raz-de-marée (charlie)

âge Vingt-quatre années, déjà que tu foules cette terre, ou plutôt, cette mer. Vingt-quatre années et pourtant, tu crois bien que ça en fait bien huit que tu ne fais plus que survivre. naissance et nationalité Toi t'es d'ici, tu es né ici, un vrai de vrai comme diraient les anciens. Anglais. C'est un beau matin d'été que t'as vu le jour, le 4 juin. à guernsey depuis Toujours et tu crois bien que tu y seras pour toujours. métier, £££ Pêcheur, tu as repris le flambeau paternel à ta majorité. Bateau que ton père t'a offert, tu y as fait ton lieu de vie comme ton lieu de travail. Modeste. statut civil, orientation Célibataire, cela fait bien trop longtemps que personne n'a partagé ta couche. Tu étais trop jeune, quand un morceau de toi s'est brisé. Trop jeune pour te relever, pour accepter, qu'on te touche à nouveau. Des années. Homosexuel. pronoms Il. faceclaim Tom Holland. personnage Pré-lien de @sully leonartt. crédits Je sais pas trop, j'ai pris sur pinterest.

— caractère Combatif, têtu, brisé, calme, coléreux, intuitif, aimant, brave, tolérant, doux, sensible, reclus, désordonné, secret, complexé...

Pêcheur de père en fils, tu as fait la seule chose que tu pensais savoir faire, majeur, un bateau et la pêche. Six ans maintenant que tu vogues sur la mer et l’océan à la recherche du maigre butin qui pourra te faire manger et vivre. Oui, six ans. Et pourtant. Pourtant, tu aurais pu ne pas le faire. Ne pas oser, remonter sur un bateau. Mais, c’est toute ta vie, au point d’y vivre totalement, sur ton bateau. Brisé par un accident adolescent, tu y as perdu ton père, engloutit par l’océan en colère. Tu y as, tu crois bien, perdu aussi ta mère. Vous vous parlez quasiment plus. Mais, tu y as perdu aussi un morceau de toi, de ton corps, de ton âme. Amputé de la jambe gauche à partir du genoux, tu vis depuis avec une prothèse. Tu vis ? Vraiment ? Les murmures glissent sur ta silhouette lorsque tu mets pied à terre. Le pauvre garçon, oh oui, les Walker. Et c’est pour ça, Charlie, que tu ne mets presque plus pied à terre. Pour ça que tu vis, survis, reclus dans ton bateau. Parce que c’est plus facile. Parce que ça fait moins mal (vraiment ?). Parce qu’il n’y pas les regards des autres. Tous ces regards, désolés, tristes ou bien même avec cette pitié que tu ne veux pas. Charlie, tu es un battant. Tu as toujours cet espoir. Oui, cet espoir. Qu’un jour le sourire revienne là, sur le bord de tes lèvres.

— Fixer le trop loin. Fixer le soleil qui doucement, vient se noyer dans l’océan. Vision aussi magique qu’éphémère. Comme la vie. Tu laisses l’océan glisser sous le bateau amarré. Laisse l’océan donner un léger roulis à ton embarcation. Enfant, tu avais le mal de mer. Il est bien loin, ce temps-là. Oui, tout et bien loin. Trop. Peut-être. Souvenirs qui s’effacent, comme le soleil qui s’éteint. Fermer un instant les yeux. Te demander, pourquoi, parfois, tu as l’impression d’être bien plus vieux que tu ne l’es ? Peut-être à cause de ça. De tout ça. T’en sais trop rien. Rouvrir le regard. Fixer à nouveau le trop loin et cesser, Charlie, de penser. Parce que parfois ça tourne de trop dans ta tête. Parce que parfois, c’est trop à porter sur tes épaules. Et que c’est plus facile d’arrêter de penser. D’arrêter de voir les regards sur toi. Sur cet enfant que tu n’es plus, et que pourtant tout le monde voient encore. Oh oui. Tu le sais. Et c’est peut-être pour ça, que tu restes là. Dans ton bateau. Pour ça que tu n’oses plus vraiment mettre pied à terre. Et pourtant. Pourtant.

