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 (sashenka) livin on a prayer

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livin on a prayer
le port ft. @sashenka ivleva

Bordel, il va le tuer.
Dès qu'il le retrouve, c'est certain, il va le tuer. À chaque fois, il lui fait le coup ! C'est sans doute le cabot le plus fidèle de la terre entière sauf pendant les chaleurs. Evidemment. Attiré par les femelles comme un requin l'est par le sang. Vous m'direz qu'il tient plutôt bien de son maître pour ça. Mais bordel, que c'est pénible. Rentré de la mer vers midi, a été s'allonger dans le but de se reposer avant de manger un bout. Il a pour habitude de laisser Poséidon dans une semi-liberté qui lui permet de s'épanouir. Mais il y a des signes qui ne trompent pas. Si un chien ne rentre pas pour bouffer, c'est qu'il est occupé à bien plus intéressant que ça. Et pour Poséidon, rien n'est plus important que sa gamelle. Sinon son instinct de reproduction.
En grommelant, il se jure de le faire castrer avant le mois prochain. Simplement vêtu d'un vieux short de bain délavé, il enfile un t-shirt aux couleurs pâles et claque la porte de son petit cottage derrière-lui sans fermer la porte à clé. Il n'y a rien à y voler, de toute façon. Direction la ville. Quelqu'un l'a sans doute vu passer, et depuis cinq ans qu'il l'a pris, Poséidon est connu de tous. (...) Les ruelles sont un peu remplies, c'est l'heure du déjeuner. Drake évite les groupes d'enfants comme s'ils avaient la peste, ne s'écarte pas pour les vieilles mégères qui s'empresseront dans son dos de répéter combien il est mal élevé. Il est obligé de slalomer entre les passants, maugréant si on le bouscule - ça marche plutôt bien pour recevoir des excuses bafouillées l'instant suivant - et s'arrête sur la terrasse du pub où il a l'habitude de passer pas mal de soirées. Il reconnait toutes les têtes - celles des piliers de bar, vous savez, dont il fait souvent partie en fait - et en hèle un. Hé, t'aurais pas vu mon chien ? L'homme se met à ricaner - ça sonne gras dans la gorge - et lui montre le port. Il a filé droit comme une bête poursuivie par un démon ! Drake remercie d'un simple hochement de tête en maugréant. Le port, manque plus que ça. Il se fraye un chemin jusqu'aux pontons, salue les quelques pêcheurs retardataires sans s'attarder. Même dans son milieu, Drake n'a pas vraiment d'alliés. La plupart considèrent qu'il se lève plus tôt pour leur voler leur poisson. Comme s'il était à eux, le fish. Pathétique. 

C'est devant une péniche bien connue qu'il retrouve la trace de Poséidon, reculé de l'afflux des touristes, dans un coin presque caché. En train de tourner autour de la border plus claire que lui, qui lui montre les dents. Le Medusa. Il observe un instant le jeu des chiens. Tu perds ton temps, Posé, elle est aussi féroce que sa maîtresse, qu'il ricane en les laissant faire, montant sur la passerelle qui lui donnera accès à l'Eden. Ou à l'Enfer, tout dépend. Il pousse la porte comme s'il y était chez lui - heureusement, c'est ouvert et encore plus heureusement, elle est là. Ses iris clairs comme de la glace se rivent directement dans ceux de Sashenka. T'as pas envie de faire stériliser ta chienne ? qu'il lui lance en s'installant promptement sur une chaise, parfaitement à l'aise. De toute façon, ils ont tous dû suivre sa trace et l'avoir aperçu monter à bord. Il ne veut même pas imaginer tout ce qui peut déjà diffuser sur leur vie privée. Il attrape une pomme, posée dans un panier. Elle n'a plus l'air très fraiche mais il la fait tourner entre ses doigts avant de reporter de nouveau son regard sur la pseudo-russe. Bordel, quel charme elle peut avoir. S'il n'avait pas autant envie de la faire chier, sans doute lui aurait-il déjà sauté dessus. Non parce que sinon, à ce moment-là, ils font des gosses mais tu m'en laisses la moitié. Il croque enfin dans le fruit, un peu acide. Il fait la grimace. Quoi ? J'ai pas eu l'temps de manger. Il s'est cassé comme un couillon. Il écarte le petit rideau du hublot pour vérifier qu'ils sont toujours là, à se tourner autour, l'un surexcité, l'autre les dents dehors. C'est toi qui lui as appris à être comme ça avec les hommes ? Ou c'est l'inverse ? lui lance-t-il, comme une pique avec un sourire en coin. Il lâche le rideau, s'installe confortablement sur la chaise en la fixant avec un semblant de provocation au fond de ses yeux clairs.
Bon sang, il aurait quand même pu filer ailleurs, son clébard.
Et bon sang, qu'est-ce qu'il est ravi qu'il soit venu ici.
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Au rendez-vous le soir elle s'allume
Lorsque des fous, poussés par l'écume
D'un peu partout, courent et se rejoignent
A la cabane
Le colis mentionnait sa fragilité sur toutes ses bordures naissantes. Une radio de 1948, achat de l’autre-côté apporté dans la cale du ferry, trône désormais fièrement sur le plan de travail. Un chiffon est minutieusement passé sur son cadran bombé en forme de mappemonde, le cercle de cuivre nettoyé pour la première fois depuis des années. Sash offre une nouvelle-vie à son nouveau jouet, concentre sans effort ses encéphales à son ablution - et sur rien d’autre. Dehors, le soleil se métamorphose derrière les nuages, la pluie ne devait plus tarder. Sur le feu, le fait-tout rempli de son plein ; les patates coupées mélangées aux tomates écrasées, repas prévu pour midi pétante. La symphonie dans l’horloge en bois à l’entrée achève ses activités matinales : le gaz est tourné sur off et la radio à restaurer est abandonnée. L’heure est au réveil de la princesse qui sommeille dans la chambre d’amis. Nuisible petit bout d’homme qui anime le Médusa de ses inepties. Plusieurs poings frappés sur la porte, assez fort pour lui bousiller les oreilles. - C’est midi ou rien pour l’déjeuner. Tu t’souviens ? Ah elle s’attend trop bien à l’expression de sa douleur, à ses plaintes quand elle tabasse les murs pour le sortir de la vase dans laquelle il se complet. - Tu dors le mioche ? J’ouvre ! et c’est le vide à l’intérieur. Le lit n’est pas défait. Suffisant pour lui mettre la puce à l’oreille. Sur l’oreiller, un morceau de papier. “Scuze. J’ai rendez-vous. Tu m’laisses une gamelle stôplaît ?” - Le petit con. qu’elle se contente simplement d’souffler, mine boudeuse fait naufrage sur son expression.

