quand il pense à ses beaux yeux bleus. naissance et nationalité vingt trois mai, dans un hôpital de new york. pur produit américain. à guernsey depuis quelques mois seulement, fuite obligée pour échapper à ses souvenirs, à ses démons. métier, £££ avocat de formation, il se retrouve à être homme à tout faire pour sa logeuse et les voisins. sans réel métier, il vit pour l’instant grâce à sa vie d’avant. statut civil, orientation veuf, hétérosexuelle. pronoms il/lui. faceclaim robert pattinson. personnage pré-lien. crédits gif, therapie taxi.

— caractère borné, impulsif, sensible, fragile, insolent, cassé.

il s’en souvient encore, comme si c’était hier. il se souvient de ses joues douloureuses, à force de sourire, il se souvient de la chanson alors qu’elle s’avançait dans l’allée, du léger hochement de tête de son beau père alors qu’elle s’arrêtait devant lui. il se souvient lui avoir dit qu’elle était magnifique, alors que l’officiant prenait la parole.
il pourrait encore réciter ses vœux, il les avait mémoriser par cœur, sans vraiment le vouloir, à force de les répéter, de les lire, pour ne pas bafouiller le moment venu. s’il pouvait revenir en arrière, il le ferait. revenir à ces temps bénis où tout ce dont il avait à se soucier, était la couleur des serviettes en tissus, où tout ce qu’il avait faire, c’était la rendre heureuse.

ce dont il ne se souvient plus, c’est de l’impact.

il y a eu le rire de sa fille, à l’arrière, puis le trou noir. une sensation de tomber peut-être, le souffle coupé, l’obscurité.  
il s’est réveillé deux jours plus tard, sa mère à côté. il s’est réveillé sans vraiment comprendre, comme on se réveille d’une grosse sieste, un peu sonné, la bouche pâteuse, peinant à se remémorer les derniers évènements. il n’a pas su, tout seul. sa mère, d’abord, les larmes aux yeux, le regard désolé. le médecin, ensuite, qui lui a expliqué.
silas, il a voulu se rendormir, il a voulu se réveiller de ce cauchemar.
il n’a pas parlé. de sa sortie de l’hôpital, pendant la préparation de l’enterrement, lorsque que les cercueils ont été enterrés. muré dans un silence, le visage en larmes. aucun mot ne voulait sortir de sa bouche, trop choqué pour réagir. il se sentait fautif, pourquoi moi, pourquoi pas elles ? le médecin lui avait dit qu’il avait eu de la chance. il l’a maudit, cette chance.

l’appartement trop vide. le lit froid, les draps à peine froissés. elles sont partout. leurs sourires dans les cadres accrochés, le mug qu’elle utilisait toujours pour son café, sa peluche abandonnée dans un coin du canapé, les fleurs fanées, qu’il avait acheté. à chaque pas, un nouveau coup, un nouveau souvenir qui le faisait trembler. il voulait oublier, la douleur, la culpabilité, il voulait se sentir léger.
la solution facile, l’alcool. miraculeux. avec l’ivresse s’en allait toutes ses peines, le sommeil venait. et il aurait pu continuer comme ça longtemps, bon menteur qu’il était, habitué à jouer jusqu’à se brûler.
mais y’a des signes qui trompent pas. le regard hagard, les tics crées par la sensation de manque, l’accumulation de retard dans son travail, le manque de vie sociale.
incapable de se remettre de lui même, c’est sa mère qui a décidé qu’il avait besoin de se reprendre en main. soudainement redevenu gamin incapable de marcher sans elle. c’est à ce moment la qu’il a eu un déclic, qu’il a eu l’envie de partir, qu’il a ressenti le besoin de fuir. se reconstruire ailleurs, laissé ses fantômes derrière lui. il fallait que ça soit loin, que ça soit dépaysant.

alors un matin, il a débarqué à guernsey, une valise avec le strict minimum à la main.