Sujet: fright of their lives (golden triad) | Lun 18 Jan - 1:24
31 octobre au soir, halloween à toutes les portes. et comme chaque année, un air de malice s'installe à st peter's port. les rues sont animées d'une atmosphère toute particulière, étrange transition entre les derniers jours de l'été indien et l'installation du climat morne de l'automne. et en cette veille de toussaint, la tempête pourtant annoncée par toutes les chaînes d'info locales semble loin, bien loin de guernesey. d'ailleurs, les habitants n'ont pas l'air de beaucoup s'en affoler. presque comme si les humeurs de la nature étaient devenus une habitude ici. à vrai dire, on pourrait presque oublier que l'île est en alerte de niveau 3, si ce n'était pas pour le sifflement du vent s'agitant contre les fenêtres des maisons. pourtant, quand on tend l'oreille, les sonorités aiguës des bourrasques ressemblent presque à des murmures. et thelma, aussi rationaliste que convaincue par tous les émissions paranormales que propose la page d'accueil youtube, y voit comme un signe. comme la manifestation des fantômes supposés revenir à la vie en ce soir de samain. parce que même même si elle n'est pas du genre à s'enthousiasmer pour les traditions, qu'elle bassine tout le monde à répéter que ce ne sont que des "fêtes commerciales débiles faites pour pigeonner les imbéciles", elle aime l'idée qu'il existe une journée par an où faire de mauvaises coups est socialement acceptable. non-pas qu'elle se retienne d'habitude, mais les répercussions cassent souvent un peu l'ambiance. alors, chaque année depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvienne, les jumeaux et elle se réunissent, préparent un plan démoniaque pour faire criser leurs parents, avant de finir leur soirée de crime devant le film le plus gore et le plus traumatisant possible -- métrage généralement choisi par thelma, qui le trouve toujours "fascinant" et "subversif" alors que beau est à deux doigts du malaise vagal et qu'atlas fait seulement semblant de ne pas être aussi terrifié que son frère. la première année, ils avaient courus tout affolés dans la maison des sixtines, les mains couvertes de ketchup et hurlant qu'atlas s'était ouvert le bras. si mrs six n'avait pas apprécié la blague, l'innocence de l'exécution l'avait faite sourire. mais au fil des années, l'humour était devenu plus sadique, les mises en scènes plus élaborées, et le sourire s'était transformé en un rictus irrité. d'une certaine façon leurs parents redoutaient cette soirée, conscients que cette petite tradition n'était pas prête de s'arrêter, sans pour autant être suffisamment attentifs pour ne pas se faire avoir à chaque année ("les vieux, toujours trop absorbés par des trucs complètement futiles pour voir ce qui leur pend au nez"). alors aujourd'hui, thelma qui - à la maison - a l'habitude de s'aimer indifférente, est survoltée. elle peut pas s'empêcher penser au plan qu'ils ont préparé, de regarder à la fenêtre pour guetter leur arrivée. si ça avait été à elle de venir chez eux, vous pouvez être sûrs qu'elle se serait déjà invitée dans leur salon depuis plusieurs heures, l'inconvenance exacerbée par l'impatience de se faire des souvenirs qu'ils n'oublieraient jamais. mais cette année, le pouvoir du pile ou face a tranché ; c'est chez elle que se passe leur 'night of mischief'. alors même si attendre, ça la fait chier, elle n'a pas d'autre choix. puis d'un côté, ça l'arrange. déjà, parce qu'halloween chez les lindell-byers signifie nouvelle occasion de "casser les couilles" à mad (et ça, elle ne s'en laisse jamais). mais aussi parce que cette fois-ci, les choses sont un peu différentes. cette année, beau a déménagé. a abandonné st peter et la maison d'à côté pour un appart à king's mill avec son père. et thelma, elle a du mal à s'y habituer. enfin, plus que ça, elle est incapable de l'accepter. déjà que le changement, c'est pas son truc, alors perdre une des seules personnes qui comptent vraiment dans sa vie, c'est un peu comme si le monde s'effondrait. et peut-être que c'est excessif, qu'elle dramatise trop la situation, et qu'elle voit quand même beau sept heures par jours au lycée, mais il n'empêche qu'elle lui en veut toujours de l'avoir abandonnée. thelma, elle veut pas l'admettre parce que ça irait contre toutes les victoires du féminisme de ces cinquante dernières années, mais elle est possessive avec les garçons. elle refuse que quelqu'un d'autre veuille s'en approcher. que quelqu'un puisse la remplacer. alors elle fait toujours en sorte que les moments qu'ils passent ensemble soient inoubliables. toujours plus intenses, toujours plus grandioses. quitte à en faire trop. et quand elle entend des crissements des pneus de vélo dans la cours de devant, elle se précipite sur le palier, claque la porte de mad pour lui signaler leur arrivée, et gueule à travers sa fenêtre : – hurry up fuckers, you're late to the most important night of the year !