Puis avant de s’en retourner à la popote - finalement déstinée à déjeuner avec son spectre - elle pousse le rideau du hublot de la cuisine. Gaïa montre les dents là-dehors, gronde sur le border collie que la chienne reconnaît sans mal… cabot d’un marin estimé ; coupable des nuits sensuelles de sa maîtresse. Poséidon espère captiver la donzelle, enjôle mais voit ses rêves brisés d’un jappement. C’est bien, qu’elle s’affirme, qu’elle lui montre qui domine. Le rideau retrouve sa place habituelle, Sash son paquet de cigarettes. L’instrument mortel sur les lippes, allumé d’un coup de pouce sur le zippo, elle tire un peu sur les bretelles de sa salopette, essuie quelques traces de poussière sur son débardeur. Si le chien n’est pas loin, le maître à penser pourrait bien débarquer. - En plein jour, allons bon, déchaînons les ragots.  Elle ouvre un hublot pour y expédier sa fumée avant que le père du dieu des abymes ne fasse son entrée. Oh il ne soigne jamais son entrée d'ailleurs, comme-ci il était ici beaucoup trop à son aise, comme-ci les murs devaient bien s'habituer. Le regard tourné dehors, sur la pointe d’un bateau pas loin amarré, elle ne le regarde pas encore. - Tu sais, j’pourrais te faire payer un loyer si tu continues de venir squatter ici sans prévenir. Ah qu’il lui avait manqué, son ensorceleur. Ce soir, Gaïa aura le droit à un gros os à mâcher. Ne devait-elle pas la féliciter, d’avoir attiré si bellâtre jusqu’à sa maisonnée ? - Ben voyons. La lucky écrasée dans le cendrier, le hublot refermé, Sash se tourne vers son invité de circonstance. - Ma chienne est stérilisée. C’est ton clébard le disjoncté. Il a pas la carrure pour la séduire. Mais il reste téméraire, c’est bien. On peut pas lui reprocher. Sourire perceptible sur ses lippes provocatrices. Leurs yeux gris se se jaugent et le myocarde s’agite. Pourquoi fallait-il qu’il soit si captivant ? Ne pouvait-il pas naître moins attrayant ? La pomme est croquée entre ses canines. Serait-il venu le ventre vide ? - Et si j’en crois mes mirettes, ça serait pas le maître qu’il faudrait castrer ? la sauvageonne se rapproche, pose ses fesses sur une chaise en face de lui, remplit deux verres de vin rosé : - Je l’ai encore vu se dorloter avec une donzelle de l’autre côté. Viendra un jour sur le ferry, l’enfant d’une sirène qui te sera remis. Elle lui tend un verre. L’allusion est trop facile. Néanmoins vraie. Et la jalousie, perceptible, pour ne rien cacher.  - Si t’as rien mangé de mieux que cette pomme vieille de deux semaines, j’timpose le couvert. La chaise qu’elle quitte en sifflant son verre, cherche une louche pour préparer deux assiettes, attend sa répartie sur ce qu’elle vient de lui dire. Bon sang qu’elle aime leurs joutes célestes. Et qu'elle aime, encore mieux, sa présence à lui. - Tiens. Et viens pas me dire que c'est dégueulasse. l'assiette posée avec ou contre son gré, les couverts proposés puis la dame se laisse tomber, bien en face pour le perturber.

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Un loyer ? Sérieusement ? Si y a qu'ça, j'peux prévenir. Ben quoi, si c'est sa seule condition... Elle ne le regarde pas, et ça le frustre tout autant que ça l'attise. Allez, tourne les yeux. Regarde-le. Fais-le fondre juste d'un croisement d'iris, comme deux géants dansant au milieu des prunelles. Il la fixe avec provocation, insolence, comme si ça allait lui faire tourner la tête plus vite. Comme s'il voulait provoquer ce sursaut intérieur, celui qu'il ressent chaque fois qu'elle pose les yeux sur lui. Il détourne son regard sur la cigarette qu'elle tient entre ses doigts. Il a envie, soudain, qu'elle l'attrape avec autant de détermination, qu'elle porte ses lèvres aux siennes avec autant d'addiction. La fumée le titille ; tiens, il a bien envie de fumer aussi. À peine a-t-elle fermer le hublot qu'il le rouvre, s'allumant une clope en prenant bien soin de lui en prendre une à elle. Elle a tourné la tête vers lui, mais dans un jeu de perversion ultime, c'est lui maintenant qui se refuse à son regard. Il fixe le jeu de fumée. Minaude d'être perdu dans ses pensées. Pardon, tu disais ? Il ricane, se redresse sur sa chaise et enfonce son regard dans le sien comme deux pieux de glace. Ah, oui, Posé. Boh, tu sais, on peut pas lui en vouloir. Lui et moi, on aime les causes perdues. Soupir feint. Cela ressemble à une attaque, pourtant il ne sait plus vraiment si c'est contre elle ou contre lui-même. Cette addiction à l'interdit. Pourtant, l'est-elle vraiment ? Qui l'a décidé ? Les colportages ? Lui-même ? Elle-même ? Il la désire comme une chose qu'il ne pourra jamais avoir. Au fond, peut-être craint-il de perdre toute cette obsession à son égard si elle lui revient aisément. Si le jeu n'est plus. Ne s'ennuieraient-ils pas ? Ne se lasserait-elle pas de lui, s'il était facile à attraper ? Gars, on n'est pas dans Big Fish. Le plus gros poisson de la rivière, tu ne lui ressembles en rien, crois-moi. Il tire sur sa clope avec ardeur. Peut-être pour calmer les siennes. Rien que ça voix le titille, le cherche, comme si chaque détail la composant réveillait un animal en lui qu'il musèle chaque jour. Tu voudrais vraiment me voir castré ? chuchote-t-il d'un sérieux implacable, presque troublant, la retenant de nouveau au contact éprouvant de ses iris.
Elle s'installe en face de lui, il attrape son verre avec fermeté, cachant mal son impatience - de quoi, lui-même ne le sait pas. Il se sent tendu, partagé, tiraillé. Il a envie de l'attirer juste là, contre lui, et de la repousser violemment à la fois. Curieux mélange, alchimie explosive - un jour, ça le rendra fou. S'il ne l'est pas déjà. Il ne répond rien. Il a entendu sa jalousie, pourtant, arborée là fièrement comme un drapeau pirate. Il serait si facile pour lui de saisir la perche, de la taquiner - la blesser ? - à ce sujet. Pourtant, Drake reste muet. Allez savoir pourquoi, à cet instant, il n'a pas envie d'enfoncer le clou. Peut-être pour mieux cacher que lui aussi, il est jaloux.

Elle s'est levée, déjà enfuie, déjà relâchée sauvage. Il aurait pu la saisir, là. Lui dire - qu'il est à elle, qu'il l'a peut-être toujours été, le sera toujours ? Il aurait pu la rassurer - était-elle seulement inquiète ? Il aurait pu.. il aurait pu tant de choses. Mais il est resté là, comme un con. Sans rien faire, sans rien dire. Parce que derrière toute sa muraille, Drake, il a peur comme un gamin à qui on a raconté des histoires qui font peur. Des histoires de sirènes qui dévorent les pêcheurs abusés par leurs chants. Et lui, il veut pas s'faire bouffer.
À trop penser, il en fait tomber sa cendre sur la table. Il balaie de l'avant-bras avec négligence, retrouvant un peu sa contenance, puis éteint sa clope dans le cendrier qui borde le hublot. Un jappement l'interpelle et alors qu'elle revient vers la table, lui se lève. Il la frôle, avec le délice de la supposition. Bordel, rien que son parfum lui fait tourner la tête. Il débarque comme un truand, elle lui fait à bouffer. À coup sûr, c'est une femme à marier, qu'on dirait ici. Et qu'on dirait aussi que ça serait jamais avec un gars comme lui. Il ouvre la petite porte de la péniche, faisant débarquer Poséidon et Gaïa qui suit. Rapidement, comme de vieilles habitudes, ils viennent se poser sur le sol, côte à côte. Drake les fixe un instant. Hargneux un instant, complices celui d'après. La voix de Sashenka le fait doucement sursauter. Il affronte son regard, affronte ses courbes. Trop longtemps qu'il est muet, ça lui ressemble pas, elle va croire qu'il est devenu mou comme un cordonnier. Il plante sa fourchette dans l'assiette. Ben, ça a l'air, en tout cas. Il avance sa chaise, la regarde elle plus que la bouffe. Si elle savait que son appétit terrible n'est pas tant à son assiette. Ses lèvres s'étirent en un sourire amusé. Mais bon, tu sais c'qu'on dit ! Le mendiant ne refuse point l'aumône qu'il reçoit ! claque-t-il en riant.
