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 (drake) careful what you wish for

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Je suis le maître à bord - Moi seul suis le maître ;
Bien des costauds, des forts - Ont dû le reconnaître ;
Je serai juste et indulgent - Mais il faudra que l'on m'écoute
Frénésie évacuée, mains martelantes contre la porte du Médusa ; tambour battant dans ses encéphales : il l’avait hurlé, son sobriquet. Par trois fois exprimé dans un semblant de vague à l’âme. Et par trois fois elle s’était montrée impuissante, bornée, propre à rien. Baignée dans ses propres négligences. Incapable d’entrevoir les dommages collatéraux qu’elle provoquait, chaque fois, par sa simple présence. Plaquée contre une porte qu’elle maintenait fermée ; Muraille close, cadenassée. Elle lui en voulait pour ce qu’elle était maintenant ; fragile, déplorable, naufragée. Il avait troublé toute son authenticité. L’avait mutée étrangère à elle-même dans un claquement de doigts. C’est sans équivoque que son poing aurait explosé ses molaires, faisant mordre la poussière au discours qu’il lui avait chié à la gueule - Mégot écrasé sous son pied en tout négligence. Sa hargne à elle répondait par la violence, viscérale et contrainte. Instrument moins prudent, pugnace, mais loyal à son savoir-être. Elle ne se perdait pas dans les beaux discours : le courroux ne demeurait, pour ainsi dire, jamais impatient trop longtemps.
C’est sans état d’âme, pourtant, qu’elle s’était mise à l’abris, protégée à l’intérieur du Médusa. Noyée dans sa détresse immuable, la crainte à son extremum qu’il aille plus loin, trop loin dans sa diction. Car si elle était restée sur le pont, peut-être aurait-il recommencé à s’acharner, débordant ailleurs, sur des sujets sur lesquels ils évitaient toujours de flirter. Peut-être l’aurait-il forcé à avouer, même, cette jalousie perpétuelle qu’elle alimentait pour ses sirènes. Alors, sans même y penser, elle s’était réfugiée dans la péniche. Ereintée. Exténuée, par ses propres malheurs. Les mains prostrées dans sa douleur. Et elle fuyait, comme toujours, des vérités qui n’étaient pas bonnes à dire.
Qu’en savait-elle d’ailleurs ?

***

[Vents et marées,
Orage sans naufrage,
Tempête humaine restée perchée sur sa cornée.]
Les heures se sont écoulées. Les nébuleuses se sont enfuies sur le continent. Laissant jusqu’à entrevoir des étoiles derrière les dernières nuées récalcitrantes. Equipe à peine au complet pour le service de nuit. Sashenka, présente à son bord comme le prétendait son planning. D’humeur bavarde mais libérée de son apprentie, elle s'acquittait d’occupations collectives. Ranger quelques cordées, nettoyer le pont, échanger quelques mots avec le commandant de bord ; Bref, de quoi se fermer à quelques réflexions - s’évitant ainsi la peine de penser au déclencheur de tempête. [ Bien que leur joute sur le Médusa la préoccupait terriblement. ] Alors chaque fois qu’elle en avait l’occasion, elle discutait avec le crew, trouvait quelque chose à faire pour combler son trouble.

Fin du service. Deux heures du matin. L’heure de s’enfoncer sur le port pour retrouver la porte sur laquelle elle avait déversée son chagrin. Pas d’humeur à allumer une cigarette, elle s’oubliait sur le chemin. [ Ce soir, ses insomnies seraient plus virulentes que jamais.] De retour sur le ponton, à quelques pas du Médusa, ses prunelles s’attardèrent un instant sur le porte-clef qu’elle venait d’écraser par inadvertance ; L'identité de son propriétaire immédiatement reconnu. Sa simple apparition suffisait à raviver le brasier. Sur le point de jeter l’objet de ses tourments par-dessus bord, à l’expulser de ses yeux avant de s’remettre à chialer. Putain que Drake la rendait folle.
Folle, au point  qu'elle décide d'y aller,
sur ces fichus marais où il se terrait.

Porte atteinte après des dizaines de minutes de marche. Et c’est seulement une fois sur le perron qu’elle songe, pour la première fois de la soirée, aux mots  virulents qu’il lui avait balancé. Oublier jusqu’à son nom. Se saouler au point de l’oublier elle. Et après ? N’oubliait-elle pas le plus important ? Baiser la première venue qu’il croiserait sur sa route. Et puis après… au moins, là, elle comprendrait. Oui, elle comprendrait à quel point elle n’était rien à ses yeux. Diablerie. Tentation sourde. Quelque chose la poussait à entrer. Pour vérifier ? Pour contrôler ? A quel point était-elle masochiste ?
Drake ne fermait jamais la porte de chez lui. Et ce soir, encore, lorsqu’elle tourna la poignée de la porte, elle se retrouva nez à nez avec créature qu’elle avait presque oubliée. Poséidon. D’abord la grogne sur ses babines puis la réclame quand il la reconnaît. - Chut bordel Posé. Calme-toi. Genoux posés sur le carrelage pour accueillir son adorable animosité. Son maître pourrait-il être à ce point heureux de la voir ce soir ? Non. Putain. Qu’est-ce qu’elle foutait-là ? Etait-elle autant fourvoyée au point de lui faire croire qu'il avait gagné ? Qu'il avait gagné le droit de la voir ramper jusqu'à lui après ce qu'il lui avait fait ? Était-elle à ce point là devenue quelqu’un d’autre ?
Sentant le délire dans lequel elle nageait, elle se redresse sur ses pieds. Laisse le porte-clef sur une table choisie au hasard. Maintenant angoissée à l’idée qu’il la trouve à s'infiltrer chez lui sans prévenir, elle cherche, dans la nuit noire, lumière éteinte, son chemin de retour. Porte refermée, était-elle si stupide ? Dans le noir, elle perdait ses repères. Ses pieds se prirent dans la gamelle de Posé. Le jappement qu’il lâcha éveillait maintenant les soupçons sur une présence dans la maison. Elle s’immobilisa, alors, l’espoir que Drake dorme à poings fermés. Était-elle déjà rodée ?

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" heaven knows it have to end
maybe if hell froze over
we could be in love again "

