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 day for ghosts ; drake

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Sous la pâle lueur du réverbère, assise sur le muret qui faisait face à la maison de son frère, Lenore chantonnait tout en griffonnant son carnet de dessins dans lesquels certains y auraient décelé quelques arcanes magiques. La nuit s’y prêtait bien : c’était Halloween. Fête de douces frayeurs et de bonbons acidulés pour certains ; rituel d’un autre temps pour d’autres. Après avoir passé sa journée dans le centre-ville à tenir un stand sur le marché artisanal et passé le début de soirée au pub, Lenore patientait désormais. La soirée était fraîche mais cette année, Lenore avait délaissé ses costumes austeniens qui la faisaient immanquablement passer pour un esprit victorien de films d’épouvante – les gens n’y connaissaient rien ! – pour le ciré et les bottes jaunes de Coraline, la petite héroïne de Neil Gaiman qui lui avait donné bien des frayeurs enfant. Un jean et une perruque bleue complétaient le tout pour un costume qui lui tenait bien plus chaud que les robes vaporeuses des héroïnes de Jane Austen.

Mais ce soir-là, comme chaque année, Lenore avait progressivement quitté l’ambiance de fête pour pénétrer le royaume des souvenirs et des fantômes qui les hantaient. A mesure qu’elle s’était éloignée de la civilisation, remontant le chemin qui menait au marais, la disparition et l’absence s’étaient invitées dans ses pensées. Le rituel avait débuté. Il y avait d’abord ce visage aux contours flous qui ressurgissait, cette chaleur moelleuse qui faisait comme un manque et ce coup de pinceau qui restait gravé dans sa mémoire. Du souvenir de sa mère, Lenore n’en avait plus que des bribes. Et sa disparition, survenue précisément quand le voile entre la vie et la mort s’ouvrait, avait la consistance d’un mauvais rêve. De cette soirée, la jeune femme n’avait que des images fugaces, sans doute mêlées à d’autres souvenirs qui n’avaient rien à voir. Elle était trop jeune. Peut-être n’avait-elle pas compris immédiatement ce qui cela signifiait, la mort. Aussi n’avait-elle jamais vu dans cette fête d’Halloween que ce qu’elle était précisément : une fête, ni bonne ni mauvaise, simplement une occasion de s’amuser. Mais pour ses frères, l’histoire n’était pas la même et le souvenir en était bien plus douloureux, en particulier pour Drake. Et alors que c’était lui qui l’avait toujours protégée, qui avait fait de son mieux pour s’occuper d’elle ; en cette soirée, c’était elle qui prenait soin de lui. Et quoi qu’il arrive, elle était toujours là, toujours disponible, pour passer cette soirée avec lui. Instauré depuis cette funeste disparition de leur mère, ce rituel voyait ainsi Lenore patienter, attendant sans aucune forme d’empressement, la sortie de son ours de frère. Chaque veillée d’Halloween était différente, mais toutes, ils les passaient ensemble.

