stay a little longer (norma)

stay a little longer
@norma o'brien

l'aube perce à peine quand ton réveil sonne, coïncidant avec le bruit d'une clé dans la serrure. tu t'étires, sourire aux lèvres face à l'ironie de la situation. elle rentre juste de dieu sait où, tu sors des bras de morphée. tu quittes ton lit, elle vient le retrouver. tu t'extirpes des draps et t'enfiles ta tenue de la journée, pas assez motivé pour mettre des chaussettes, choisissant de te diriger pieds nus vers la cuisine. et y a norma, la chevelure brune qui flotte autour de son visage pâle, fatigué, maculé des traces de sa soirée. norma et ses yeux bleus, norma et son sourire énigme qui illumine ton début de journée. regard doux dans sa direction, cheveux ébouriffés, "tu veux un café?" deux tasses et les effluves chaudes et corsées qui vous effleurent les narines. journée bien commencée, ou pour certains bien terminée. mais y a une faveur qui reste suspendue en l'air, attendant d'être demandée. tu mets tes chaussettes, laces tes chaussures, et la question sort, comme une évidence: "tu m'accompagnes? ou tu préfères aller dormir?" le bleu qui se plisse au coin des yeux, sourire soleil.

Le jour se lève à peine quand le froid vient saisir les joues de la jeune femme. La tête encore dans sa nuit de danse alcoolisée, Norma O’Brien arpente les rues de St Peter d’une démarche lente, bravant le froid qui s’échappe doucement de ses lèvres. Le froid s’engouffre dans ses jambes, traversant son collant qui a eu un accroc, elle ne sait pas vraiment comment d’ailleurs, elle ne s’en souvient plus. Sa dernière cigarette s’écrase sur le sol en même temps que les derniers souvenirs d’une nuit encore célébrée dans l’excès, car elle ne sait faire que cela. Silencieuse le jour, c’est la nuit qu’elle se révèle, laissant son corps parler pour elle.
En arrivant devant la porte, elle prend mille précautions afin de ne pas faire de bruit, ne souhaitant pas réveiller son compagnon d’infortune qui vit avec elle. Jesse et Norma, on les appelait Dupond et Dupont lorsqu’ils étaient enfants. Toujours ensemble, ils se sont rencontrés car leurs parents étaient presque voisins. Par la force des choses, ces deux âmes solitaires se sont croisées pour ne jamais se séparer. Il n’y a jamais rien eu entre eux, si ce n’est une amitié que beaucoup ont de mal à comprendre. Alors, naturellement, dès qu’ils en ont eu l’occasion, ils ont décidé d’habiter ensemble, bonne excuse pour refuser à un amant trop engageant le franchissement du seuil de son intimité. Vous savez ce que l’ont dit, l’habitation d’une personne en dit long sur sa personnalité. Et elle n’est pas franchement adepte de tout ça la jeune femme. Elle ne supporte pas l’idée que l’on puisse lire en elle comme dans un livre ouvert. Chaque jour, elle écrit donc une nouvelle page, façade rugueuse d’une vie abîmée.
Mais il sort de son sommeil, quelques instants après son arrivée, lui proposant un café qu’elle ne peut refuser. Dans un sourire au bord de l’endormissement, elle le remercie, entourant la tasse chaude de ses doigts frêles. Le liquide noir réchauffe sa gorge et réveille ses sens. Et comme souvent, il lui sourit, lui proposant de l’accompagner. Elle ne sait pas lui dire non. Et puis après tout, elle est du soir, elle aura tout le temps de dormir par la suite. Elle proteste tout de même, par principe puis avale rapidement son café. « Ah Jesse, aie pitié de moi ! » Mais elle se lève déjà de sa chaise, enfilant sa vieille paire de doc ainsi que manteau et écharpe. « J’ai toute la journée pour dormir. » Léger sourire, cigarette roulée entre les lèvres, elle ouvre la porte, prête à affronter de nouveau le froid hivernal de l’île qu’elle aime tant. «T’aurais dû venir, le groupe était sympa. »

stay a little longer
@norma o'brien

des paroles digne de la meilleure pièce de shakespeare qui s'échappent de ses lèvres et y a un sourire qui titille le coin de tes lèvres, parce que tu la connais norma, tu sais que cet éclat qui scintille dans ses yeux, cette tendresse qu'elle peut pas cacher, ça contredit ce qu'elle vient de déclamer. et comme pour te donner raison elle se lève pour aller se chausser, l'excuse vite trouvée pour pouvoir t'accompagner.