Le loup ne dort pas. Ses insomnies sont toujours plus fréquentes, mais il ne fallait pas être diplômé en médecine pour connaître celle qui s'annonçait comme terrible. Pourtant, il a tenté de s'assomer d'alcool pour y parvenir, mais rien n'y fait. Il est parti se coucher sans espoirs de trouver un sommeil qu'il se verra refusé, malgré qu'il titubait. Un déchet. Ivre, tâtonnant jusqu'à son lit. Mais même la drogue la plus puissante ne pourrait lui faire oublier. Dégage. Sa voix passe en boucle dans sa tête. Sa colère était telle, son état si perturbé, qu'il peine presque à savoir ce qu'il a pu lui dire pour recevoir ça. Comme si c'était lui la victime, tu parles. Jusqu'à t'oublier toi. Il se ment à lui-même. Il a essayé, Drake ! Oui, c'est vrai. Il a tenté de l'oublier. De passer à autre chose. Quinze ans qu'il échoue. Quinze années à courir après une chimère, un être fait de lumière et d'ombres - ces même ombres-là qui le dévorent. Un sourire mutin cachant des dents aiguisées, prédateur déguisé. Elle est bien plus coriace que lui. Bien plus redoutable. Car lui ne sait plus mimer, à un moment. Il laisse la colère exploser. Et c'est son silence, presque cette indifférence volontaire sûrement, qui l'a laissé sans voix ensuite. Incapable de lui répondre, incapable de la garder près de lui. Il s'est laissé jeter comme on jette une pierre à la mer. 
Il ignore l'heure qu'il est. La lune s'est levée, elle éclaire faiblement ses fenêtres dénuées de rideaux. Une vieille habitude. Poséidon les mâchouillait toujours, petit. Alors, il n'en a jamais acheté. Il est sûrement tard. Ou tôt, déjà. Les yeux grands ouverts, l'esprit de Drake s'agite. Vagues incessantes essayant de trouver une faille dans la forteresse. Il enchaîne divers états d'esprit. Tantôt se maudissant d'être si con - pourquoi ne lui a-t-il simplement pas avoué ? Tout. Pourquoi en est-il incapable ? Et certaines minutes, il les passait à ruminer. Pourquoi laisse-t-il une femme le détruire, pourquoi l'a-t-il laissée planter ses crochets là juste contre son coeur ? Leur histoire est si vieille, il ne saurait même pas dire quand elle a débuté réellement. En est-elle vraiment une, d'histoire ? Pathétique. Pire que des ados. Bien plus douloureux, bien plus dangereux. Car les adolescents tâtonnent, cherchent. Eux n'ont qu'à frapper ; ils savent où toucher pour couler. Quelle branche scier pour abattre le tronc central. Soupir. Le centième, sûrement. Posé saute du lit, Drake n'y fait d'abord pas attention. Il rumine, encore. Tantôt par la détresse, tantôt par la colère. Un jappement le stoppe net dans ses pensées, lui accordant une trêve dorée. Il est sur le point d'appeler son chien, qu'il revienne là se blottir dans ses draps froids. Mais il entend, sur le parquet, ses pattes griffues qui font du raffut. Comme s'il... faisait la fête. Puis un bruit aiguë, celui de l'inox qui ricoche sur le sol. Le marin s'est redressé dans son lit, aux aguets. Posé est trop excité. Il y a quelque chose.
Non. Il y a quelqu'un. À l'intérieur. Pourtant, Drake ne semble pas angoissé. Il n'attrape pas la batte de base-ball qu'il n'a pas, ne cherche pas son téléphone sûrement déchargé pour appeler les flics. On se demande pourquoi. En même temps, y a pas cinquante personnes au courant que sa porte reste tout le temps ouverte, même lorsqu'il n'est pas là. Il y a Lenore - mais que viendrait-elle faire à cette heure ? Non, l'enfant sage qu'elle est et qu'il n'a jamais pu devenir dort sûrement profondément à cette heure. L'autre personne, c'est Sashenka. Il étouffe un rire. Putain, le rouge qu'il a bu devait être solide ! Comme si elle avait pu revenir jusqu'à lui après ce qu'il lui a fait subir. Il rêve ! Finalement, il s'est peut-être endormi. Comme un gosse, il se pince et sursaute. Putain, ça fait mal. Et s'il ne rêvait pas ?