Il commence à manger, sans faire plus de compliments. Faut pas abuser non plus. Il a déjà laissé champ ouvert avec son mutisme précédent. 
Il a déjà presque fini son assiette - à croire qu'il était réellement affamé - et pendant qu'elle finit la sienne, il la fixe. Le verre à la main, désinvolte, ses yeux dévorant son minois si familier, si envié, si désiré. Il la fixe comme un voyeur dans la cabine d'essayage d'une dame mais il ne s'en cache pas. Elle sait très bien. Une lampée de rosé, son verre déjà vide, il s'accoude à la table. Femme, ressers-moi, souffle-t-il avec un sourire carnivore, d'un ton lourd bien macho et pourtant ferme. Il ne faut pas laisser entrevoir ce trouble qu'elle éveille en lui, à chaque fois. À chaque instant, chaque parole, chaque regard. 
Il pose un oeil sur son chien. Qu'est-ce qu'ils sont bien, ici.
Qu'est-ce qu'il est bien, ici, avec elle.
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Ah ça, les causes perdues. Quinze ans à poursuivre leur perpétuelle ritournelle, à se perdre dans la mesure de leur cadence.
La barrière de nacre inviolable, le sacro-saint de ces mutilés, ne les mets-ils pas à l’abris des non-dits que l’on fait semblant d’ignorer ? Sincérité que l’on enferme dans un coffre à trésor, que l’on enterre, sans doute, avec des vérités terrifiantes. Devaient-ils être aussi repliés sur eux-mêmes, au point de se confondre aux mêmes interdits ? Leurs sentiments scellés autour de leurs craintes, de leurs angoisses, devenues pathologiques - comme celles qui s’exhibent parfois dans les insomnies de Sashenka. Ses voûtes célestes agrippées dans les siennes, Drake demande si sa castration lui ferait vraiment plaisir.
Là où il ne peut pas l’entendre ni la voir, quand elle s’efface dans la danse du soleil qui remplace la nuit, quand les draps ont connu l’ardeur de leur passion étincelante - c’est là, qu’elle songe à eux, plus qu’à lui. Quand elle s’imagine expulser les sirènes cramponnées à ses doigts ; lorsqu’elle n’est plus spectatrice, mais reine sur son sillage, qu’elle se reflète en lui comme dans un écho. - Te voir castré ? Peut-être, oui. Ses songes ont parfois l’audace de l’accompagner dans leur demeure partagée, les lueurs vacillantes de la cheminée se reflétant dans les anneaux des âmes-soeurs - car ici, dans son esprit, se timbrent les voeux qu’ils ont prononcés. Et puis l’étreinte charnelle devient réelle, authentique, incontestable. Mais le rêve éveillé s’achève toujours au même endroit, sur le ponton du Médusa ou du SOG, quand sa routine recommence avec les mêmes turbulences. Que son besoin d’indépendance éclipse ses pensées inabordables. N’était-elle pas là, leur cause perdue ? - Mais ce serait te dérober à tes libertés en tant qu’homme, et je n’ai pas le pouvoir de t’en priver. L’ironie ne détrône pas une autre hantise. Celle qui l’éclipserait elle-même, si une autre sirène l’attirait finalement jusqu’à elle, le noyant dans le typhon d’une passion que Sashenka ne pourrait retenir. Lucarnes vacillantes dans ses prunelles azurées, elle s’échappe à ses propres inepties, retrouve sa place aux fourneaux. Leur vie de couple ressemblerait-elle à celle-ci ?
La porte s’ouvre sur les compagnons préférés des marins en perdition. Gaïa se faufile immédiatement dans les jambes de sa maîtresse, visiblement soulagée de la retrouver. Puis sur le sol ils viennent se coucher, oubliant jusqu’à leur querelle sur le ponton. Puis les assiettes et les couverts se posent sans douceur, la finesse des mouvements de la russe n’étant pas dans ses plus belles attributions. L’échine se pose sur le dossier de la chaise, reprend sa posture droite et trop fière. Non pas qu’elle soit fine cuisinière, mais beaucoup ont à lui envier le mixage des épices qu’elle a plaisir à sélectionner sur les marchés de Guernsey. Drake n’est pas le mendiant qu’il prétend, car il est ici le seul invité qu’elle voudrait voir devenir permanent. Quand son rire vient emplir l’espace, c’est le tambour battant qu’il enthousiasme à l’intérieur. Si le Très-Haut existe, alors, qu’il aime à jouer avec ses ardeurs. N’a-t-on pas honte de porter sous ses yeux créature si désirable ? C’est son rire qu’elle affectionne le plus, et quand ses safres croisent le fer avec les siens, dans leurs ébats sibyllins.
La fourchette va à ses lippes et enfin l’assiette se termine.
En face, elle se sait observée, étudiée, dévisagée. Mais ses yeux à elle ne se relèvent pas, sa concentration allant au verre de rosé qu’elle se resserre - le jour de repos justifiant cet écart de conduite quand l’alcool n’est autorisée qu’à la nuit tombée, une fois le service terminé. Et quand l’ordre de Drake est donné, ce sont ses lèvres et ses courbes qu’elle aimerait mieux lui servir. Car son apparition depuis tout à l’heure décuple ses violents désirs. Mais Sashenka se sait encore trop timide - pour autant, veut-elle croire sur l’instant qu’elle l’est. Et se sait alors d’autant plus stupide de le penser. -Ben il reste que dalle à grailler, t’as vu ce que tu viens d’avaler ? Tu feras gaffes, tu pourrais t’habituer à mes talents culinaires. Les assiettes sont récupérées, et elle s’étire, encore, jusqu’au lavabo où elle emporte le tout. - Au moins tu me prouves que ma bouffe n’est pas si immonde que ça. Le gamin que j’héberge là, c’est limite si je retrouve pas Gaïa parfois entrain de bouffer son assiette sous la table. Et regarde, il s’est carrément cassé aujourd’hui pour éviter de déjeuner avec moi. Nan mais tu le crois ça ? Le robinet se tourne un instant pour rincer l’intérieur du lavabo, puis y’a le rappel à l’ordre qui se lance dans sa tête comme dans un coup de tonnerre. Il est pas venu pour l’écouter se plaindre d’un problème qui n’en n’est pas vraiment un. Alors elle revient, les mains vides, et se frotte un peu le menton pour marquer son embarras : - Putain, j’me suis remise à râler comme une femme au foyer c’est ça ? Elle cherche ses clopes sur la table, un peu nerveuse. - Une clope sur la terrasse là-haut, sur la péniche, puis j’te libère ? Attends, je vais chercher un paquet dans ma chambre. Et le couloir qu’elle entreprend de prendre, songeuse à ce qu’il réponde qu’il n’a pas que ça à faire. Je t'en prie, ne t'en va pas.
