attendre l'été (joey)

attendre l'été ft @joey manning

à la fenêtre, regarder la neige tomber - une certaine poésie, qui lui donne seulement envie de pleurer. solitude des jours nouveaux que personne ne semble capable d'estomper ! la nuit est longue, et le soleil n'est pas prêt de se pointer. pour lui, ariel voudrait être capable de sauver les apparences, de se vêtir d'un sourire en jetant des cotillons partout dans le salon avant de s'en aller sur le pallier, crier la bonne année à qui veut bien l'entendre dans ce new-york toujours merveilleusement agité. mais ce n'est pas de cette magie dont elle a envie ce soir. elle ne veut plus que du calme après la tempête, ne rêve que de la clique éparpillée et de courir dans les champs en serrant les mains de jesse et joey, riant à gorge déployée.

attendre vainement l'été, en plein hiver enneigé.

sonnette qui retentit, papa qui beugle que c'est le livreur de pizzas. il lui dit de s'en charger, qu'il est en train de se casser les pieds à foutre de la déco ici et là et qu'elle peut bien s'en occuper. soupir léthargique, elle extirpe son corps de sa chambre d'ado en cherchant quelques billets dans ses poches. tourner la poignée, relever son bout de nez -

cœur qui claque
l'malaise qui se pointe !
les larmes qui montent
et le sourire qui grimpe.

-"joey !!! mon dieu mais... joey !!!"

incapable de bien s'exprimer, elle se jette dans les bras de son amie qui ne peut qu'en lâcher ses affaires - rire divin qui s'échappe de la jolie blonde, son qui lui avait tant manqué.. l'papa qu'est adossé sur le mur du couloir, fier de son coup.

-"happy new year sweetheart."

-"... joey?"

la voix est faiblarde: l'hésitation de prononcer le prénom qui demeure même dans l'action d'interpeller la fille des étoiles. il est trop tôt - illusion de bon matin ? ariel qui s'est décidée à voir le levé du soleil, à errer dans la ville comme en âme en veine (chance d'être de retour après ce qui lui avait paru durer toujours). sirène maudite qui s'est forcément dit que de traîner dans les alentours du marais risquait de l'amener à cette rencontre "hasardeuse", aux abords de la radio local où elle sait pertinemment que joey travaille. si le conscient danse dans une ronde dangereuse avec les illusions, la musique cesse en croisant son regard devant la boutique de l'antiquaire -

jo.

prénom qui tourne en boucle avant d'oser le laisser s'échapper - monde en suspend sans savoir quoi faire maintenant. gêne et tendresse meurent au bord des lippes (courrier sans réponse). on ose faire un pas vers la femme qu'elle avait quitté adolescente;

que faire de mon affection lancinante ?

-"joey je... c'est - je voulais te voir mais... tu euh... tu rentres chez toi là ?"

comment tu vas ?
je t'ai manqué ?
toi tu m'as manqué.
tous les jours tu sais
tu es si jolie
mais t'as pas vraiment changé.
tu veux qu'on se parle des étoiles ?
jusqu'à la nuit tombée ?
on pourra ensuite les regarder
main dans la main,
comme avant ouais
je suis désolée
joey.

@joey manning  

les premières lueurs du matin,
les rues qui s'éveillent, le soleil qui se lève, l'horoscope qu'elle vient d'annoncer - la musique est lancée, une chanson douce pour se réveiller avant que joey ne parte se coucher. c'est sa voix qui annonce l'heure -- 6h 03, merci pour votre écoute, je vous souhaite une bonne journée. elle coupe le micro, quitte le studio (sa nuit va bientôt se lancer).

pourtant dans ses pensées...

loin de l'apaisement qu'elle ressent habituellement en finissant son émission, loin de la fatigue qui la prend à ses heures là, dans ses pensées tournent en boucle cette conversation qu'elle a eu avec kai -- ariel est rentrée.

ariel est r e n t r é e.

mais elle ne l'a pas appelé. elle ne l'a pas contactée. et joey, joey elle s'en veut ; parce qu'ariel, il y avait cette lettre qu'elle lui avait envoyé, cette lettre auquel johanna n'a pas répondue. parce qu'elle ne savait pas quoi dire, parce qu'elle était blessée, parce que c'est ariel, qu'elle l'avait abandonnée. meilleures amies depuis des années, et en un été un monde envolé. alors elle se balade dans les rues, les mains dans les poches, les écouteurs enfoncés dans ses oreilles pour couvrir les bruits environnants (elle y est sensible, vous savez, ça la rend mal à l'aise), et c'est amusant comme la chanson qui y passe est adéquat. i can't handle change, de roar, qui bientôt se fait interrompre par une voix qui sort joey de ses pensées.

— ...rentres chez toi là ?

il lui faut un instant pour comprendre que c'est à elle qu'on s'adresse, un autre instant pour que son cerveau assimile le fait que c'est ariel qui a parlé, mais dès que l'information lui parvient, jo se stoppe net, s'empresse de retirer l'un de ses écouteurs, et reste silencieuse un instant. les mots lui manquent, elle a cet air hébété sur le visage, cherche à se reprendre -- ne retient pas le sourire qui vient étirer ses lippes.

— ariel, t'es... hey, euh, je. je viens de finir de bosser, j'allais rentrer, oui. qu'est-ce que... qu'est-ce que tu fais là ?

et elle ne sait pas trop si elle lui demande ce qu'elle fait devant cette boutique, aussi tôt -- ou si elle lui demande ce qu'elle fait à guernesey. il y a ce moment de gêne qui plane, toutes ces questions qu'elle voudrait lui poser, tous ces mots qu'elle voudrait prononcer.

tu m'as manqué,
comment ça s'est passé pour toi, ces dernières années ?
désolée de pas avoir répondu,
j'étais un peu perdue.

elle a beaucoup de choses à dire, très peu de pensées cohérentes, alors elle se contente de ce qui lui semble juste.

— je suis contente de te voir, chat.

@ariel cusack