Trop dévoré par la curiosité, il se lève. Il attrape un short, l'enfile, rejetant le t-shirt qui est venu avec. De toute manière, il va aller se rendormir, découvrant son salon vide. Peut-être un coup de vent, pour la porte. Peut-être même une fée venue de l'espace ou d'un monde parallèle ! Tout lui semblerait plus crédible, à côté de ce qu'il imagine. 
Il se déplace lentement jusqu'à l'encadrement de la porte de sa chambre, ouverte, donnant sur le salon. Il n'allume pas, comme un mafieux voulant surprendre son agresseur. Et c'est là qu'il la découvre. Non, bon sang, il doit rêver... Elle est dos à lui, semble figée. À ses pieds, Poséidon ne semble plus s'en remettre, se frottant encore et encore à ses jambes. Ses cheveux sont-ils mouillés ou est-ce simplement le reflet de la lune ? Il crève d'envie qu'elle se retourne. Il crève d'envie de l'embrasser, de lui dire qu'il est désolé, que c'est un connard, qu'il l'aime à en devenir taré - mais est-ce vraiment de l'amour, ce sentiment qui le dévore, le pousse à être si mauvais ? Pas sûr. Il pourrait, oui. Cela abrègerait bien des souffrances, n'est-ce pas ? Il reste appuyé là, à l'encadrement. Sûrement décoiffé, sûrement avec une sale gueule, là le torse dénudé, pieds nus, l'enfant perdu. Le sang uniquement destiné à son organe cardiaque qui semble emballé, définitivement. Il peine à respirer. Il reste une seconde ainsi, à la fixer - cela lui semble durer des heures d'éternité paisible, où rien ne s'est passé, où il peut l'enlacer, l'attirer contre lui. Il en frémit d'envie. Ne bouge pas, pourtant. Trop lâche, trop fier. Dégage. Il sert les dents. Sashen ? murmure-t-il, comme s'il ne voulait pas troubler le silence de la nuit. Qu'est-ce que tu.. Pourquoi t'es... Revenue ? Ici ? Dans l'antre de l'ogre qui t'a démolie - l'a-t-elle seulement été, si forte qu'elle est ? Peut-être que ça ne l'a même pas touchée. Et sans doute cette idée est la plus terrifiante et la plus douloureuse que Drake ait à supporter après le chaos qu'il a semé. Il soupire, bredouillant comme un imbécile. Il se gratte la barbe. Bon sang qu'il a envie d'aller vers elle. Dégage. Il lui faut une contenance, il lui faut un peu de colère pour l'affronter, pour ne pas ciller. Ne jamais abandonner. Dégage. Il répète sa voix en boucle dans sa tête. Serre la mâchoire. J'ai ouvert une bouteille que j'ai pas été capable de finir tout seul, lâche-t-il soudain après une pause. Comme ça. Comme si elle allait pouvoir tout effacer, reprendre où ils en étaient. Il n'a pas trop d'espoirs mais Drake, il est comme les gamins, il lui faut se brûler pour comprendre. Et, à croire, se brûler souvent. Il désigne la table. D'autres cadavres de verre témoignent de sa nuit d'alcoolémie. Pourtant, il a eu le temps de décuver. Il lui semble avoir l'esprit clair, à présent. Enfin, aussi clair qu'il peut l'être en sa présence. Dès qu'il l'a voit, il a l'impression d'avoir avalé une pilule d'ecstasy. Il n'allume pas la lumière. Attrape son verre déjà utilisé, le remplit. En attrape un propre sur le bord de la cuisine, à l'envers, attendant depuis des jours d'être rangé, sec depuis longtemps. Il la regarde, interrogateur. Doit-il le remplir ? Va-t-elle le lui jeter à la figure, comme toute personne censée le ferait ? Il se laisse tomber sur une des deux seules chaises autour de la petite table en bois. Il lui tourne le dos, à présent.
Ainsi, il ne la verra pas partir.
Ainsi, il ne la verra pas l'anéantir, encore.
J'mérite pas que tu sois là. Enfin.. si j'avais été traité comme tu l'as été, j'serai pas venu, moi, qu'il avoue en fixant le vin glisser contre le verre qu'il fait tourner entre ses doigts. Il n'a même pas fini de s'habiller, n'a pas non plus allumer la lumière. Comme si, naïvement, il pensait que les coups seraient moins forts dans le noir. Il lui faudrait s'excuser. Se confondre en excuses, oui ! Pleurer un peu, aussi ? Il reste les épaules un peu courbées vers l'avant. La dernière fois qu'il a pleuré, c'était pour la mort de sa mère. Autant dire que ça fait dix-huit ans maintenant que le loup joue au grand garçon. Mais il est resté ce gamin incapable de montrer ses émotions. Je m'en veux terriblement. Et il attrape une petite gorgée de vin. Comme si ça lui avait coûté un effort colossal - ce qui est un peu le cas. Sa fierté, il l'a bien trop entretenue, elle a longtemps été la seule chose à pouvoir le faire encore tenir debout. Pourtant, elle est aussi l'arme vicieuse qui a anéanti la seule personne capable de supporter le poids de son enclume. Il fixe le vide devant lui, y voit les fantômes qui le maintiennent esclaves, affrontent ces regards courroucés qui l'ont maudit, jusqu'à la racine. Je sais que tu ne me pardonneras pas. Mais j'pense qu'on mérite tous les deux un dernier verre. Après, j'insisterai plus. Et il tourne un peu la tête, levant enfin ses yeux clairs et tiraillés par le doute vers elle. Il est prêt à tout. Même à se laisser fouetter. Un dernier verre, sinon quoi ? Viendrait-il tambouriner au Medusa tous les jours, inlassablement ? Si la lumière était allumée, on pourrait voir le bord de ses yeux rougis. Le manque de sommeil ? Ou aurait-il pleuré, finalement ? Plongé dans ce comas alcoolique, ce traumatisme d'émotions trop fortes pour sa carcasse, finalement, peut-être ne s'est-il rendu compte de rien. Mais dans le noir, il semble presque apaisé. Presque résigné. Elle ne reviendra pas, plus jamais, comme avant. Aujourd'hui, il a peut-être assassiné cette histoire qui n'a jamais commencé et qui a fait pourtant deux otages permanents aux dégâts collatéraux irréparables. Reste, je t'en supplie.
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Pourquoi. Pourquoi est-ce que son corps la ramenait sans cesse dans le cosme de Drake ? Malgré tout ce qu’elle avait endurée aujourd'hui, pourquoi fallait-il qu’elle revienne mettre les pieds ici ; pénétrant dans sa tanière sans une once d’invitation, sans requête, sans supplication. L’effet d’ivresse de son asthénie ? Le prétexte puéril du porte-clef à rapporter - dont elle avait pourtant souhaité noyade dans les souillures du port ? Foutaises. Balivernes. Non. Le lièvre était-là, rendu de lui-même, volontairement flanqué dans la gueule du loup. Et le carnivore l’avait déjà repéré malgré sa tentative d’évasion. Fichue d’avance d’ailleurs avec Posé à portée. Le sobriquet - dont il est seul gardien - venait d’être prononcé. Trop tard, donc, pour renoncer à ses inepties. Prise au piège dans ses idées folles. Et son échine en léthargie venait de le lui rappeler.
Pourquoi était-elle revenue ? N’est-ce pas là question sur laquelle il butait ? Quelle réponse lui donner. Quel mensonge raconter. Avait-elle seulement le droit d’être paumée ? Complètement désorientée ? Pouvait-elle se permettre de remettre ne serait-ce que ses réflexions à plus tard. Elle se suspendait déjà à ses lèvres. Du moins essayait-elle de rester concentrer. Car même s’il avait enclenché la dynamite, il restait lui-même, Drake, le feu et la glace dans ses iris azurées - pouvait-il être les deux éléments en même temps ? - le charisme sur ses traits cruels ; beauté inéluctable, enivrante, irrésistible. Il lui rappelait-là, coincé à demi-nu contre l’encadrement de la porte, tout ce qu’elle idolâtrait chez lui. Drake était un géant d’acier dont elle rendait culte. Désire coupable, sur l’instant, que de le convoiter à ce point. [ Culte corporel, en tout cas sur l’instant. N’était-elle pas trop sévère ? Il l’avait mérité. Pire, il le méritait, l’ingrat qui la rendait folle à lier. Encore trop tôt pour les louanges, pour plaidoyer dans son sens. Ou trop tard, puisque tout allait se jouer maintenant. Au moins en avait-elle conscience. Car elle l’attendait au tournant, le retour de sa crise, de cette gifle violente quasi identique, plus explosive, encore, que la précédente. ] ;
Tantôt passionné, obscène, addictif. Tantôt rafale, cyclone, cataclysme. Aujourd’hui, il était allé bon train dans le désastre. N’avait pas chômé pour détruire… l'indestructible ? N’était-elle pas réputée plus solide ? Inaltérable ? Plus résistante ? Elle le suivait des yeux. Ne perdait pas un fragment de ses gestes à peine perceptibles dans la pénombre. Elle y repérait ses doigts qui cherchaient un verre. La bouteille à peine entamée. Incapable de la finir tout seul. Alors il était bel et bien livré à lui même cette nuit. Pourquoi ne se sentait-elle pas plus soulagée ? Et que cherchait-il à prouver ? Qu’il était triste ? Victime d’un mal être qu’elle ne lui connaissait pas ? N’était-ce pas son tour à elle de se plonger dans la bouteille après ce qu’il lui avait dit sur la péniche ? Il l’égarait, toujours plus loin dans ses rivages blancs. Et le verre, bon sang, elle aurait pu le remplir pour s’y noyer d’elle-même.
La bouteille lui évoque le verre brisé sur la rive proche du Médusa. Elle aussi y était allée un peu fort. Mais le geste était justifié. Et la retenue dont elle avait su faire preuve avait évité à Drake une rencontre fracassante avec ses phalanges.
Sash était fracassée dans l’os mais pas au point d’être stupide. Il y avait dans ses mots plus d’un sens acceptable. Elle y voyait comme une forme d’excuse. Un peu maladroite, sans doute aurait-elle souhaité autre chose. Mais quoi ? Des aveux peut-être ? Les cadavres sur la table donnaient le la à des douleurs dissimulées. Leur relation ne datait pas d’hier. Aussi se serait-elle montrée têtue et bornée s’il elle refusait d’y voir des indices de ce qu’il endurait. Parce que si elle ignorait tout du tumulte de ses sentiments, elle pouvait se satisfaire de le connaître sous plus d’un angle différent. Drake était une énigme pour beaucoup de monde. Pour elle, il n’était pas encore un livre ouvert. Mais il s’en rapprochait. Au-delà, encore une fois, des infirmités qu’il partageait avec Sashenka.
Elle l’avait écouté parler jusqu’au bout. L’avait laissé s’échouer sur sa chaise, vin porté sur ses lèvres. Il s’était livré, comme rarement il l’avait fait. Rien ne justifiait ce qu’il lui avait dit. Rien. Si ce n’est encore ces éternels non-dits. Elle voulait croire qu’il voulait la retenir. Qu’il espérait ne pas la voir sortir pour de bon de sa vie avec un dernier verre. Mettre fin à quinze ans de relation bordéliques sur un fond de bouteille. Elle voulait croire, finalement, malgré toutes les pensées qui l’avaient envahie la veille, à ce qu’il tienne un petit peu à elle. Et si les choses devaient se dégrader, alors oui, elle s'effacerait pour de bon. Pour l’instant, elle rêvait à revenir en arrière., même si le mal était déjà fait. Elle voulait tout oublier, jusqu’à cette jalousie malsaine qui la tenait finalement responsable de sa colère. Elle n’avait qu’à s’en mordre les doigts, d’être elle-même si cruelle. A fuir ces vérités cachées pour mieux s’en protéger.
Toujours pas prête à s’aventurer sur un terrain glissant.
A se sortir les doigts pour mieux l’affronter.

Prise de court. Elle avait peur.... Flippait qu’il la rejette, qu’il la mette à la porte de son univers, qu’il construise entre elle et lui une muraille de fer. Alors elle s’engage dans un ultime effort. Ignorant, encore et encore, combien il espère la retenir ; combien il fait des efforts pour ne pas se noyer dans des larmes d’acier. Elle la ramasse, cette chaise échouée. La ramène à ses côtés, s’y laisse tomber progressivement. L’écart n’est pas grand mais le précipice entre eux est encore trop vaste. Il faut dire qu’elle n’a rien dit encore.
Ses yeux cherchent son visage à travers la pénombre. Elle murmure, découpant chaque mot, chaque lettre dans un élan de tendresse fidèle à ce qu’il lui connaît : - Me saouler… puis décuver avec toi. Et si… on  reprenait là. Ou peut-être... que l’on pourrait esquiver la première partie. Essayait-elle de détendre un peu cette atmosphère, ce gouffre entre eux qui ne les avaient plus quittés ? Elle avait mal. Trop mal de le voir comme ça. Mal pour lui. Mal pour elle. Et les beaux discours n'allaient pas y remédier. Envenimer les
choses, peut-être. Parce qu’ils étaient tous les deux, doués d’une véritable stupidité. Des ados. Pires que ça même. Elle devait prendre sur elle pour rattraper le massacre auquel ils s’étaient confrontés. Son choix. Son choix à elle.
Elle cherchait sa main libre cette fois. Main tendrement rapprochée contre les commissures de ses lèvres. Puis elle l’immobilise. Son souffle sur les phalanges de son indomptable marin. Ferme les yeux un instant. Cherche une inspiration dans les puissances infernales de son coeur. - Il n’y a rien à pardonner. J’ai été stupide. Trop ardente. Je suis désolée. Elle n’oublie pas sa part de responsabilité. Plus importante, sûrement. Mais elle n’a pas besoin de l’entendre. Et elle n’a pas besoin d’en rajouter non plus. Sauf s’il veut ébranler, encore. Elle libère sa main, se redresse comme elle peut sur son siège. Elle se sent si faible, si fragilisée, qu’elle pourrait encore pleurer.  - Excuse-moi de m’être incrustée ici, en pleine nuit, sans prévenir. Je ne sais plus ce que je fais en ce moment. J’ai plus les idées en place. Nul part. Je me sens ridicule. C’est de ma faute, tout ça. J’ai pas le droit de t’envahir comme ça.