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Alors comme ça, elle aimerait le voir castré ? Se passer de leurs ébats, de leurs étreintes ? Il se sent comme vexé. Déçu. Lui ne pourrait pas s'en passer. Quinze ans qu'il essaie, quinze ans qu'il retombe toujours dans son filet. Mais une nouvelle fois, elle fait ressortir sa jalousie. D'habitude si prude par rapport à ça, il lui semble à cet instant qu'il ne doit pas l'ignorer. Pour lui, c'est une faiblesse que de se montrer jaloux. Et Dieu sait qu'il l'est. Si elle prend sur elle pour la lui montrer, aujourd'hui, si incontestablement, c'est bien qu'il doit y répondre. Il la fixe droit dans les yeux, malgré que son regard le trouble, le déstabilise - il tente de ne pas le montrer, de faire le fier, de faire l'Homme. Cela te rassurerait-il que d'imaginer que ce pouvoir, tu pourrais l'avoir ? Sa voix est vibrante, sérieuse. Mais il ne doit pas la laisser gagner, il ne doit pas trop insister dans cette faiblesse. Bien sûr qu'elle a le pouvoir de l'en priver. Peut-être même que toutes ces sirènes qu'il enchaîne, c'est à cause d'elle. Pour tenter de se dire qu'il y a mieux - en vain. 
Oh, qu'il aimerait s'habituer à ses talents culinaires. Il est trop fier pour lui dire que c'était délicieux, ce mélange d'épices, ce petit je-ne-sais-quoi qu'elle met même dans sa cuisine. Il n'est pas difficile, Drake. Il voudrait lui dire qu'il serait satisfait avec des pâtes matin, midi et soir. Il pourrait - et se tait pourtant. Je parlais du vin, grogne-t-il en attrapant lui-même la bouteille pour se resservir. Comme pour tenter l'excuse de l'alcool. Il remplit son verre tout en lui en rajoutant aussi. Pourtant, ils n'ont pas besoin de ça. Il voudrait se dire qu'elle lui fait tourner la tête quand ses pupilles se croisent, au départ d'une sobriété terminée mais c'est faux. Sobre ou ivre mort, elle le possède. Ses doigts se serrent autour du pied de son verre. Il détourne le regard, la mâchoire soudain serrée. C'est quoi, cette histoire de gamin qu'elle héberge ? Drake est possessif, il serait jaloux autant d'un enfant de huit ans que d'un vieillard de cent piges. Est-ce que c'est son but ? Qu'il se montre jaloux, lui aussi, comme elle vient de le faire par deux fois ? Droit dans le mille. Bien qu'il essaie de le cacher la plupart du temps, là, il ne parvient pas à contenir ce sentiment malsain qui nait en lui. C'est qui, ce gamin ? qu'il demande, insistant bien sur le mot, curieux de savoir si c'est un réel ado ou bien s'il est en âge de.. de.. Bordel. Ses phalanges deviennent blanches. Il faut qu'il se calme ou il va exploser ce verre. Du coup, il se venge en prenant une grande gorgée. Le rosé lui semble amer, soudain. 
Elle change subtilement de sujet, il ne saurait dire s'il en est soulagé ou profondément vexé. S'il le croise, ce gars... sans doute lui prendra-t-il l'envie de lui refaire le portrait, sans aucune excuse valable. Blessé dans son ego de solitaire, qu'il s'est senti forcé de mettre à découvert, il décide - puérilement - de se venger sur elle. C'est vrai que t'en ferais une piètre, de femme au foyer. C'est gratuit, c'est injuste, c'est incontrôlable. Tu me rends malade. À quoi ressembleraient leurs journées ? Elle lui ferait le petit-déjeuner mais il ne serait pas là pour le prendre, déjà en mer. Il rentrerait à midi engloutir un repas froid, parce qu'elle ne serait plus là non plus. Il passerait l'après-midi à ruminer, à l'attendre, à s'inquiéter. Chaque minute dépassée ne ferait qu'accroître cette angoisse profonde de la voir disparaître, avalée par l'océan. Maudit, qu'on le dit. L'océan lui a tout pris. S'ils se lient, il la prendra, elle aussi. Il ne répond pas à sa proposition. L'air est devenu étouffant. Il a senti son malaise, sa nervosité. Il aurait voulu prendre sa main qui tremblait légèrement mais, comme toujours, n'a pas su réagir à temps. Le timing, c'est pas son truc, à Drake. Il agit toujours trop tôt ou trop tard, malmené par son instabilité. Ne me libère pas. Qu'elle le garde, le capture, l'enferme ici ! Qu'il ait une bonne raison, autre que sa propre volonté, de rester ici la journée entière avec elle. Jusqu'à la nuit. Et celle d'après. Un seul mot sorti de sa bouche - chambre - et son esprit s'aiguise, frétille. Il serait si aisé de la rejoindre. De la prendre par surprise. Bien sûr, qu'il a d'autres choses à faire, bordel ! Lui faire l'amour, par exemple. Il a besoin d'air. Il se sent tendu comme la corde d'un arc prêt à tirer. Il grimpe sur le pont avant qu'elle ne revienne, inspirant une bonne bouffée de cet air salé et agressif. Il s'allume une clope, Poséidon le rejoint docilement et s'installe à ses pieds. Il le caresse sous l'oreille, là où il aime bien. Il connait chaque caresse qui le satisfait. Comme elle avec lui. Il la devine qui revient, comme si son corps et son esprit étaient intimement connectés aux siens. J'en avais, des clopes, souffle-t-il en attrapant son briquet pour en allumer une. Il tire dessus comme un drogué, pour se calmer, partagé entre une colère froide qui n'a aucune source plausible et l'envie démesurée, grandissante, que son parfum vienne l'enivrer. On est tellement bien chez toi, j'crois que j'vais squatter toute la journée, minaude-t-il, se calmant un peu, avec un sourire en coin, posant son regard sur elle. Il lâche même un rire bref. Prétexte minable pour s'inventer une obligation de rester, comme si ça ne lui faisait pas vraiment envie mais qu'il s'y sentait obligé juste pour l'emmerder. D'un geste lent, il lui tend son paquet pour qu'elle se serve, comme s'il lui offrait là non pas une simpe cigarette mais une amulette le liant à lui pour l'éternité. Ses iris ne l'ont pas lâchée, il les garde dans les siens pour éviter qu'ils ne détaillent encore les traits de son visage, ses courbes qu'il connait par coeur. Pourquoi se prive-t-il ? Pourquoi se l'interdit-il ? Peut-être parce qu'il n'a pas grand chose à lui offrir. Sinon son corps et son âme, déjà damnés. Il la fixe toujours, avec cette intensité troublante accentuée par le bleu vif de ses yeux. Ne me chasse pas.
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Cette facétie. Lui donner le pouvoir ? Que devait-elle comprendre à ça ? L’imaginer le posséder lui, tout entier, pour elle seule, était-ce là ce qu’il cherchait à manifester ? Si elle lui répondait : oui, cela me rassurerait. Pourrait-il alors la libérer de son affliction perpétuelle ? Pourrait-il vaincre la jalousie qui s'empare d’elle-même quand elle regarde la luxure et l’envie se frotter contre lui ? Quand elle tombe, par hasard, sur ses parades nuptiales dans l’eden des ivrognes et qu’elle en ressort aussitôt affligée, misérable. Quand elle endure, silencieuse, cette désolation infinie qui ne saurait s’exprimer avec son verbe, avec ses mots. Cette idée la consumait, la dévorait : mais elle sonnait, indubitablement, comme une fabulation infinie. Car elle pouvait, oui, tout imaginer, mais obtenir ce droit… jamais de manière tangible, car il ne lui avait jamais montré, non, qu’il la désirait elle, et elle seule, dans le centre de son cosme.