Si le temps s’étirait, Lenore ne le sentait pas. Si le froid forcissait, elle ne le ressentait pas. Concentrée sur sa chanson, sur son dessin, plus rien n’existait jusqu’au moment où la porte s’ouvrit. Elle releva alors la tête, un sourire mutin aux lèvres, faisant passer son crayon dans la main qui tenait le carnet pour s’emparer d’un gobelet de carton qu’elle lui tendit. « Jus de citrouille à la Harry Potter préparé par Mme Guthrie. Il est pas mal épicé, si tu veux mon avis. Mais ça se boit. »
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Drake ne se souvient pas de la dernière qu'il a fêté Halloween. Fêté vraiment. Déguisement, chasse aux bonbons, jeux stupides. La dernière fois, il avait vingt ou vingt-et-un ans. Il se souvient surtout d'avoir pris une cuite mémorable. Il avait vite dessaoulé quand son téléphone avait sonné.
Chaque année, il n'y manque pas. La soirée se déroule derrière ses paupières comme un vieux film culte auquel on ne peut pas échapper. L'incompréhension - comment ça, vous l'avez retrouvée ? elle n'a pas disparu ! - suivi de la colère - vous racontez n'importe quoi ! - et, finalement, était venu la peur. Immense, dévastatrice, pire encore que l'absence. La peur d'être seul - car c'est ce que la mort de sa mère avait provoqué. Pas réellement seul. Mais seul face à des responsabilités auxquelles il n'avait jamais été confronté. Par exemple : élever son frère cadet et la petite dernière, Lenore. Parfois, il se plait à penser que ç'avait été un bien pour un mal. Leur mère était trop malheureuse, trop déprimée ; l'océan l'avait prise comme elle avait pris leur père. Peut-être s'étaient-ils retrouvés, peut-être était-ce un soulagement pour elle, d'abandonner enfin. Et puis, sans ça, il est certain que sa relation avec Lenore ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui. Jeune adulte inconscient, il avait dû grandir en quelques heures seulement.
Et donc, comme toujours, Drake n'avait pas fêté ce soir. Il était bien descendu en ville, surtout pour se montrer - on chuchote beaucoup que s'il ne vient pas, c'est qu'il se saoule tout seul chez lui en pleurnichant. Les ragots vont bon train, Drake en est la cible idéale. Sa vie décadente, ses complexes dévoilés à tous. Les rumeurs enflent, se déforment. Il les brasse sans réelle réaction. Comme s'il ne les entendait pas. Mais elles arrivent toujours à ses oreilles. Alors, il est bien sorti. S'exposer, accompagné de son chien comme d'un bouclier. Il a pris quelques bières, lancé quelques plaisanteries. Sans déguisement, sans se fondre pourtant dans cette ambiance qu'il trouve aujourd'hui macabre. Se rendent-ils compte qu'ils fêtent les morts ? On fête tout et n'importe quoi, aujourd'hui ! Pourtant, il adorait cette fête, autrefois. Dans une autre vie. Près d'une heure qu'il est rentré. Drake s'est installé dans le noir, toujours la main sur son border collie, qui lui procure chaleur et compagnie. Une bière ramenée de la fête entre les mains, il fixe le vide. Il affronte le visage des fantômes. Sont-ils fiers de lui, depuis là-haut ? Pff, Drake n'croit pas à toutes ces conneries. Et puis, s'il y croyait, il se dirait qu'il n'y a pas de quoi être fier, vu ce qu'il est devenu. Il dirige ses souvenirs sur la douceur de leur mère. La tendresse, les chocolats chauds accompagnés de marshmallows qu'elle leur faisait l'hiver. Son rire, quand l'un d'eux racontait une blague. Il ne se souvient pas d'une seule fessée ni même punition. La dureté venait plutôt de leur père, quand il n'était pas en mer - c'est-à-dire, finalement, pas si souvent que ça. Ils n'avaient pas eu une enfance mauvaise. Elle avait, en vérité, si bien commencé qu'on ne pouvait en attendre qu'une fin tragique. Mais non. La douceur, le parfum de la cannelle, ses cheveux ondulés. Il ne veut pas penser à la dureté de ses traits, ses yeux vagues, les mots marmonnés dans sa barbe sans qu'on ne puisse la comprendre. Après la mort du paternel, elle s'était décomposée en elle-même, devenant un fantôme livide, déjà absent.

