hot cocoa & catching up (peter)

hot coca and catching up ft. peter
encore un lever avant le jour, une vente sur le port. encore une fois la remorque était vide avant midi. en temps normal, achille serait probablement rentrée à la maison, elle aurait commencé sa fournée de l’après-midi pour être à l’heure devant la sortie de l’école publique ou bien elle aurait profité du calme de la maison familiale pour dormir quelques heures. mais aujourd’hui, alors qu’elle repliait la table et les tréteaux qui lui servaient de comptoir, elle eut une autre idée : rendre visite à son frère.
après avoir attaché son vélo à un banc, elle se mis donc à marcher vers l’appartement de ce dernier. l’air était froid, le vent assez fort mais cela ne dérangeait pas vraiment achille : le chemin qu’elle devait parcourir était relativement court et la vue qu’elle avait alors sur l’étendue bleue et ses usagers valait bien le rouge qui colorait ses joues et ses mains. les rayons du soleil à son zénith parsemaient la mer de reflets lumineux et les vagues les étaient en mouvement. achille aurait pu rester des heures à regarder ce mouvement calme, d’autres le faisait d’ailleurs et elle dépassa plusieurs couples et familles appuyée contre la barrière de pierre.
rapidement, achille se trouva devant l’entrée de l’appartement de peter. elle ne l’avait pas prévenu de sa visite, espérait ne pas le déranger… après avoir appuyé sur l’interphone et articulé « c’est moi ! » la porte se déverrouilla. pas la peine de s’annoncer : il reconnaîtrait sa voix. ces seize dernières années, il avait probablement eu le temps d’en apprendre toutes les nuances… elle l’avait fait en tout cas ! comme pour tous les autres valentine, elle pouvait reconnaître leur voix en quelques secondes, leurs pas dans l’escalier principal de la vieille maison familiale et même, surtout pour les deux dernières, l’auteur du soupir émanant de la pièce voisine. elle sourit à cette pensée, se demanda ce que pouvait bien faire amahle et romy en ce moment. ennuyer un professeur ? probablement…
arrivée à la porte, elle la frappa de sa main endolorie par le froid. « j’ai réussi à te sauver une part de brownie mais si tu n’ouvres pas de suite je considèrerais que ça ne t’intéresse pas et la mangerait moi-même ! » elle tenait le sachet dans une main et utilisa l’autre pour retirer son bonnet qu’elle enfonça dans la poche de sa veste jeans bien trop fine pour la saison.

allongé sur le lit, les draps en bordel, le froid de l'hiver aura eu raison de bien de monde, dieu merci tu te retrouves au chaud, ton vieux pantalon en velours brun écorché d'un peu partout enfilé, un vieux débardeur blanc, un harmonica que t'as depuis des années entre tes mains, a t'amuser a faire des airs. encore une fois, c'est pas aujourd'hui que t'auras la vie de rêve, encore des écoutes trop faibles, ça en ferait démoraliser plus d'un, mais t'as l'impression d'être talentueux, peut-être que tu l'es dans le fond, mais parfois la roue n'aide pas, et cette fois-ci, elle semble bien trop rouillée, mais qu'importe.
le regard posé sur le bordel apparent qui sors de l'évier, la vaisselle du seul et unique repas d'hier soir oubliée, le reste de cigarettes dans un vieux verre cassé qui a trouvé renaissance en cendrier, finalement se jeter sur l'ordinateur, pour lancer la première playlist spotify pour se donner du courage, alors les mains foutues dans l'évier, pour s'retrouver à nettoyer son propre bordel, finalement remettre un peu de propre. mais encore trop de bordel quand l'interphone sonne et y'a qu'une chose qui viens a ton esprit: merde le propriétaire.