Il noyait le poisson, s’embourbait, prétextant le vin pour échappatoire. Et elle maintenait le silence, cherchait une autre occupation pour ne pas fléchir. Parfois, il savait si bien la chahuter. De manière à ce qu’elle ne sache plus sur quel pied danser. Alors elle évoque là, sans trop réfléchir, la présence d’un colocataire, comme-ci elle lui en avait déjà parlé, comme-ci il l’avait déjà rencontré. Une bévue qu’elle ne saisissait pas. Et quand elle revient, il se venge, emporte avec lui sa quiétude dans une traînée de poudre. Il la pique, lui échauffe la bile. Il le sait, Drake, qu’elle n’est pas de celles qui cherchent à fonder foyer. Que sa vie, tout entière, est consacrée celles des autres. Que demain, après-demain, dans un mois, dans un an, ou peut-être jamais, elle pourrait disparaître, s’enfoncer dans les abysses, pour sauver une vie. Alors, s’il espère la vexer, elle n’aura rien à lui montrer, si ce n’est sa fierté. Car ici, elle n’a pas de remords. Peut-il seulement le comprendre ? - Tu as raison, c’est pour ça que je passerai ma vie à bord du sog. Peut-être même jusqu’a mon dernier jour, mes dernières heures, mon dernier soupir. Elle souriait, en tout innocence, l’inconscience involontaire de la bombe qu’elle avait lâché sur ses lippes. Comment pouvait-elle soupçonner les inquiétudes de Drake ? Lui avait-il au moins une fois, dévoilé, combien il avait peur pour elle quand elle prenait la mer ? Et il était là, le coeur du problème de leur relation. Ces deux infirmes. Ces désespérés. Les non-dits entassés, empilés, les uns sur les autres.
Elle cherche un énième paquet de cigarettes, trouvé sur la commode de sa chambre ; Enfile une veste noire de pluie, croise Gaïa, endormie, à l’entrée de la péniche. Sur le pont, elle le retrouve. L’humidité ambiante a chargé l’air d'électricité. L’orage, ne devrait plus tarder. - T’aurais pu me le dire avant. Elle est là, maintenant, à quelques pas de lui.  Et il lui dit, qu’il est si bien chez elle, qu’il pourrait rester avec elle, lui offrir un semblant d’exclusivité, squatter toute la journée. Et les cavités de son coeur s'entrechoquent, la coupant de son air, faisant croître-là, tout son ravissement. Ses doigts s’agrippent à cette drogue qu’il propose, effleure sa main, comme une caresse délicieuse. Ses azures dans les siennes deviennent supplices, la torture, comme toujours, sempiternelle. Elle aimerait l’attirer vers elle, l’embrasser, le supplier de rester. Pas seulement à l’instant, pas seulement aujourd’hui, mais demain, tous les jours, pour l’éternité. - Je sais pas trop si tu peux squatter. Elle cherche un briquet dans sa veste, consume sa cigarette en y tirant une nuée. Puis elle pointe son index sur le marin qui descend sur la rive, balance sa main de droite à gauche pour le saluer d’un mouvement assez bref. - J’me soucie trop des rumeurs. Elle se retourne vers lui, laisse glisser un rire. Les rumeurs sont le cadet de ses soucis. Elle le considère, se tait. Constate les vibrations sur ses mains. Elle tremble. Reste figée. Éloignée. Inaccessible. Et le premier coup de tonnerre ébranle le ciel. Sa main rêve de chercher la sienne, son corps rêve à le posséder complètement.  - On pourrait... peut-être, terminer cette bouteille de rosé avant qu'il ne pleuve ? Je vais la chercher, si tu veux. En fait... ça tombe bien, que tu veuilles rester. Moi aussi, je veux que tu restes. Pourrait-elle seulement lui dire ? Pourrait-il seulement intercepter ses désirs ?  
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" we were running riot, crazy some people still deny it "

Il faudrait arrêter de jouer. Il la provoque toujours, jusqu'à-ce qu'elle lui lance quelque chose qui le touche. Le touche vraiment. Qui lui donne envie de sortir les crocs. De l'entraîner avec lui dans ces abysses qui l'ont vu grandir, flétrir. De la noyer, avec lui. À chaque fois la même chose. Et pourtant, à chaque fois il recommence. Pas lassé qu'elle sache toucher le point sensible avec une précision d'escrimeuse. Sait-elle seulement quels sont ses failles ? Les lui a-t-il déjà confiées ? Comment pourrait-elle savoir où les limites du jeu cessent, quand est-ce qu'elle pénètre à l'intérieur même des tranchées qu'il a creusé lui-même, en passe facilement les barrières pour se faufiler, vipère attractive, au plus près de son armure ?
Elle ne sera jamais femme au foyer. Evidemment. À quoi est-ce qu'il s'attendait ? Qu'elle change de vie, de rôle, de tout ? Qu'elle se transforme pour lui ? Qu'elle lui fasse deux enfants, le repas, le ménage ? Qu'elle l'attende sagement à la maison ? Pire encore, l'aimerait-il encore si cette transformation venait à opérer ? L'aim.. quoi ? Non, rien. On oublie. Pour tout ce qu'elle fait sortir de lui, de si faible, de si fragile, à cet instant il la déteste. Il a envie de lui cracher au visage - et d'embrasser ses lèvres avec une fièvre nouvelle. 
Il n'a rien répondu, n'enchaîne pas, vient de se prendre un uppercut auquel il ne s'attendait pas. Boxer vaincu, pas courageux pour un sou, le garçon. Il baisse les yeux, touché de plein fouet. Il a beau essayer de le cacher, cela se voit certainement. 

Plongé dans son mutisme, il fixe l'océan d'un oeil sévère et glacial. Les traits de son visage se sont crispés, il s'éloigne du monde extérieur pour se reprendre, se protéger - et donne, donc, l'impression brutale de l'ignorer. Il ne se reconnecte à elle seulement quand elle s'esquive. Il n'a pas écouté. Lui refusera-t-elle de rester ? En a-t-il toujours envie, d'ailleurs ?
Evidemment. Mais il faut bien faire semblant. Reprendre des forces. Ne pas la laisser gagner. Ne pas la laisser voir. Elle a parlé d'un marin. Il lève la tête, l'homme est toujours là sur le pont, s'est arrêté et lui offre un sourire allant d'un bout à l'autre de son visage. Mais Drake le fixe avec une sévérité qui le fait vite continuer sa route. Il s'en fout, des ragots ! Qu'ils racontent ce qu'ils veulent ! Ils ne savent rien. RIEN ! Ils savent pas qu'ils se brûlent l'un contre l'autre à chaque fois, ne savent pas qu'ils se montrent les dents, mordant parfois, à se creuser des blessures au creux des reins et de leurs sourires falsifiés. Qu'ils se propagent le même venin, celui de toujours revenir à l'autre malgré leurs dires. Ils savent pas, eux, qu'il peut pas se passer d'elle et, pourtant, que parfois sa compagnie lui fait friser la folie. Qu'elle lui manque même quand elle est là.