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" on a ce privilège : cette torche qu'on peut tremper dans la paraffine
et on va continuer à descendre au fond de la mine pour creuser
creuser jusqu'à la sortie "

Son silence est plus violent qu'aucun cri ne pourrait l'être. C'est ainsi que Drake le ressent. De dos, il lui est plus facile de laisser couler ses émotions. Ses phalanges ont blanchi autour du verre à pied. Si elle part, sans doute l'enverra-t-il valser, comme elle l'a fait sur le pont du Medusa. Même s'il n'a que deux verres de ce genre chez lui. Il attend. Il attend sa pénitence. Le purgatoire des innocents - pas si innocent que ça, pour lui. Coupable même. Perpétuité, qu'elle devrait lui mettre ! Le condamner, là, pour toujours, à son absence viscérale, qui le hanterait jour et nuit, pour sûr. Patient, résigné. Il attend la sentence. Il sent glisser, le long de son échine, la promesse d'un adieu signé par le Diable lui-même. Il ne veut pas la voir partir - sinon, il la verra continuellement, la nuit dans ses insomnies et dans ses sommeils agités. Elle ne sera plus l'objet de ses rêves mais ceux de terribles cauchemars. Alors, il reste de dos. Il ferme même un peu les yeux, prêt à entendre la porte s'ouvrir. Puis se fermer sur eux, sur leur histoire. L'enfermer ici, seul. Il ne s'escrimera pas. Drake, c'est un têtu, mais il n'osera même plus croiser son regard. Ni sa route. Un bruit, un grincement ; la porte semble si légère et Drake commence à soupirer. Du coin de l'oeil pourtant, elle entre dans son champ de vision de la même façon qu'elle est entrée chez lui. Par infiltration, timidement, comme un esprit. Il tourne la tête et la surprise se lit assez facilement sur son visage dont il a ôté tout masque. Pas même la fierté, pas même l'imbécilité ne viennent troubler ces émotions pures et vives qui traversent son regard comme autant de comètes dans un ciel nocturne. La surprise, le soulagement, un remerciement muet. Elle est près de lui, il la sent pourtant si éloignée. Il est cet arbre au pied d'une montagne qu'il ne gravira jamais. À l'entrée d'une caverne qu'il n'aura jamais fini d'explorer. Même quinze ans après, elle parvient toujours à le surprendre. Il ne pourra jamais la connaître par coeur. Elle parle, il ne comprend pas, son cerveau peine à se connecter réellement à la réalité. Cette réalité-là qu'il n'avait pas envisagé. Ne lui en veut-elle pas ? Comment peut-elle si facilement lui pardonner ses mots, sa colère, ses gestes ? Ses habitudes, terribles, que lui reprochent si aisément cette jalousie qui l'insupporte alors qu'elle devrait le conforter ? Esquiver la première partie ? Laquelle ? Le repas ? Se saouler ? Comment pourraient-ils déjà décuver ? Décuver d'un trop plein d'émotions, certes. Vomir ces inepties, ces contradictions insipides qui, pourtant, pourrissent tout. Il entrouvre les lèvres, ne peut rien répondre ; le souffle coupé, le coeur en arrêt, le cerveau muselé. Elle prend sa main, il sursaute presque, pose son verre de l'autre de peur de le faire chavirer. Chavirer comme elle le fait chavirer, elle. Comme elle l'ébranle, comme nulle tempête ne saurait faire tanguer un navire. Mais si Drake est un navire, sans doute a-t-il égaré sa voile et fracassé son mât à des rochers trop saillants pour lui, sans doute a-t-il largué son ancre dans des abysses instables, sans doute ne viennent lécher sa coque que des vagues affamées de noyés. À cet instant, il est perdu. Elle lui a coupé l'herbe sous les pieds - et avec ça, la terre, les racines et le monde tout entier. Elle porte sa main presque à sa bouche, ses lèvres inondent ses phalanges d'un désir mesquin et presque honteux. Comment peut-il avoir envie d'elle après l'avoir brisée ? Comment ose-t-il ? Et pourtant.