Raz-de-marée.

Sentir l’eau rentrer dans ta gorge. Essayer de crier sans y arriver. Sentir l’eau entrer dans ta gorge et suffoquer violemment alors que les vagues rugissent au point de rendre sourd. Crier, mais ne faire que des bulles. La panique, si forte, qu’on n’ose pas croire qu’elle existe. Et pourtant… Pourtant, le bateau tangue, le bateau se renverse. « CHARLIE ! » Un cri à peine entendu tant l’océan se déchaîne, tant il rugit. Vouloir crier. Mais, sentir l’eau rentrer dans ta gorge. Et la douleur. La douleur dont tu ne sais pas d’où elle provient. La douleur qui paralyse, comme la terreur. Vouloir crier aussi. Vouloir l’appeler aussi. Papa. Papa. Mais l’océan rugit. Engloutit. Le bateau qui disparaît dans le trop noir de ses bas-fonds.

Raz-de-marée.

Tu ne sais plus. Non, Charlie. Depuis quand la douleur est là. Depuis quand elle n’est plus jamais partie. En fait, si. Si, tu sais. Depuis ce jour. Depuis cet instant où l’heure a comme cessé de tourner. Depuis cet instant qui ne t'as laissé que des marques sur le corps et l’âme. Depuis cet instant, oui, elle est là. Comme la blessure. Qui ne guérira jamais. Ils ne te l’ont pas dit tout de suite. Quand tu as ouvert les yeux. Non. On t’avait retrouvé échoué sur la plage. Ensanglanté. Le bateau disparut depuis des jours. Des jours. Un miracle que tu sois encore en vie. Un désastre plutôt. Parce qu’ils n’ont rien retrouvé que des morceaux de coques brisées. Parce que papa, s’est égaré dans le trop loin de l’océan. Pour toujours. Oui, ils n’ont pas eu le courage de te le dire tout de suite. C’est maman, qui l’a dit. Maman et ses larmes trop lourdes, et sa tristesse trop noire.

Raz-de-marée.

Les cris, les pleurs. Les douleurs. Tu sais qu’elle ne veut pas. Que tu y ailles. Tu lui hurles que si. Alors que ta démarche boiteuse te fait grimper sur le bateau que ton père t’avais donné. Tu sais, qu’elle a peur que tu te perdes à ton tour. Mais, tu ne sais faire que ça. Mais, tu as besoin de ça. Comme pour être proche de lui. Comme pour surprendre sa silhouette dans les reflets de l’eau. Tu veux faire ça. Tu veux et tu le feras. Et elle a plus ou moins cessé de te parler. Parce qu’il était peut-être plus facile de perdre un fils encore vivant, se détacher pour ne plus souffrir ? Mais, se rend-elle compte, que tu souffriras, toi, toute ta vie ?

Raz-de-marée.

Le corps tombe lourdement sur la couchette. Le gémissement impossible à retenir. Tu glisses une de tes mains sur ta jambe gauche. Trop lourde, trop douloureuse. Tu y glisses quelques gestes précis. Et aussi lourde que douloureuse, la prothèse tombe en un bruit mat sur le sol du bateau. Alors que papa y a laissé tout son corps. Toi, tu y as laissé un morceau. Douleur depuis trop longtemps présente. Charlie, tu t’es enfermé dans ta petite vie. Ne plus souffrir, ne plus vraiment vivre ? Peut-être. Et pourtant, sourire encore, en voyant le couché du soleil. Et pourtant, laisser tes yeux s’égarer sur cette nouvelle silhouette que tu ne connais pas. Cette silhouette que tu espères croiser, parfois. Alors que ça fait des années, des années que de tels sentiments n’ont pas enflés en toi. Des sentiments qui te poussent à poser pieds à terre bien plus souvent qu’habituellement. Sous les regards des autres. Sous les murmures de ton histoire.

Raz-de-marée.