Elle revient - avec la bouteille de rosé, il lui semble. Drake s'est repris, renforcé par l'affront. Le tonnerre l'a réveillé ; son père lui racontait parfois que c'était les géants qui marchent sous l'eau qui se cognent aux récifs. Il y croit, à toutes ces conneries, lui. Il y a toujours cru. Et s'ils plaisantent au sujet des sirènes, il sait bien qu'elles existent. Il en a la preuve ici même. Il tourne la tête vers elle, un fin sourire au coin des lèvres. Tu veux me saouler, Sashen ? souffle-t-il dans sa direction. Il rallume une nouvelle clope, puis la fixe au travers de la fumée qu'il expire de ses lèvres. Il sait que tous la surnomment plutôt Sash. Mais il n'est pas tous. Il étire ses jambes, frotte sa barbe de trois jours par rasée depuis bien plus longtemps que ça en vérité. Il pousse son verre vers elle, qu'elle le serve ! Qu'elle le saoule, qu'elle le viole même s'il faut en arriver là. Peu importe. Tant qu'il peut rester. Il dénoue ses cheveux, les laissant s'emmêler plus encore qu'ils ne le sont à l'air iodé. Le vent s'est levé, la tempête approche ; il sait qu'elle peut le sentir comme lui. Qu'elle connait l'océan comme lui. Qu'elle sait l'anticiper, malgré son imprévisibilité constante. Un second coup de tonnerre fait sursauter Poséidon qui vient soudainement se réfugier dans les jambes.. de la dame. Et si j'ai peur, moi aussi, je peux venir me réconforter contre toi ? Il fixe le petit jeu du chien, avant de prendre une gorgée de ce rosé qui a meilleur goût qu'avant. Déjà oublié, la joute. Déjà oublié, cette défaite qu'il a laissé entrevoir sur son visage, dans son silence. Ou peut-être ne prépare-t-il que sa revanche. Une goutte s'écrase sur son visage. Ah. Il pleut. Mais faut finir la bouteille, t'as dit. Tu n'oserais pas me laisser rentrer sous la pluie jusqu'au marais. Ce n'est pas une question, il s'impose carrément. Il observe la houle se creuser, faire tanguer un peu le Medusa. Une angoisse le prend, sournoisement. Et il ose, demander, d'une voix qu'il espère neutre : Tu es de service, cette nuit ? Mais on peut sentir. La dernière note devenir plus aiguë malgré sa voix caverneuse. L'inquiétude, perceptible comme une plume sur le revers d'une main.
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Tout ramenait toujours Sashenka au St Peter Port. Le dépôt du sog s’y trouvait ; le Médusa, sa tanière, s’y trouvait elle-aussi dans son espace reculé. Et de tous les lieux qu’elle chérissait sur l’île, le port représentait à lui seul le meilleur et le pire dans sa vie. Le meilleur pour le crew qu’elle estimait si fort à bord ; son mentor, son protégé et ses alliés. Le pire… pour ces âmes échouées qu’elle ne pouvait plus secourir. Et quand le tonnerre fulminait, déchirant l’éther, les vagues scélérates s’effondrant sur les rivages, elle redoublait de vigilance, prête à être appelée par le crew, à partir dans la seconde - s’il le fallait. Vigilance décuplant ses affres, l’interrogation demeurante, sans cesse sur ses lèvres : le navire de l’enfant Madsen était-il toujours amarré au port ?
Chaque fois, au départ du ponton, elle scrutait l’emplacement de la péniche du marin. Et si la bicoque était absente, elle devenait transe. Heureusement, Drake n’était pas de ceux à investir la mer en toute inconscience, à se risquer sur les violences de l’aqua simplex. Mais parfois, l’humeur changeante de Poséidon - l’intangible, cette-fois, surprenait marins habitués des tendances.
Sur le pont du Médusa, cigarette accrochée au bout de ses lèvres abîmées par le sel agressif, Sash contemplait le ciel sans animosité. Certes, le sog pouvait interrompre sa journée de repos, mais au moins, pour cette fois, n’avait-elle pas à courir sur l’embarcadère, à chercher des yeux le navire qui la précipitait sans cesse dans le feu de la géhenne. Car son insondable marin entendait bien rester-là. Et même si elle n’était pas prête à manifester sa félicité, elle ne voyait-là que les prémices d’une miraculeuse journée.
Elle descend là en bas et recroise, encore, sa chienne amorphe à l’entrée. Elle cherche deux chaises pliantes dans le ridicule débarras à côté de sa chambre, trouve un mur sur lequel les coincer un instant. Puis elle entre à l’intérieur de sa salle de bain - pièce minuscule qui fait  sa fierté, décoration steampunk arborée. Son faciès s’immobilise devant le miroir, efface quelques traces de crayon noir, reporte un peu de couleur à ses lèvres vermeilles. Elle marque des efforts timides, recherche latente de séduction, tentative à peine affirmée. Puis elle revient la bouteille et deux verres coincés dans une main, les deux chaises pliantes dans une autre. - Allons-y pour le rosé alors. Elle dépose le vin et les verres sur la table de jardin, ouvre les chaises et s’abat sur l’une d’elle. Tu peux pas me laisser finir cette bouteille toute seule. Le liquide prend déjà possession des godets. Le premier verre est tendu au marmot des océans. Son verre à elle trouve déjà sa place dans ses mains. Elle le voit qu’il dénoue ses cheveux, forçant l’extase dans ses prunelles azurées. Le vent se lève et agite quelques-unes de ses mèches insoumises. Elle aimerait en saisir une sous ses doigts, en humer son odeur, s’en extasier. Drake avait-il conscience de sa splendeur ? Oui, comment pouvait-il l’ignorer ? Lui, séducteur chevronné des poupées ensorcelantes de l’île ; navigateur sur les courbes féminines.
Le tonnerre interrompt ses contemplations silencieuses, le courageux Poséidon réfugié sous ses jambes. - Et bien et bien. Pas si téméraire que ça finalement le Posé. Au moins, tu sais qui est la mieux placée pour te protéger.  Elle délaisse un instant son verre et glisse tendrement sa main sur le clebs effrayé. Gaïa et Poséïdon. Même race. Même mythologie. N’importe qui aurait entrevu là un signe. Mais d’aucun, ni de Sash ni de Drake, ne semblait y voir un message ou un délire du genre. - J’entends bien me saouler puis décuver avec toi. Donc ouais, j’vais te viner la gueule. Là, vous voyez ? Ne vient-elle pas d'exiger sa capture ? L’alcool au service du prétexte, néanmoins, plaidant pour son seul désir : qu’il reste. Question ou pas, qu’il s’impose ou non, elle aussi affirme enfin sa décision.
Vient finalement l'éternelle question. Sashenka sera t-elle de service ce soir ? - Oui.  La fumeuse éternelle cherche encore cigarette à consumer. Si ce n’est pas la mer qui la fait succomber, c’est l’obscur sur ses poumons qui la détruira. - Mais plus tard, autour de seize heures. Elle intercepte un peu l’inquiétude. Se racle un peu la gorge. - D’ici là, l’orage sera retombé.  Elle lève les yeux au ciel, laisse les premières gouttes de pluie glisser sur sa peau. Est-il vraiment inquiet pour elle ? N’est-il pas lui aussi toujours en mer, bravant les vagues, le vent et la pluie ?
- Et toi ? Que vas-tu faire, ce soir ?  Quelle muse-s'accrochera sur ta peau cette nuit ? Jalousie, de retour comme une claque inattendue. Elle le fixe, le pénètre un instant, cherchant à lui soumettre cette rivalité qu’elle ne supporte plus ; les sirènes, cette fichue concurrence. - Je connais déjà la réponse. Qu’elle expédie comme un boulet de canon. Griffes qui se serrent dans sa paume. L'humeur hargneuse.
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" let's pick the truth that we believe in, like a bad religion - tell me all you original sins (...)
we're gonna chose the blue pill, we're gonna close the curtains, we're gonna rabbit hole down
third act love now " music

Pourrait-il seulement le deviner ? L'imaginer ?