Elle parle de nouveau, il fixe ses lèvres pour mieux comprendre mais il a l'impression qu'elle lui parle dans une autre langue. Stupide ? Ardente ? De quoi est-elle désolée ? Les yeux écarquillés, on dirait qu'il la voit pour la première fois. Je n'ai pas le droit de t'envahir comme ça. Il ouvre la bouche, la referme ; requin échoué sur la plage, loin de l'eau, prêt à s'étouffer. Qu'a-t-elle fait cette nuit pour tenir pareil discours ? Il l'imagine dans les bras d'un homme, un membre de l'équipage peut-être ? Peut-être a-t-elle vu qu'il n'était pas si pire, Drake. Il ne parvient même pas à faire naître une quelconque jalousie - et ça serait bien déplacé de sa part. Sans savoir quoi dire tant les rôles lui semblent inversés, alors qu'elle lui lâche la main, il tend son doigt pour venir le poser sur sa bouche. Arrête, intime-t-il dans un gémissement douloureux. Il secoue doucement la tête de gauche à droite. Arrête.. chacun de tes mots me fait me détester plus encore. Il avale sa salive difficilement. Et crois-moi, j'ai déjà passé toute ma soirée et la moitié de ma nuit à cette activité. Il récupère sa main. Rapproche sa chaise ; ses genoux viennent s'entrechoquer aux siens, l'un au milieu, l'autre à l'extérieur. Il dépose ses mains sous son menton, comme pour soutenir sa tête qui vogue, qui manque de s'écrouler. Ses iris semblent dilatés au maximum, il veut cerner chaque émotion qui traverserait ses yeux, son visage, les rictus de ses lèvres. Il veut tout capter pour, une fois peut-être, la comprendre enfin. J'ai tellement ressassé tout ça que... j'ai pas la force d'en parler maintenant. Mais je ne veux plus jamais t'entendre dire ni même penser que tu es la fautive. Parce que ça n'est pas le cas. D'accord ? lui demande-t-il, avec un petit sourire d'enfant coupable, de celui qui demande quand même la permission d'avoir un dessert alors qu'il n'a pas fini son assiette. Il dénoue ses mains moites par l'angoisse refoulée, par le soulagement divin et inespéré. Attrape le verre encore vide. Le remplit doucement de liquide rouge foncé. Il le lui tend calmement et ose même un sourire mutin. L'envoie pas valser, s'il te plait. J'en n'ai que deux. Un pour toi, un pour moi. Il penche la tête sur le côté, penche le haut de son corps en avant. Pourquoi faut-il toujours qu'il déchire tout pour s'apercevoir que ce qu'il a devant lui n'est rien d'autre qu'un joyau pur, brut, non taillé ? Il voudrait la sculpter lui-même, mais il lui faut apprendre et accepter que personne ne peut modeler Sashenka. Pas même lui.
Il sent son genou contre un des siens et, à son tour, vient saisir une de ses mains. Il s'en veut toujours, terriblement, et sans doute lui faudra-t-il un moment avant de passer à autre chose. Il voudrait lui dire, lui expliquer. Lui expliquer comment il marche, pourquoi il est si incompris tant par l'extérieur que par lui-même. S'il s'est énervé face à ses remarques, ce n'est pas qu'il les conteste. Ce n'est même pas qu'il nie, ce n'est pas non plus qu'il lui reproche sa jalousie. La vérité est simple. Ignoble pourtant. Désastreuse, honteuse, mais si claire.
Drake ne s'aime pas. Depuis toujours, sûrement. Drake n'aime ni de ce qu'il est ni l'image qu'il renvoie de lui, comme un bouclier pourtant. Et chaque attaque verbale le place face au miroir. Là où il est forcé de se regarder, là où il se dévisage et se crache au visage. Chaque joute est pour lui comme une bataille forcée, une guerre dont il connait l'issue. À chaque fois qu'elle montre sa jalousie, comme une épée, lui ne ressent que l'humiliation, son propre jugement, sa propre haine envers lui-même. Et sa seule défense, c'est l'attaque. Le mépris, la violence. Il aimerait lui expliquer ça. Mais il n'est peut-être plus l'heure, déjà. Ou pas encore. 
Il cogne son verre doucement contre le sien, sourire effronté suspendu à ses lèvres ombragées. Ne dit rien - que pourraient-ils fêter ? Sa stupidité, à lui ? Sa force, à elle ? Il amène le vin jusqu'à ses lèvres. Il a bien meilleur goût que plus tôt dans la nuit, où il l'a englouti comme un tigre affamé. Tout a toujours meilleur aspect avec Sashenka. Même lui, il se déteste un peu moins. Comme si elle le faisait briller, qu'elle le sublimait. Qu'elle effaçait ses rides, ses vices.
Il dépose son verre après une seconde gorgée. Rapproche encore sa chaise, avec témérité. En a-t-il réellement le droit ? Il la fixe droit dans les yeux. D'une main, il vient écarter quelques mèches de cheveux de devant son visage - cette main, qui tremble légèrement. Son visage, si accessible, si près du sien là, juste là. Il réduit la distance, le souffle retenu. Il n'ose pas, pourtant. Il ne peut pas. Sa gorge est sèche, ses lèvres aussi ; elles veulent les siennes, si ténébreusement. Si je te donne l'autorisation de m'envahir comme tu dis... Est-ce que tu voudrais rester ? Son regard est implacable, perçant, saisissant. Drake sans armure, Drake sans faux-semblants. Drake à nu, Drake livré, libéré. Peut-être par la nuit, peut-être par la culpabilité. Peut-être par/pour elle, simplement. S'ouvrir une fois, regretter demain, peu importe. Elle est venue, ce soir, elle n'est pas à lui. Elle est indomptable, libre et fière, forte et inaccessible. Ce soir, c'est lui qui s'en remet à elle. Son souffle s'échoue sur sa peau qu'il sait si douce. Il serre les dents, chaque seconde le damne, le condamne. Longtemps qu'il est condamné à elle, enchaîné à son ombre. Haut les coeurs.
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Drake affirme, se dépouille, manifeste ses torts, s’enlise dans le sable et se précipite dans une débâcle. Mots résonnent comme un crève-coeur dans celle qui reçoit. Celle qui doit retenir ses lippes derrière ce doigt qui ordonne ; Arrête. Arrête... Elle prête l’oreille mais ne le coupe pas. Le forban a enfoncé sa lame mais la sauveteuse s’est protégé les os. Oui, il avait exagéré sur le Médusa. Lui avait transpercée l’âme dans une détonation plus violente encore que l’orage qui s’y préparait. Mais quand serait-t-il en mesure de comprendre leur culpabilité partagée ? De lui autoriser ses propres excuses, ses écarts de conduite, tels qu’elle venait de les assumer. Fautif peut-il se dire après leur rixe. Mais seul coupable, comment pouvait-il à ce point l’estimer ? Il n’avait pas la force d’en parler. De ressasser tout ce désordre encore et encore   Mais pouvait-elle le laisser à ce point se fourvoyer ? Lui intimer à lui seul toute cette horrible culpabilité ? Elle hésitait. Méditait. L’observait s’approcher, détruire les distances, lui tendre le millésime. Bouteille jetée à la mer, effort timide pour briser les rancoeurs. [ Les cieux s’ouvrent à chaque fois qu’il sourit. ] Elle trinque sans réelle conviction, boit, use de cet instrument désinhibiteur pour mieux réfléchir. Puis repose son verre entre quelques cadavres échoués sur la table. Non elle n’était pas d’accord avec lui. Car elle l’avait poussé à bout, peut-être, à s’indigner de ses infidélités. Comme-ci il y avait ici fidélité à défendre, à respecter. Alors que couple n’existait pas ; et que la loyauté ne figurait pas dans leur contrat. Elle commençait à y voir un petit bout de clarté. A prendre le recul nécessaire pour affirmer qu’il n’y avait pas outrage dans sa frénésie hurlante. Et aussi, qu’elle ne devait pas le juger trop fort. Pas sur cette seule journée. Elle l’estimait à ce qu’il était, chaque seconde, chaque minute, chaque instant depuis quinze ans. Et elle refusait de laisser leur fardeau sur ses seules épaules. Mais devait-elle pour autant affirmer haut et fort son désaccord ? Et rouvrir à ce qu’il souhaitait visiblement tenir à l’écart de toute discussion ce soir ? - Je dois t’avouer que je n’en ai pas la force non plus… mais… Voix hésitante, troublée par ces iris qui la scrutent elle se tait. Non, elle n’avait pas la force de rouvrir la discussion.  - Non, tu as raison. N’en parlons plus. Je te l’ai dit, il n’y a rien à pardonner. Et si tu ne veux pas croire à ce que je me sente moi-même fautive, alors, je t’assure que je te pardonne et que je ne te déteste pas non plus. Sa voix se coince, tremble légèrement, s’essaie à ne pas se briser en deux. Drake... arrête...arrête de t’en vouloir. Accorde-moi au moins ça, s’il te plaît. Malgré ses mots à elle, il ne la croyait pas fautive. Et pour l’en convaincre, elle devait rouvrir le débat. Mais avait-elle désir à amplifier la détresse de Drake ? Cette détresse qu’elle percevait complètement désormais. Ne devait-elle pas, plutôt, panser la blessure ouverte ?