tu récupères les tasses vides pour les poser dans l'évier avant d'enfiler tes bottes et un gros pull marin. norma a déjà ouvert la porte, alors tu te glisses dans l’entrebâillement, passant une écharpe autour de ton cou pour lutter contre le vent glacial qui souffle en ce début de matinée, en profitant au passage pour répliquer: "ouais, mais je tiens à rester en vie je te signale, et une nuit blanche avant de partir en mer c'est pas très recommandé. tu m'aurais repêché si j'étais tombé à l'eau ?"

petit clin d’œil suivi d'un sourire alors que tu la laisses fermer la porte à clé avant d'entamer votre descente vers le port. "mais je suis content que tu te sois amusée. t'arrives à avoir une bonne soirée même sans que je sois là, c'est fou !" tu lui donnes un petit coup d'épaule histoire de la taquiner. "quelque chose de prévu pour la journée ?"

Une main dans une poche, l’autre avec sa cigarette allumée entre ses doigts, elle marche à ses côtés, profitant du vent glacial et salé qui vient emmêler ses cheveux. Elle sourit à sa remarque, évidemment qu’elle le repêcherait, toujours. Elle a toujours été là pour lui et la réciproque était vraie. Alors qu’il se noie littéralement ou non, elle sera là pour lui tendre la main et le faire respirer à nouveau. C’est difficile à comprendre, parce qu’ils sont différents et que Norma elle-même est différente de bien des personnes, se moquant de tout et surtout de ce que l’on pense d’elle. Elle prend alors une bouffée de tabac et lui répond avec une gentille moquerie « Petit joueur. ». Norma sourit en coin, elle pourrait repartir pour une journée entière de travail. Mais elle le sait, cela ne va qu’un temps, un jour, elle subira les retombées de ses excès. Sa vie n’est pas saine, tout comme elle n’est pas saine pour les autres, mauvais genre entraînant le monde dans une chute qu’elle chérie. Norma le regarde alors, faussement outrée lui rendant son coup d’épaule. S’amuser, ce n’est peut-être pas le mot, mais cela lui permet de ne penser à rien d’autre, et rien que ça, c’est déjà beaucoup. Lorsqu’elle sort, elle boit, danse, ivre de la nuit, de ce monde si éloigné de son quotidien. Elle s’échappe, pour ne pas avoir à faire face à ses dilemmes, l’espace d’une nuit, jusqu’à ce que le matin vienne re pointer le bout de son nez pour la happer dans sa terrible réalité. Alors, il lui demande ce qu’elle a prévu de sa journée. Prévoir, cette angoisse permanente. Elle ne supporte pas de prévoir. Prévoir, c’est se priver d’une liberté qu’elle aime tant. Elle hausse alors les épaules et jette son mégot dans une poubelle au passage (elle ne supporte pas de salir son île.). « Je sais pas trop, tu veux aller boire un verre avant mon service de ce soir ? » Norma lui sourit et se reprend « Enfin non, on va boire un verre avant mon service ce soir. » Elle ne veut pas lui laisser le choix, car il est encore capable de se défiler. « Aucun risque de nuit blanche et de chute à la mer puisque je vais travailler après ! » Près d’eux, la mer répond en écho à cet ordre à peine dissimulé envers son ami.

@Jesse Langlois

stay a little longer
@norma o'brien

l'insulte légère et ton rire qui s'envole en l'air. ta norma, ta jolie norma, cigarette aux lèvres, cheveux au vent et un sourire que seul toi tu comprends. la lassitude, la nostalgie pour quelque chose qu'elle a jamais eu, jamais vécu, tu les connais bien, et pour cause. tu les vois dans le miroir chaque matin. la tristesse et le désespoir enfouis dans les veines comme trop d'eau salée, et tu sais pas pourquoi et tu sais pas t'en débarrasser. mais bizarrement avec elle, ton cœur brisé s'apaise, bat plus lentement, plus sûrement. le sourire accroché à tes lèvres est moins tranchant et le soleil te semble moins brûlant.

elle répond à ta question, proposition qui se transforme en obligation. ça aurait été une autre, t'aurais râlé, pieds et poings liés par une promesse que t'as pas envie de tenir. mais norma, tu lui balances juste un sourire. parce que norma, c'est jamais une plaie de lui tenir compagnie. "ah, si t'es sûre que je peux pas me noyer, je peux pas dire non alors. c'est toi qui payes la tournée ?" clin d’œil complice qui se perd dans l'air marin.