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31 octobre au soir, halloween à toutes les portes. et comme chaque année, un air de malice s'installe à st peter's port. les rues sont animées d'une atmosphère toute particulière, étrange transition entre les derniers jours de l'été indien et l'installation du climat morne de l'automne. et en cette veille de toussaint, la tempête pourtant annoncée par toutes les chaînes d'info locales semble loin, bien loin de guernesey. d'ailleurs, les habitants n'ont pas l'air de beaucoup s'en affoler. presque comme si les humeurs de la nature étaient devenus une habitude ici. à vrai dire, on pourrait presque oublier que l'île est en alerte de niveau 3, si ce n'était pas pour le sifflement du vent s'agitant contre les fenêtres des maisons. pourtant, quand on tend l'oreille, les sonorités aiguës des bourrasques ressemblent presque à des murmures. et thelma, aussi rationaliste que convaincue par tous les émissions paranormales que propose la page d'accueil youtube, y voit comme un signe. comme la manifestation des fantômes supposés revenir à la vie en ce soir de samain. parce que même même si elle n'est pas du genre à s'enthousiasmer pour les traditions, qu'elle bassine tout le monde à répéter que ce ne sont que des "fêtes commerciales débiles faites pour pigeonner les imbéciles", elle aime l'idée qu'il existe une journée par an où faire de mauvaises coups est socialement acceptable. non-pas qu'elle se retienne d'habitude, mais les répercussions cassent souvent un peu l'ambiance. alors, chaque année depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvienne, les jumeaux et elle se réunissent, préparent un plan démoniaque pour faire criser leurs parents, avant de finir leur soirée de crime devant le film le plus gore et le plus traumatisant possible -- métrage généralement choisi par thelma, qui le trouve toujours "fascinant" et "subversif" alors que beau est à deux doigts du malaise vagal et qu'atlas fait seulement semblant de ne pas être aussi terrifié que son frère. la première année, ils avaient courus tout affolés dans la maison des sixtines, les mains couvertes de ketchup et hurlant qu'atlas s'était ouvert le bras. si mrs six n'avait pas apprécié la blague, l'innocence de l'exécution l'avait faite sourire. mais au fil des années, l'humour était devenu plus sadique, les mises en scènes plus élaborées, et le sourire s'était transformé en un rictus irrité. d'une certaine façon leurs parents redoutaient cette soirée, conscients que cette petite tradition n'était pas prête de s'arrêter, sans pour autant être suffisamment attentifs pour ne pas se faire avoir à chaque année ("les vieux, toujours trop absorbés par des trucs complètement futiles pour voir ce qui leur pend au nez"). alors aujourd'hui, thelma qui - à la maison - a l'habitude de s'aimer indifférente, est survoltée. elle peut pas s'empêcher penser au plan qu'ils ont préparé, de regarder à la fenêtre pour guetter leur arrivée. si ça avait été à elle de venir chez eux, vous pouvez être sûrs qu'elle se serait déjà invitée dans leur salon depuis plusieurs heures, l'inconvenance exacerbée par l'impatience de se faire des souvenirs qu'ils n'oublieraient jamais. mais cette année, le pouvoir du pile ou face a tranché ; c'est chez elle que se passe leur 'night of mischief'. alors même si attendre, ça la fait chier, elle n'a pas d'autre choix. puis d'un côté, ça l'arrange. déjà, parce qu'halloween chez les lindell-byers signifie nouvelle occasion de "casser les couilles" à mad (et ça, elle ne s'en laisse jamais). mais aussi parce que cette fois-ci, les choses sont un peu différentes. cette année, beau a déménagé. a abandonné st peter et la maison d'à côté pour un appart à king's mill avec son père. et thelma, elle a du mal à s'y habituer. enfin, plus que ça, elle est incapable de l'accepter. déjà que le changement, c'est pas son truc, alors perdre une des seules personnes qui comptent vraiment dans sa vie, c'est un peu comme si le monde s'effondrait. et peut-être que c'est excessif, qu'elle dramatise trop la situation, et qu'elle voit quand même beau sept heures par jours au lycée, mais il n'empêche qu'elle lui en veut toujours de l'avoir abandonnée. thelma, elle veut pas l'admettre parce que ça irait contre toutes les victoires du féminisme de ces cinquante dernières années, mais elle est possessive avec les garçons. elle refuse que quelqu'un d'autre veuille s'en approcher. que quelqu'un puisse la remplacer. alors elle fait toujours en sorte que les moments qu'ils passent ensemble soient inoubliables. toujours plus intenses, toujours plus grandioses. quitte à en faire trop. et quand elle entend des crissements des pneus de vélo dans la cours de devant, elle se précipite sur le palier, claque la porte de mad pour lui signaler leur arrivée, et gueule à travers sa fenêtre : – hurry up fuckers, you're late to the most important night of the year ! 