Des battements de coeur différents, mais le même chagrin, et ses lippes ambitionnent la conclusion de ses tourments. Car elle le voit, le capitaine de son âme étriqué, plongé dans ses crève-cœurs les plus accablants. - Si j’en ai l’autorisation, alors…Sa voix est suave, paisible, appaisante.  Elle n’en peut plus, de cette distance. Elle n’en peut plus, de cette journée accablante. De ces tensions. De ces fadaises infernales. D’un tout qu’elle méprise autant de ne pouvoir les en libérer. Alors, ses lèvres répondent par l’affirmative. Se rapprochent sans timidité, avec l’avidité retrouvée de leurs nuits affectueuses. Et sa bouche se joint à la sienne pour la première fois, effleure, caresse, dissipe tous les malentendus. - Oui. Laisse-moi rester. Par pitié. Si tu me mettais à la porte. Je crois que j’en crèverai… Le vin, l’arôme sur ses lippes. Drogue plus addictive encore que la poudre immaculée. Lippes qu’elle abandonne dans l’instant pour l’observer avec insistance. Oui, elle succomberait s’il la forçait à partir. Encore plus depuis qu’elle avait touché à ses lèvres ardentes ; empourprée d’un nouvel appétit, déjà bien avide de goûter un autre arôme, douceur interdite, fruit défendu. Alors frappée par la sorcellerie, la conjuration appelle son instinct primaire ; sortilège des désirs charnels, destitué de son contresort. Elle se soulève avec indolence, pousse cette chaise qui l’a trop portée. S’écarte à peine du corsaire pour se découvrir de son manteau - inondé des poussières d’un chemin emprunté jusqu’à sa tanière ; chaussée ensablée éclairée par les éclats lunaires. Elle sollicite, sans fermeté, les mains de Drake dans les siennes : le contraint sans appel à se lever lui-même. Et quand il se laisse faire, debout sur ses pieds, elle cloisonne les mains rugueuses du pêcheur - le privant de ses libertés dans un excès de zèle. Lèvres doucereuses glisses maintenant sur ses phalanges, s'étreignent sur sa peau dans un rythme imparfait. Tendresse bientôt permutée à ses envies obscènes. Papillon de nuit attiré par une flamme, elle convoite l’enfer, dévoile dans un geste indolent les coulisses de sa peau. Parcelle après parcelle, morceau de tissu après morceau de tissu, pour qu’il ne reste qu’elle à demi-nue ; sous-vêtements comme derniers remparts à son dépouillement parfait. Le brasier roule sur sa peau. Le sol devient brasier sous ses pieds. Danse violente des jeux de lumière de la lune éclaire ses courbes incendiées. Le message est clair. L’armure de nacre est brisée. Et là, elle chasse le heurt. Lui fait savoir, de manière impudique, à quel point elle veut l’envahir. Au point d’en oublier ses désirs à lui. [ Et si il n'avait pas envie de la voir s'échouer contre lui cette nuit ? ] Ne venait-elle pas de s’excuser d’être trop ardente ?
Elle ne cherche pas le contraindre, à le provoquer, à forcer les choses pour qu’il la garde auprès d’elle. Car elle sait. Devine à ce qu'il espère. Qu’ils ouvrent leurs entrailles et lèvent le fardeau sur leurs mots inavoués. Qu’ils s’assassinent de vérités honnêtes. Maintenant. Plus tard. Ou jamais. Ce soir... Pourvu qu’ils tombent ensemble sans gilet de sauvetage. Qu’ils oublient le métal forgé autour de leur coeur. Qu’ils détruisent les limites, qu’ils libèrent les barrières. Qu’ils ôtent les cauchemars, les doutes, les obsessions malsaines. Que l'obscurité s’éclipse dans leur danse céleste ; qu’il lui fasse croire qu’elle est en sécurité. Qu’elle sente avec ses yeux, avec ses gestes, que c’est de l’amour. Juste pour une fois. Jusqu’à la pointe de la lumière du jour.

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" les nuits fauves "

Elle ne le déteste pas. Pourquoi ? Comment ? Comment fait-elle ? Il se détesterait, lui. Il se déteste déjà, depuis si longtemps. Si longtemps qu'il ne saurait même plus dire depuis quand, depuis quoi. Sa voix tremble, il n'a pas l'habitude de la voir comme ça. Il ne peut rien répondre, il lui faudrait l'entourer de ses grands bras mais, comme infirme, Drake ne peut montrer comme réaction qu'un hébètement sinistre. Elle a l'air si fragile, à cet instant. Si fragile qu'il pourrait prétendre vouloir la protéger. Mais, et s'il n'y parvenait pas ? Et s'il échouait à cette tâche ? Il s'en voudrait - encore plus - et à vie. Condamné à la culpabilité lancinante. Peut-être est-ce plus rassurant de se dire qu'elle n'a pas besoin de lui pour survivre. Pour vivre.
Lui a tant besoin d'elle, pourtant. Sans qu'il ne sache lui avouer, lui crier. Ils ne sont qu'à quelques centimètres, l'incendie ravage le cerveau de Drake comme une épidémie dévastatrice emportant tout sur son passage ; la raison, la peur, la colère. Tout est balayé d'un grand coup de tempête. Une tempête au nom mutin, arrogant. Les malentendus s'effacent sous ce baiser inespéré. Il ne pensait jamais la revoir, encore moins ici chez lui, encore moins volontairement de sa part, encore moins pouvoir enfin l'embrasser. Il a l'impression d'avoir attendu ça toute sa vie, comme si c'était la première fois. Laisse-moi rester. Il détache difficilement ses lèvres du coin de sa bouche qu'il commençait à picorer. Juste pour enfoncer son regard dans le sien, la regarder avec insistance. Plonger au plus profond d'elle, là où aucun autre n'est allé. Il espère ? Naïf, sûrement. Par pitié. Tout ça ne lui ressemble pas. Une part de lui ne sait plus contenir le trop-plein de contentement - bien sûr que ça lui fait plaisir ! Mais les démons sont là, ils rôdent. Drake peut presque les sentir naviguer, ailerons à découvert sous la surface, attendant la moindre goutte de sang pour se jeter sur lui. Je crois que j'en crèverai. Les mâchoires claquent dans son crâne, c'est douloureux. La peur vient l'emporter, soudain.
Il se recule un peu. Un courant d'air glacé semble s'infiltrer entre eux, la prendre en otage. Dans ses yeux, un sentiment pur, brut, vivace. Une émotion terrible, cachée, taboue chez lui. La peur. Les mots de Sashenka devraient le rassurer, le soulager, lui offrir confort et stabilité. Tout le contraire. Dans l'esprit du marin, tout s'emmêle. La peur, le désir, l'amour ? L'angoisse grandit en lui, ses mains se mettent à trembler ; il attrape les épaules de la sauveteuse comme pour les calmer, pour se donner une contenance, ne pas lui laisser saisir l'anxiété soudaine qui lui bloque la respiration. Mais sans doute aura-t-elle vu, n'est-ce pas ? Chut.. souffle-t-il comme un supplice, là, juste sur ses lèvres. Qu'elle se taise, n'en dise pas plus. À cet instant, il n'est qu'un gamin fébrile à qui on vient de confier une mission impossible, à laquelle il sait déjà qu'il va échouer. On vient de le nommer capitaine d'un sport qu'il ne pratique même pas. Celui d'être deux. Celui d'être unis. Il ne pourra jamais prendre soin d'elle, jamais la rassurer comme il le faut, jamais veiller sur elle. Ou peut-être que si, il pourrait. Peut-être que si, il y arriverait. Mais il ne s'en donne pas la chance, bafoué par la peur de l'échec. Il la contraint au silence de peur de paniquer au point de ne plus réussir à ce sortir d'une torpeur vicieuse qui menace de l'étreindre.
La seule chose qu'il veut étreindre, cette nuit, c'est elle. Je ne te chasserai jamais, parvient-il à articuler, reprenant ses esprits, reprenant ses envies comme on retombe dans le déni après une cure. Il ne se soignera jamais d'elle. Il est des maladies sur lesquelles on n'y peut rien. Soulagement lâche. Elle se lève, il suit des yeux ses mains qui retirent sa veste. Dévoilent la courbe de ses épaules. Il est resté assis, spectateur terrifié et terrifiant, dont l'envie vient agrandir les pupilles. S'il avait été chien, il baverait déjà. Puis, elle le force à se lever et il suit le mouvement. Elle le guide et il accepte, docile, se pliant à ses désirs à elle, voulant croire qu'ils sont plus forts que les siens - mais comment cela pourrait-il être possible ? Il doit se faire rage pour ne pas lui fondre dessus là tout de suite, comme un rapace sur sa proie. Il doit museler ses désirs enfouis pour ne pas, là, l'attraper fermement, la trainer jusqu'au lit et enfin - enfin - s'unir à elle, de la seule façon qu'ils savent vraiment le faire. Mais il se force. Il reste sourd aux supplications de son corps, à cette chaleur qu'il sent gonfler dans son bas-ventre, dans son cerveau où tout brûle déjà. Ses lèvres viennent se poser sur ses doigts, il en soupire déjà. L'attente a été longue, l'attente a été douloureuse - leur journée n'a été que pénibilité. Punition. Douleur. Quand sa bouche quitte ses mains, il vient fermement les accrocher à ses hanches. Pour lui faire comprendre qu'elle ne partira pas. Qu'il ne pourrait s'y contraindre, qu'il ne pourrait s'en remettre.  Dans un état déjà proche de la folie, il se demande s'il serait capable de la retenir ici contre son gré. Peut-être. Elle l'obsède tellement. Son corps se dévoile, à la lumière timide et fébrile de la lune. Il voudrait la regarder des heures, la saliver une nuit entière ; il n'y parviendra pas. Affamé, toujours plus. Pourtant cette nuit, nulle autre sirène ne viendra obscurcir ses pensées. Aucune ne rivalise. Il pourrait lui dire ; le tait, encore. 

