(mara) the storm distorts the garden's beauty

âge trente ans naissance et nationalité english, born and raised à guernsey depuis un peu plus de six mois métier, £££ elle s'est longtemps cherchée, mara. dans une autre vie, elle a servi des cafés, vendus des fleurs, rangé des livres sur les étagères d'une bibliothèque public. mais ici, ici elle voulait autre chose. elle a essayé d'écrire un roman, sans grand succès. depuis quelques semaines maintenant elle fait bon usage de ses études de lettres en ayant accepté un poste d'assistante dans la petite école de l'île ; juste quelques heures dans la semaine où elle aura l'impression de se rendre utile. statut civil, orientation elle aime l'amour, mara. elle aime les hommes, les hommes pensent l'aimer mais se lassent, toujours. pour autant, sur l'île, elle est vue comme l'amoureuse transie. une belle illusion quand son cœur cherche encore mille réponses à ses questions. pronoms elle/la faceclaim e.olsen personnage inventé crédits pinterest, d.kennedy

— caractère elle est de ces gens que la romance n'effraye pas. elle aime les mièvreries et la douceur et les attentions du quotidien. elle a ce côté naïf et optimiste que certains détestent. elle tombe, souvent, n'a pas le moindre sens de l'orientation, ne fini parfois pas ses phrases parce que les mots ne viennent pas ou qu'elle est distraite. mais mara, elle est à la fois franche et acerbe, elle n'a pas peur des vérités. sa curiosité la perdra, elle se demande souvent si elle ne finira pas assommée à coup de pelle pour avoir outrepassé une propriété. elle a le mensonge en horreur, celui qu'elle sert au monde lui brûle les lèvres à chaque fois. mara, elle est de ceux qui font confiance, qui laisse la porte ouverte, donne tout sans attendre en retour, mais que la mélancolie prend quand d'aventure elle se rend compte que le monde est différent. que les êtres humains sont villes. que l'avenir ne sert à rien. alors, ça vient par vagues, c'est incontrôlable et violent, ça la clou au sol un peu trop longtemps. jusqu'au retour du soleil. tout s'envole. elle repart. c'est toujours la même histoire.



Dans la voix de son père ce soir, parcourant les lignes d’un roman de Dickens, les sanglots s’étouffent, la mort dans l’âme. Elle est partie. Sans dire au revoir, elle est partie. Pour un autre, elle est partie, en les laissant sur le parvis. Mara a quinze ans et le cœur gonflé d’un amour tendre pour son pauvre père, lui qui n’a rien demandé. Pourtant ce soir, la promesse est tacite entre eux. Nous n’irons nulle part. Tout ira bien. La vie sera simple et douce et on sera heureux, tu verras. Ils l’ont été. Il lui aura donné la beauté des livres, l’amour des mots, la quiétude des silences, la simplicité des petits gestes et l’assurance, enfin, que le bonheur réside en un rien. Quand elle a quitté Cambridge pour Manchester à l’aube de ses vingt ans, son père l’a regardée monter dans la voiture du garçon qu’elle aimait dans l’espoir que celui-ci l’aime aussi. Il les a regardé filer jusqu’à ce que la voiture tourne au coin de la rue. Nouveau chapitre, nouvelle vie. Mara s’est accroché à cet amour mais il ne voulait plus. Elle est restée, pourtant, dans cette ville comme une autre, pour continuer sa vie. Elle s’est faite au monde, aux bars bruyants, s’est liée d’amitiés superficielles, est tombée amoureuse une bonne centaine de fois aussi. Comme on tombe d’une chaise ; et Mara est maladroite. Elle fini ses études de lettres sans savoir quoi en faire, enchaine les petits jobs et tout lui va, tout lui va. Elle n’est pas bien compliquée. Son cœur est large, il prend, il prend.


Ce jour de juin, elle travaille dans une petite boutique de fleurs en centre ville comme depuis plusieurs mois déjà. Il est tôt quand elle réceptionne les bacs de fleurs fraiches dans l’allée derrière le labo. Le temps est gris, elle prend le temps de resserrer sur ses épaules les pans de son gilet. C’est là qu’elle les voit. Elle n’a même pas entendu le vacarme des voitures mais ces deux hommes en noirs dénotent dans le paysage. Ils se fixent, trop longtemps. Puis ils filent dans une camionnette qui dérape. Quand la police arrive, on lui parle d’un braquage dans la banque d’en face. Un mort, le vigile, une histoire de mauvais timing. Les visages lui reviennent, Mara devient témoin. Tout va trop vite, après ça. L’identification, la date du procès suite à l’arrestation, une histoire de gang, les remerciements de la famille, l’avocat de la partie civile et ça tourbillonne autour d’elle, ça tourbillonne. Bien sûr qu’elle ira témoigner même si elle n’est pas obligée. Elle refuse qu’on lui enlève la vérité de ses yeux, alors elle la donne, cette vérité, devant juge et jury. Elle ne comprend même pas qu’elle se met en danger. Elle s’en fiche, Mara ; un homme est mort. Elle, pourra continuer sa vie, une fois la sentence donnée. C’est ce qu’elle croit. C’est beau, comme image. Elle ne sait pas à qui elle s’attaque, ne sait pas que sur elle, la menace plane. Si elle change sa version des faits, tout est remis en question. Si elle disparaît… alors, on la somme de partir. Juste quelques temps, pour son bien. Mais Mara n’a nulle part où aller. Mara n’a plus de famille depuis que son père est parti. Mara n’a pas envie. On ne lui laisse pas le choix.


Theodora Marabelle Pritchard devient Mara Becker ; c’est plus simple pour se fondre dans la masse. On lui promet que son exil ne durera pas plus d’un an, deux maximums. Qu’ils font ça pour son bien, le temps que l’affaire soit classée, que la défense renonce à faire appel. Sa nouvelle histoire est simple : elle n’est qu’une fille amoureuse d’un homme qui revient aux sources et a tout plaqué pour le suivre. Cette histoire a déjà été la sienne, si l’on veut, alors d’accord. Guernesey lui offre mille promesses, l’optimiste veut croire en un renouveau possible sur l’île. Le calme, le claquement des vagues, Ren. L’homme qu’on lui a assigné. Celui qui n’a pas envie d’être là, qui semble détester cette île qu’il connaît par cœur, qui partage son secret et son toit. Elle sait trop peu de choses de lui quand il sait tout. Mais pour lui, elle n’est qu’un job. Alors Mara ne s’attend pas à le voir s’étendre sur sa vie. Elle attrape des bribes par-ci par-là. Laisse sa curiosité voguer. Elle s’imprègne de l’île, se demande parfois si un jour, elle retrouvera le continent. Ou si on exil est définitif. Would it be that bad ?