tu sais pas si c'est lui, t'espères pas. et le son de la voix d'achille te laisse un poids tomber un instant avant d'avoir l'instinct qui se répète et les yeux qui s'écarquillent, et ici y'a pas de la place sous le lit pour planquer ses instruments et ses deux planches de surf qui trainent. non le lit sied sur des palettes, comme si ça sortait d'une photo pinterest. les bras qui se haussent un instant, pour se jeter sur le premier torchon pour s'essuyer les mains, la porte qui s'ouvre aussitôt a l'écoute de la présence d'achille, la musique qui tourne encore en fond, et peter qui ne réponds que grand sourire. " le brownie comme d'habitude ? genre LE brownie ? " oui parce-que c'est peut-être la chose qu'il aime le plus au monde. il regarde un instant la veste d'achille, ravalant un instant sa salive, presque frileux inavoué il souffle un instant " t'as pas froid avec ta veste ? " presque sûr de sa réponse, mais soit. il se recule un instant avant de dire par pur reflexe " rentres petite tête. tu comptais pas refaire une tournée cette après-midi ? " parce-qu'il ne veux pas qu'elle se prive pour passer du temps avec lui, ça le ferait pas mal chier de savoir ça.

la porte s’ouvre rapidement après la « menace ». chaque fois que les valentine manifestent de l’intérêt pour son travail, achille ne peut s’empêcher de sourire, emplie d’une certaine fierté. avec des ainés comme sofia et peter qui excellent dans chaque activité à laquelle ils s’intéressent, elle a souvent l’impression d’être moins ; moins talentueuse, moins sociable, moins jolie aussi. mais lorsqu’elle rencontre un plat vide abandonné dans l’évier de la maison familiale, constate qu’un scone manque sur une assiette, ces inquiétudes disparaissent immédiatement. en pénétrant dans le studio, achille tend le sachet à peter. elle hoche la tête : celui-ci même : avec supplément noix et sorti du four juste avant que le dessus ne fasse de croute….
l’air de l’appartement était chaud, rapidement les doigts retrouvèrent leur complète mobilité. avant de la laisser entrer, peter avait commenté sa veste, achille haussa les épaules : il fait toujours froid ici puis pédaler avec une grosse veste…. pour achille, le froid, le vent faisaient partie de l’expérience que représentait guernesey, elle avait appris à les accepter.
sans arrière-pensées particulières, les yeux de la pâtissière se mirent à parcourir rapidement le petit appartement. peter avait emménagé ici il y a quelques mois ; elle se rappelle la remarque cynique de amahle, l'émotion que maman cherchait à dissimuler et la fausse indifférence de papa. pour achille aussi, ça avait été difficile, chaque départ l’avait été : l’impression que les ainés vont finir l’oublier, que la maison est plus grande, trop grande et sera bientôt trop silencieuse… pourtant, malgré son départ, peter ne semblait pas décidé à l’oublier : il y avait le groupe qu’il avait accepté de rejoindre, les visites de l’un dans la maison familiale et plus les autres, improvisées par la cadette comme aujourd’hui. au confort familial, peter avait préféré ce studio qui en comparaison semblait minuscule. passer du « chez nous » au « chez-moi », elle n’était pas prête à le faire mais pouvait le comprendre : à la maison, il fallait accepter les compromis, d’appartenir à un groupe ; ici, tout criait peter. tout criait peut-être même un peu trop peter : l’appartement regorgeait de reliques de son passage éparpillées aux quatre coins de la pièce. un cendrier à moitié plein sur la table, une pile de t-shirts froissés sur une chaise, plusieurs tableaux abandonnés ici et là ; cela amusa achille. elle aurait pu faire une réflexion si sa chambre n’avait pas été une copie miniature de la pièce dans laquelle elle se trouvait… pas de cendrier ni de toile dans son grenier mais des livres de cuisine, des partitions éparpillées sur le sol et le bureau, des bougies toutes à demi brulées rassemblées par dizaine dans différents coins de la pièce. même twig, son chien mettait un point d’honneur à étaler tous ces jouets dans la pièce…
la voix de son frère ramena achille à elle-même ; s’appuyant contre le dossier d’une chaise, elle se tourna vers lui. c’est les vacances scolaires, je rends service aux enfants habitués en obligeant leurs parents à pâtisser avec eux… puis je sais que je te manque ! eux me voient presque tous les jours… après avoir retiré sa veste et l’avoir déposé sur le dossier d’une chaise, achille s’approcha des toiles repérées plus tôt et toi ? tu avais quelque chose de prévu ?