Et elle se retrouve là, à demi nue. Livrée au loup. Il a du mal à tenir en place, s'est retenu de l'aider, l'a laissée faire, lui a laissé liberté sur la manière, sur la lenteur sûrement volontaire. Sait-elle qu'il est sur le point de vriller ? Il se sent enchaîné à cette envie assassine, cruelle, qui n'appelle qu'une libération. Une agonie lente et délicieuse. Elle le tue mais, bon sang ! Qu'il pourrait mourir comme ça tous les soirs. Devrait-il lui avouer ? Qu'il n'aurait plus aucune sirène à ses pieds si elle voulait bien, chaque nuit, venir ici le retrouver ? Même juste pour s'allonger à ses côtés, panser ses plaies et ses inquiétudes de la mer. Drake va imploser. De nouveau, la bombe à retardement mais l'explosion ne risque pas d'être de la même nature que plus tôt dans la journée. Alors qu'elle semble avoir fini, il la rapproche brusquement de lui, maintenant ses hanches contre les siennes. Sa bouche vient se poser sur sa nuque, embrassant son cou, cette peau si douce, la mordillant par fois, avec cette tendresse violente, contradiction. Il remonte le long de son menton, de son visage. Vient décimer son regard du sien, l'y ancrant si fermement qu'il voudrait y laisser à jamais une trace, une marque. Il se racle la gorge ; sa voix semble caverneuse, enrouée par le désir. J'ai attendu ce moment depuis la disparition de Posé. Depuis que j'ai intimement su qu'il était chez toi. Confidence troublante, qu'il en rêve, qu'il en crève depuis des heures, depuis le début du jour presque, depuis la dernière fois sûrement. Il dénoue l'emprise sur ses hanches et, sans la quitter des yeux, les fait glisser jusqu'à ses cuisses. Sans la prévenir, il la soulève, d'un seul coup. Peu importe qu'il fasse noir, heureusement qu'il connait sa piaule comme un aveugle. Il la dépose sur le lit avec le plus de douceur qu'il puisse. Se débarrasse, aussi, de son short, restant là lui aussi avec un seul sous-vêtement pour seul bouclier. Mais tombées, les protections ! Cette nuit, il ne veut en avoir aucune. Il veut qu'elle puisse lire jusqu'au plus profond de son âme, même si elle doit y croiser les sombres démons qui y sommeillent. Même si elle devra les affronter, même si elle devra les apprivoiser. Peu importe. Il ne veut rien cacher. Il se place au-dessus d'elle, sans la toucher pourtant. Il peine à garder le contrôle, pourtant il ne voudrait pas la forcer. Pourtant, il ne voudrait pas lui retirer le pouvoir de décider. Jamais. Leurs corps se frôlent, c'est une torture exquise qui fait tambouriner son coeur violemment, qui coupe son souffle à la guillotine, le rend saccadé, désordonnée, s'échouant là sur son cou, sa poitrine, son visage. Plus il la regarde, plus il... perd patience. Son regard se fait envahissant, possessif, désireux plus encore qu'à l'accoutumée. Quelque chose a changé dans sa façon de la regarder. Subtile et pourtant si crucial. Tu ignores l'emprise que tu as sur moi, Sashen... susurre-t-il sans détacher son regard du sien, de peur de le laisser dériver, de peur de craquer avec impatience. Il retourne s'éprendre de ses lèvres comme pour ne pas l'entendre répondre. Le trouvera-t-elle niais ? L'aimerait-t-elle toujours, s'il montre cette facette de lui un peu tendre, un peu fragile ? L'aimerait-elle, tout court ?
Il embrasse ses lèvres comme un noyé retrouve l'oxygène. L'électricité qui se propage dans son corps lui donnerait l'impression de friser l'euphorie. Elle le soignerait de tout, si elle n'était pas elle-même sa maladie terrible. L'excitation est à son comble, il fait courir ses doigts le long de son bassin, puis de sa poitrine, retirant les derniers remparts à l'accomplissement divin. Endiguant toute barrière, détruisant toute armure capable de les arrêter. Entre deux baisers, elle pourrait avec facilité voir ses iris presque suppliants, presque amoureux, presque larmoyants tant cela devient douloureux. Délivre-moi
Et qu'on se noie dans les nuits fauves.
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" requin-tigre "

Et il ne remarque pas. Il n'voit pas. Aveuglé, par le plaisir. Anesthésié, par le désir. Pourtant, il la connait, depuis le temps, non ? Il aurait pu voir. Il aurait  voir. Que quelque chose clochait. Ombre au tableau. L'anguille là, faufilée. Le doute, malsain, malpropre. Aux dents aiguisés, qui se fraye un passage. Profitant de la moindre brèche, de la plus infime faille. Pour se glisser, pernicieuse, prête à semer la graine qui fera pousser le doute, l'angoisse. Mais non. Drake n'a pas vu. Pour certaines choses, Drake est un sacré borgne. Elle murmure son nom, il s'en complait, sans chercher plus loin. C'est si bon, si précis, si ... si eux. Là, à cet instant. Il voudrait se voir chaque jour avec elle comme maintenant. Elle penserait sûrement qu'il ne se satisfait d'elle qu'en la chevauchant, quand leurs corps s'unissent, quand il peut enfin lui livrer digne bataille de ce nom. Et Drake, en quinze ans, Drake le taiseux, Drake ... [ il n'a jamais rien dit ] 
L'entendre presque supplier dans ses murmures, dans ses gémissements, ça le rend fou. Proche de la folie la plus intime. Il a attendu ça toute la journée. Sans doute depuis plus longtemps encore que ça. Et sans le savoir, il va devoir l'attendre bien plus longtemps encore. Elle se cambre, contre lui là, pousser plus loin l'union de leurs corps. Pousser plus loin l'alliance de feu et de glace dont ils sont chacun constitués. Le mouvement prend forme. De longs va et vient terrifiants dans leur passion. Ses os semblent brûler depuis l'intérieur de ses muscles. Cette fois, il ne tiendra pas longtemps. Trop accumulé de tout. De peine, de colère, d'attente. De déception, de haine envers lui-même, de surprise, finalement. Il ferme les yeux quelques instants, les râles s'enchaînent, il ne peut plus les contenir, plus les ravaler. Il n'a pas envie de lui taire l'effet saisissant que ça peut lui faire. Peut-être qu'il aurait dû garder les yeux ouverts. Il la sent. La fin. Proche, imminente. Son nom enfle au bord de ses lèvres, il ne veut plus le cacher, il ne veut plus enfouir cette attraction malsaine et dévorante qu'il a pour elle. Cet amour, là, si cruellement dessiné.