Là, avant de prendre la mer, qu'elle surveille le bateau. Le Maddison. Son embarcation, la sienne à lui, pas à n'importe qui d'autre. Et si elle en surveille d'autres ? L'idée ne l'effleure pas. Non pas qu'il puisse ignorer qu'elle puisse avoir d'autres amants - en a-t-elle ? - mais Drake préfère parfois faire l'autruche. Ce qu'il ignore ne peut pas le toucher, ne peut pas le blesser. Naïvement, il se protège. Comme si on l'avait un jour torturé de l'intérieur. On pourrait le croire, avec son comportement. On pourrait croire qu'il a déjà été blessé, meurtri, trahi, ruiné. Si seulement. À croire qu'il est juste né comme ça, protégé comme un guerrier se jetant dans une bataille perdue d'avance.
Elle va et vient, semble tout préparer. Il fixe le ciel ; la pluie finira-t-elle par les chasser de l'extérieur ? Par le chasser de sa demeure ? Peu importe. DAns l'état dans lequel il se trouve, Drake se dit qu'il pourrait lui faire l'amour là, sur le pont, aux yeux de tous. Il soupire, ricane dans sa barbe pendant qu'elle est à l'intérieur et écrase son mégot avec comme une rage qu'il ne cherche plus à dissimuler. Il s'écrase à son tour sur une chaise pliante, qui grince fortement sous son poids - en aurait-il pris ? Il n'est pas du genre à faire attention, de toute façon. Prendre soin de lui, pour quoi, pour qui ?
Pour elle, peut-être ? Mais cela serait admettre beaucoup trop de choses. Il rapproche discrètement sa chaise de la sienne, comme si la distance entre elle et lui devenait insoutenable. Il peut sentir son parfum. Il fait glisser ses yeux clairs le long de ses jambes, de ses hanches, de son corps si désiré, si rêvé, si chéri, parfois. Il l'observe caresser Poséidon, jouissant de l'intimité qu'il lui dérobe en l'observant ainsi, comme si ça lui était interdit. Il remarque ses lèvres qui ont rougi. Elle s'est apprêtée. Pour lui, vraiment ? Cette simple idée fait chahuter son organe cardiaque, son souffle là, qui s'accélère. Il lui faut déjà une autre cigarette. Elle en a rallumé une aussi ; deux drogués qui ne savent même pas ouvrir les yeux sur leur véritable drogue. Car elle en est une. Oui. La réponse tombe, il serre la mâchoire, ses joues se crispent. Il resserre la prise sur son verre. Ne pars pas. Il lève les yeux vers le ciel qui n'est pas si noir que ça, sent le vent pas si puissant que ça, sent sur son visage la pluie pas si ardue que ça. N'essaierait-il pas de se rassurer ? Elle semble entendre ses inquiétudes comme s'il avait parlé à voix haute et il se retrouve pris au piège. Voilà qu'elle le rassure. Il ne dit toujours rien. Il la fixe, s'imaginant la voir partir pour toujours. Ne devrait-il pas, comme jamais, avant ça, lui faire l'amour ? L'idée ne quitte plus son esprit, enivré par l'appel charnel. La tension fait légèrement trembler sa main. Il serre son verre plus fort. Encore une gorgée de rosé. Cela lui monte déjà à la tête, d'ailleurs. Peu importe. Et si je ne te laisse pas partir, devant la tempête ? Il ne pourrait pas la retenir, jamais. Il est pas con non plus, Drake. Il le sait parfaitement. 

La question tombe comme un éboulement. Au fond de lui, il sent les loups gronder. Ces bêtes hargneuses, qui n'attendent qu'une proie sur laquelle se fondre. Une meute terrible, sanguinolente, qui n'en a jamais assez. Alors qu'il semblait presque apaisé, presque calme, presque... tendre (?), voilà la colère qui le rattrape. Il abat brusquement son verre sur la table de jardin - encore un peu, il l'aurait brisé. Son visage s'est fermé, il la fixe avec un air presque effrayant. La colère a transformé son visage - le désir aussi. Tout se mélange, il ne sait plus quel sentiment il doit écouter. Qu'est-ce que ça peut... Il se lève, incapable de finir sa phrase avec calme. Posé sent son agitation, lance un petit jappement mais le marin ne lui offre aucun regard. Il se retrouve debout, comme un con, les poings serrés. Il a envie, soudain, de la frapper.
Il n'oserait pas. Jamais. Qui sait ? Qui sait ce dont il est réellement capable, au fond ? D'obéir à cette meute de chiens errants qui le rongent depuis l'intérieur ? Qu'est-ce que ça peut te faire, hein ? C'que je vais faire de ma soirée, en quoi ça te regarde ? Il a levé la voix, une ton vibrant, rauque, enivrant. Emporté par la rage, il donne un coup de pied dans la chaise qui glisse jusqu'à elle. Il n'en peut plus. Elle le rend taré. Ou peut-être l'est-il déjà de base, finalement. Il s'approche, presque menaçant - mais elle n'aura pas peur, n'est-ce pas ? Il se penche vers elle, sa simple odeur le faisant chavirer mais il lutte, il ne peut pas céder ! Il attrape les accoudoirs de la chaise sur laquelle elle se trouve pour se rapprocher, penché au-dessus d'elle, son visage à quelques centimètres du sien. Embrasse-moi. Pff, tu parles, rêve pas ! Tu lui gueules dessus, tu crois vraiment qu'elle a envie de te smacker, crétin ? Il semble hésiter, une seconde. Une seconde pleine d'une tension insoutenable pour lui. Pour elle aussi ? Comme tu dis, tu sais parfaitement ce que je vais faire, souffle-t-il sur son visage, son haleine sentant sûrement déjà un peu le rosé. Il ne permet pas à son regard de dévier du sien, la dévorant là, simplement de ses iris. Comme une bombe à retardement, le compteur est arrivé au bout. Il lui faut exploser où il ne se libèrera pas de cette colère infernale. J'vais finir ce que j'aurais commencé ici, j'vais me saouler la gueule jusqu'à oublier mon nom, jusqu'à t'oublier toi, et j'irai baiser la première venue qui croisera ma route ! Les mots sont durs, tranchants, assassins. Jusqu'à t'oublier toi. Est-ce qu'elle sait que même ivre mort, il n'y parviendrait pas ? Souvent, il cherche les sirènes en la quittant, c'est vrai. Non pas pour l'oublier, non pas pour chercher meilleure chaussure, non pas pour soulager ses envies bestiales. Juste pour se conforter à l'idée que, finalement, aucune ne vaut autant qu'elle. Je... Il tremble. Soudain, il lâche la chaise et se redresse, la libérant de son emprise malsaine. Un coup de tonnerre le fait sursauter et, comme frappé par la foudre, il s'écarte. Comme si elle l'avait brûlé. Le souffle court, il recule, se cogne dans la chaise renversée. Qu'il ramasse, comme un gamin coupable. Son regard est fuyant. Il a honte. Si honte. Comment peut-il se laisser emporter de la sorte. Il se rassoit immédiatement, le dos droit, prêt à se laisser fouetter. Il le mérite, n'est-ce pas ?