La voix qui le sort de sa torpeur lui arrache un sourire. Drake essuie ses joues par réflexe même s'il n'a pas pleuré. Il n'y arrive plus vraiment. Il glisse dans sa poche la seule photo qu'il lui reste d'elle, jaunie et déchirée à un coin. Poséidon lance un jappement d'impatience, déjà devant la porte. Drake sourit, s'y dirige lentement. Il n'allume pas la lumière, attrape plutôt sa veste un peu décousue, trop grande pour lui malgré son gabarit d'homme des cavernes. Lenore est là, assise sur le muret devant chez lui. Elle rayonne, l'inondant sans mal de cette faculté solaire qu'elle possède. Il sourit déjà. Le marin s'approche, puis mine l'hésitation. Elle t'a sûrement demandé de venir l'apporter à ton esseulé de frère, je suppose. J'lui fais pas confiance, elle y a peut-être mis du poison, l'autre fois, Posé a uriné sur ses géraniums. Il lâche un rire bref et attrape le gobelet brillant. Il s'installe à côté d'elle, la dépassant d'une bonne tête. Son bras libre s'agrippe immédiatement à ses épaules. Tu sais qu't'es pas obligée de venir, Lenore, tu peux retourner t'amuser, lui conseille-t-il d'un ton pourtant reconnaissant. Chaque année, elle est là. Sans qu'ils n'en parlent, sans qu'ils ne le prévoient. Rendez-vous crucial, immanquable. Il est dévoué à s'occuper d'elle tous les autres jours de l'année ; celui-ci, les rôles s'inversent. Il ne sait même plus à partir de quand ce rituel éloquent a commencé entre eux. Raconte-moi ta soirée, lui intime-t-il en glissant un regard tendre vers elle. La prunelle de ses yeux. Pour sûr, le premier qui la touche prend cher. Beaucoup en ont déjà fait les frais, même quand elle n'était qu'au lycée, le moindre garçon qui lui tournait autour se voyait bien mis en garde. Drake a toujours assuré sa survie et sa protection comme il est lui-même. Avec maladresse, un peu brusque, un peu impulsif. 
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Lenore pouffa. C’était bien le genre de Mme Guthrie de se venger de la sorte. Sous ses airs de gentille anglaise à la bonhommie digne des cuisinières d’antan, la jeune fille avait toujours pensé qu’elle ressemblait à la sorcière d’Hansel et Gretel, alors si le compagnon à quatre pattes de son frère s’était rendu coupable d’un tel outrage, il était bien possible que la boisson de son frère comporte une toute autre sorte d’épices. En attendant, Poséidon semblait ne pas du tout comprendre qu’il était au cœur de l’intrigue, et Lenore enfourna ses mains dans les poils longs et soyeux de l’animal, ravie de retrouver sa chaleur si agréable. Celle de son frère l’entoura bientôt, un geste dont elle ne se lassait pas, capable de faire fuir toute la tristesse du monde. Ironique en cet instant, quand c’était justement ce qui les rassemblait ce soir-là. La douleur de la perte, le poids des souvenirs. Et c’était à son tour à elle d’être le roc sur lequel il pouvait s’appuyer, et de tenter d’alléger sa peine pour que le passé ne disparaisse jamais mais pour qu’il en devienne plus doux, plus acceptable. Cette résilience, elle l’avait elle-même trouvée, mais elle savait que ce n’était pas le cas de Drake et que c’était à elle de l’accompagner sur ce chemin, qu’il trouve le moyen de surmonter l’épreuve et qu’il puisse enfin trouver le bonheur. Ce bonheur qu’elle pensait sincèrement connaître, cette joie de vivre qui la caractérisait et qui faisait défaut à son frère, qui l’empêchait de voir que tout était encore possible. Aussi ne répond-t-elle pas quand il la sermonne, comme chaque année, lui intimant de profiter de la nuit, de la fête. Elle sait qu’il ne le pense pas vraiment, qu’il apprécie autant qu’elle cette soirée à tous les deux, ce moment hors du temps, et qu’il en serait encore plus fou de douleur si elle venait à manquer ce rendez-vous. Comme elle serait elle-même profondément coupable, triste, gênée, désespérée, de ne pas y être.

« Cette année, je dirais que c’était une soirée… cotonneuse… », commença-t-elle avec un faux air de réflexion intense. « Tu sais, cette atmosphère où les gens sont particulièrement joyeux, mais tout en étant très doux, moelleux, chantants…mais peut-être étais-je juste un peu pompette ? » fit-elle avec une moue faussement perplexe. « C’était une belle soirée », reprit-elle un peu plus sérieusement, « j’apprécie toujours autant de rencontrer d’autres artisans, de discuter avec eux, de découvrir leurs inspirations, leurs espoirs, leurs idées, leurs créations. C’est toujours très nourrissant et je pense que notre soirée t’aurait profondément ennuyé, nous n’avons fait que parler, parler et parler… Il n’y avait personne à qui casser la figure… » Elle lui jeta un petit coup d’œil taquin. Puis étira ses jambes endolories d’être restées croisées sous elle sur le muret, faisant se redresser Poséidon qui voyait là sans doute une promesse de jeux ou de balade. « Et toi, veux-tu me raconter la tienne ? », fit-elle plus doucement, attendant qu’il choisisse la direction que prendrait cette nuit de deuil partagé.
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