DES CENDRES AUX VENTS

âge ( 13.10.1996 ) le quart de siècle presque achevé, à peine de quoi ouvrir les yeux. c’est qu’il faudrait l’éternité pour qu’il commence à se sentir vieux. naissance et nationalité bouffée d’air au parfum cerisier, c’est séoul qui a empli la trachée. désormais soleil levant sur une trop longue absence, n'en garder que mirages pour abréger son enfance. un avion, des papiers tout neufs à la main -- c'est l'adoption qui a bouleversé son destin. à guernsey depuis la fougue des années folles éclatée en fragments anthracites ! ce qui jadis était de rares vacances chez mamie a façonné les us d'une nouvelle vie ; depuis ses douze ans, c'est là qu'il habite. métier, £££ les pieds dans la boue, de la merde jusqu'aux genoux. c'est à la ferme de papi qu'il travaille depuis gamin, et maintenant qu'il est parti kai continue de donner un coup de main. jamais mis les pieds à l'université -- v'là le garnement déjà bien occupé ! statut civil, orientation marié avec le vent, qu'il pourrait vous dire ! c'est lui qui vient caresser la tignasse brune, forcer un sourire, danser sous la lune... maladresse d'un palpitant aux songes hasardeux. après tout, c'est quoi être amoureux ? pronoms he/him. faceclaim song hyeongeun. personnage inventé. crédits pinterest, ludovico einaudi - experience.

— caractère — * — ermite — verre pilé — nicotine poumons crachés — errance funambule — gamin somnambule — bagues aux doigts ; au cœur la frousse de s’engager — gare à toi — un tarot aux lames usées — soleil en éclipse — inexplicable charisme — joueur aux heures perdues — amitiés ingénues — les babines dévoilées — sourire sans compter — une sacrée caboche — illusions plein les poches — œil pour œil, dent pour dent — tout vient à point à qui prend son temps — faux stratège — vilains florilèges — obsessions morbides — fasciné par le vide — buté comme un âne ; quand c’est non, c’est non ! — premières impressions — * —

I. petit prince d'une autre contrée. mère expat' aurait perdu sa garde, le bambin placé en foyer jusqu'à ce qu'un couple décide d'adopter. II. d'une maman, des souvenirs trop fugaces et pour seul visage son propre reflet dans la glace -- dès cinq ans deux papas pour le bercer. qu'il est doux d'être aimé ! III. guernsey conjugué au futur proche, des vacances que faisaient miroiter ses parents pour allumer une chandelle au noir de ses prunelles. les biquettes, les lapins, les veaux de papi ! les bons petits plats et les baisers de mamie... IV. et à mesure que kai grandit les étés s'éternisent. ses pères ne viennent presque pas, mais inutile qu'on le lui dise : il comprend bien que ça ne va pas. V. adolescence juste ébauchée et le joug finit par tomber ; le divorce vient balayer les cendres du joli foyer, creuser au myocarde les sillons d'un second abandon. VI. là font irruption les grands parents ; kai se sent mieux auprès d'eux. la vie est si simple au beau milieu des champs ! ce qui ne devait être qu'une petite année en fait tout à coup deux... VII. on pourrait bientôt croire qu'il a toujours vécu là, à crapahuter les pieds nus, pommettes écarlates, souvent solitaire mais parfois flanqué d'autres insulaires. il y a jesse, nox, ariel et joey -- la bande en furie pour faire trembler guernsey ! VIII. mais kai, il s'éloigne souvent. kai il parle avec le vent. avec le ciel. avec les vagues. kai a l'âme songeuse et les sens en émoi, le cœur tendre même quand il ne le montre pas. kai pense que le monde écoute et qu'il parle aussi, qu'il suffit de se taire pour entendre ses cris. IX. la majorité frôlée, c'est la santé de papi qui décline. la terminale bâclée par le travail qui l'attend à la ferme, auquel il se plie volontiers. un matin, kai est venu l'embrasser -- il n'était plus là. ne restait que la tristesse de mamie à sécher du bout des doigts. X. dad a proposé qu'il rentre à canterbury. daddy a insisté depuis londres, lui aussi. offres déclinées gentiment, sans un bruit ; kai a simplement pris la main de mamie.