Il fixe le ciel gris. Une goutte de sueur glacée coule le long de sa colonne vertébrale, à lui arracher un frisson désagréable. Excuse-moi, je.. Il bredouille. En un instant, il n'est plus le même. Laissé abattu quand la colère l'a quitté, comme vidé, poupée de chiffon seulement active en étant possédée par le Diable lui-même. Je sais pas c'qui m'a.. Je voulais pas.. Tu.. Il ose tourner la tête vers elle. Attrape sa main, d'un geste presque doux - va-t-elle la retirer ? Il s'en sentirait profondément vexé. Et en même temps, si coupable qu'il est, ne serait-ce pas entièrement justifié ? Il lui faudrait s'expliquer, mais comment dire ? Qu'il ne supporte pas qu'elle mette les mots sur ce qu'il est vraiment ? Une épave dégueulasse, accrochant son ancre au premier port poisseux. Se délectant de poupées innocentes, crachant au visage de la sirène la plus importante. La seule. Le silence est dérangeant, elle le fait se tortiller sur sa chaise. Je peux partir. Si tu veux. Enfin, j'pense que c'est ce que tu veux, après ça. Il ose un dernier regard. Va-t-elle le congédier ? Il le ferait sûrement lui, impulsif qu'il est ! Il prend une gorgée de rosé pour mouiller sa gorge qui lui parait desséchée. Quel abruti fini. Il avait gagné quelques heures avec elle ; il se les retire tout seul, comme un con. Si j'pouvais, c'est avec toi que j'passerai la soirée, confie-t-il soudain, comme si ça pouvait jouer en sa faveur, comme un dernier espoir, une dernière lueur au fond de l'obscurité malsaine dans laquelle il va replonger. Mais il n'a pas trop d'espoirs. Sashenka ne lui laissera aucune chance, il le devine déjà.
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Le rosé l’enivre mais n’excuse pas tout. Son aigreur maladive suinte de cette jalousie fardée ; se répand dans ses veines comme un cancer, tumeur violente harponnée à son épiderme. Inconsciente, encore, de ce qu’elle allait déclencher. Muselière tendue jusqu’à se briser sur ses pieds. Chaos éclaté au grand jour. Cinq mots expédiés dans une fusée. La réponse. Connue sur toutes les langues vipérines. Drake n’est pas un mystère, pas une foutue énigme quand il se frotte aux nuits terrestres. N’importe quel boulet sur l’île peut d’ailleurs en témoigner. Bien sûr qu’elle connait, cette réponse. Ce vice sur ses lèvres exquises. Et lui, bordel, au lieu d’assumer, lui péte son orgueil à la gueule - sa foudre sur sa langue décachetée.  
La chaise glisse jusqu’à elle. Fureur amère de son âme et conscience, violence acerbe dans ses voûtes diaboliques. Ses iris à elle ne quittant plus cette frénésie, aura malfaisante sur le loup implacable. Fébrilité naissante au creux de ses mains, l’envie de lui décrocher son droit dans ses dents carnassières. Mains pourtant pétrifiées, terrorisées devant l’ouragan. Vague hurlante submergeant sa colonne. Dos droit, coincé sur sa chaise. Coeur explosif. Gibier jeté en pâture au loup norvégien. Sa caboche inflexible, blême, invincible. Les accoudoirs dans ses mains, elle laisse-faire, continue de le fixer. Son haleine, bien trop proche de la serbe ; elle aurait mêlé ses lippes aux siennes dans d’autres circonstances. Mais le spectacle offert était plus brûlant encore que la danse de leurs lèvres. C’est l’incendie qui consumait ses lippes, l’envie de lui cracher à la gueule, d'abîmer ses traits prodigieux à coup de griffe ; de lui laisser une trace, cicatrice à emporter à l’eden.
Il décharge toute sa colère. Et elle, normalement intrépide, sauvage, agressive, endure sa paralysie. Dominée par sa haine, par ce mépris qu’il lui livre. Elle se tait dans ses propres abîmes. Écoute, entend, s’embrase, meurt à petit feu. Ces enfants de l’océan qui ne se disent jamais rien. Qui se taisent derrière leurs angoisses, qui n’expriment pas la pureté manifeste de leurs sentiments. Et là, il l'étripe, la broie avec son vocabulaire. Comme-ci elle devait y comprendre quelque chose. Comme-ci elle comprenait la portée de ses mots à elle. Non. Putain non. Que dalle. Il l’égarait. Du moins sur l’instant. Car rien ne l’avait préparée à un tel acharnement. Et là, elle perdait son sang-froid. Son intelligence. Sa compréhension du monde des vivants. Le recul, peut-être. Plus tard. Mais pas là. Là, elle refusait de comprendre. Là, elle ne voulait lui dire qu’une seule chose, une seule :  qu’il aille se faire foutre. A fond de train.
Il se redresse, le coup de tonnerre ne la surprend même pas. Exténuée, éreintée par les étincelles qu’il a exprimées, son regard perd de son intensité, ne fixe plus Drake, mais ses pieds. Elle n’entend pas les excuses. Elle n’entend pas les hésitations dans sa voix ; Ses tentatives doucereuses pour atténuer le brasier qu’il a déclaré. Immobile, yeux froissés, offensés, blessés, qui ne veulent plus regarder. Et puis là, il l’achève de quelques mots et l’outrance devient insupportable.
Si j'pouvais, c'est avec toi que j'passerai la soirée
Stop.
Putain.
Qu’il arrête. Qu’il se taise.
La transe l’aborde.
Elle chasse sa main sur la sienne.
L’accablée quitte sa chaise, agrippe la bouteille, la balance avec véhémence. Elle explose, s’écrase, abattu contre la rive de l’autre côté. Le verre brisé, explosé. [ Le myocarde déchiré. ] Elle devine derrière elle que Drake s’est relevé. Elle fait volte-face, pousse ses pas jusqu’à son tortionnaire. Droite. Impénétrable. Ses iris embuées, larmes qu’elle retient à la force de son caractère. Puis ses mains poussent une première fois le thorax du génie du mal.
- Dégage. Cassante, aiguë, amer. Elle recommence. Le ton plus puissant. - Dégage !
Son poing frappe au même endroit. Sans violence réelle. L’énergie n’est pas là. L’envie non plus. - Putain. Casse-toi. Le tonnerre, encore, s’écrase sur terre. La pluie se métamorphose en averse et la scène n’en est que plus misérable. Elle pourrait déverser toute sa jalousie, exprimer ses ressentiments, mais elle tombe comme un château de cartes. N’a pas le même pouvoir que lui. Déverser sa rage aussi simplement. Elle, en est bien incapable. Et si elle lui disait combien il l’avait blessé, elle exprimerait trop de choses.
Après tout. Que pouvait-elle répondre à tout ce qu’il venait de lui dire ? Oui. Qu’est-ce que ça pouvait lui foutre, à Sashen, cette donzelle qui se croyait au-dessus des lois. Cette sirène, parmi tant d’autres, de quel droit se montrait-elle si curieuse ? Qu’est-ce que ça pouvait lui foutre. Qu’il baise, ici et là. Elle y voyait une réponse. Oui. Elle n’était qu’une conquête. Ni plus ni moins. Victime d’une passion sans double-sens. Au point qu’il pourrait l’oublier sans remords.
Elle le pousse une dernière fois. Lui jette un renier regard - profondément affligé, cette fois ; et s’enfuit dans le Médusa. Ferme la porte à double tour. Se laisse sombrer contre elle. Sa tête plongée dans ses mains. Larmes douloureuses glissantes comme des lames de rasoir.
Gaïa qui s’installe à ses pieds pour la réconforter.
Ni la tempête. Ni le naufrage. Ni la noyade. Ni le cancer n'auront leur peau. Mais cette relation elle-même.
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