Pourquoi.. Il l'entend à peine et n'aurait sans doute pas réagi s'il n'avait pas senti sa main bloquer son torse en plein mouvement. Mais ses iris se délivrent du noir et se braquent sur elle, encore souriant. Pourquoi quoi ? Pourquoi est-ce qu'ils profitent si bien l'un de l'autre ? Il se penche, prêt à lui murmurer de ne pas en demander plus, que l'apogée est là, qu'ils se poseront les questions sur cet amour invincible qu'ils n'osent pourtant pas nommer après, après tout ça. Encore.. juste quelques secondes, oui, quelques instants. Pourquoi est-ce que tu me dis ça ? Son bassin s'immobilise net. Il voit dans ses yeux que ça n'a rien d'une plaisanterie ni de paroles langoureuses pour le faire plus encore grimper dans la tour infernale du plaisir. Non, c'est une vraie question. Le souffle coupé, le coeur découpé ; il la dévisage sans comprendre. Son cerveau est ankylosé, il ne sait même plus exactement ce qu'il a dit pour mériter pareille interruption. Alors, elle lui précise ; et il se met bêtement à sourire. Un peu niaiseux. Un peu naïf. Un peu maladroit. [ Parce qu'il le pense ] qu'il s'apprête à lui avouer. Est-ce qu'elle serait d'accord ? Mais il ne répond pas ça. Parce qu'il voit à ses traits tirés, son regard figé, que la question est bien plus profonde qu'il ne voudrait bien l'imaginer. Et que ce qu'il a confessé, bien plus terrible qu'il n'y paraissait. Et, soudain, ses questions ressemblent à des attaques. Il y ressent de l'agressivité. Y avait rien de... Méchant ? Insultant ? Il pensait quoi, avec ça ? Lui faire plaisir ? La satisfaire ? La toucher ? Il pensait rien, Drake, comme toujours. Il lui a dit ça parce qu'il le pensait, parce que c'est sorti tout seul comme ça. Il semble saisir la profondeur de ses questions et en soulevant son bassin, se retire. Il sent la colère le gagner, mauvaise, sournoise. Elle n'attendait que ça ; une faille, une occasion propice pour se jeter là, entre eux. Et elle semble avoir réussi son coup. Une ombre mauvaise traverse son regard. L'incompréhension est imprimée en caractères criants sur ses traits. Puis, il comprend.
Il se soulève, éloignant son corps du sien. Jusque-là brûlante, il lui semble que la pièce est devenue glaciale. Il bondit hors du lit. Tu penses que j'te raconte n'importe quoi ? Que tout c'qui sort de ma bouche n'a pas de valeur ? Hein, Sashen, tu penses que j'dis ça à tout le monde ? Il attrape un vieux gilet, sans se rhabiller plus que ça. Debout devant le lit, il la dévisage, bouillant d'un sentiment bien différent que du désir jusque-là affirmé. C'est ce qu'ils disent, n'est-ce pas ? Dans les ruelles, ils ont plaisir à cracher. Bien sûr, que tu vas tout mettre en doute. Drake, c'est un beau parleur. Drake, il est prêt à tout pour se taper une belle créature, hein ? Drake, il raconterait n'importe quoi pour y arriver, Drake c'est qu'un menteur, un bon à rien, un connard ! Et tu les crois ? C'est toi qui répands ces putains de ragots, Sash ? PUTAIN ! Il a levé la voix. Et des voix, il en entend une centaine, là dans son crâne. Pour le faire vriller, pour le faire céder à la rage, pour amplifier cette haine de lui-même qu'il reporte sur elle. Il quitte la pièce, hors de lui. Quand il attrape son paquet de clopes sur la table du salon, ses mains tremblent. De rage. Oublié, le désir absolu, oublié d'avoir presque atteint l'orgasme. Oublié, ces mots tendres qu'il avait enfin envie de lui susurrer. Ne reste qu'une blessure profonde. Si même elle le remet en doute, n'est-il pas perdu à jamais ? Il tente de se maîtriser mais les vagues sont trop hautes, trop tourmentées. D'un seul geste mal calculé, il attrape une chaise et la balance à travers la pièce avec un grognement colérique. Elle vient rencontrer une des seules étagères qu'il possède, le bruit est sourd ; s'en suit un fracas délicat de verre brisé. Il se retourne, plisse les yeux pour encadrer dans son champ de vision la photo à terre, brisée, comme son coeur, comme son amour-propre à cet instant-là touché au plus profond de son être. Il s'y précipite maladroitement, chancelant sous les émotions comme sous l'emprise de l'alcool. Sa vue se brouille quelques secondes. Il ramasse le cadre, la photo jaunie de son père devant un navire, se coupe les doigts. Aïe, merde. MERDE ! hurle-t-il en déambulant vers l'évier, où il passe ses mains sous l'eau. Sa clope à la bouche, il s'essuie les doigts au premier linge trouvé, le tâche d'un sang clair. Tu sais pourquoi je t'ai dit ça, Sashenka, puisque tu le demandes ? Il parle plus fort, pour qu'elle l'entende, même si le cottage si petit ne peut qu'aider dans sa tâche. Le croira-t-elle ? Sûrement pas. Quelque chose s'est fracturé en lui. Il sait être la cible de ces rumeurs incessantes et s'en contrefiche. Parce qu'il sait que Lenore ne les croit pas et... qu'il pensait Sashenka à l'abri de ces malveillantes bouchées. Mais visiblement, il se trompait. Et c'est là le plus blessant. Bien sûr, qu'il a des amantes, des aventures ! À en croire les rumeurs, chaque nuit ! Bien sûr que non. Tout est amplifié, malmené. Déformé. Des sirènes, Drake n'en a plus tant que ça. Parce qu'il les compare toujours à elle, parce qu'il repense toujours à elle. Pourrait-il leur dire, à chacune d'entre elle, qu'il pense à elle pendant qu'il leur fait l'amour ? Non, il dit pas Drake, il dit rien et comme toujours, ça lui retombe sur le coin de la figure. 
Dans le noir, il s'assoit au milieu de la fumée qu'il crée. Tant pis, il aèrera demain. Oh et puis personne n'vient chez lui, de toute façon, peu importe si ça sent la clope à gogo. Il est sûr que Sashenka non plus, n'y viendra plus. Parce que je le PENSE, bordel ! Mais c'est dur à entendre, hein ? C'est dur à croire, pas vrai ? T'as raison, sûrement. Puisque j'suis qu'un CONNARD ! Il crie, de nouveau, tremblant. Pourtant, il a les yeux qui brillent, dans le noir. Couverture friable, il détourne le regard comme si elle pouvait percevoir sa douleur même à travers les murs. De toute façon, celle-ci s'entend dans sa voix vibrante. Et malgré ça, j'le pensais. Son ton a baissé, soudain. La colère le dévaste, laissant après ça un cadavre de lassitude, d'une tristesse trop souvent tue. Et oui, j'crèverai d'envie de te voir ici tous les jours. Qu'tu me racontes tes sauvetages, qu'on partage le couvert et la télé. J'rêverai de passer mes après-midi à attendre que tu rentres. Mais là... Il soupire, passe une main sur son visage. Trop d'émotions brutes et vives l'ont étreintes aujourd'hui, il se sent sur le point de craquer. J'ai pas toujours été chouette en quinze ans, mais j'pensais pas que tu remettrais en doute ce que.. c'que je pouvais te... Putain, j'suis trop con. Il s'en veut. D'y avoir cru, ne serait-ce que ces nuits solitaires où il a imaginé leur vie à deux. Il s'en veut de s'être fait avoir comme un ado en mal d'amour. Il attrape l'heure sur le cadran de la télé noire. Quatre-heure vingt du matin. Il voulait.. Il voulait lui proposer de n'pas aller en mer ce matin, de rester là avec elle, de lui faire une omelette un peu cramée sûrement, de s'essayer à cette vie dont il ne connait rien. 
Plongé dans le silence, il fixe le vide, sa clope se consumant. La cendre tombe par terre, il ne la voit même pas. Il ne voit plus rien. Même pas Posé qui vient pousser son genou de son museau. Et, surtout, il ne veut pas voir Sashenka partir. Il se mord l'intérieur de la joue sans s'en rendre compte, jusqu'à sentir un goût métallique envahir sa bouche. Il semble anesthésié, ailleurs, absent. Projeté dans une autre dimension, là où les couleurs n'existent pas, là où doit tous les affronter. Tous ces démons aux crocs aiguisés, toutes ces bêtes sauvages qui le tuent autant qu'elles le maintiennent en vie.
Comme elle. Elle l'ignore, c'est vrai. Mais elle est autant sa raison de vivre que son assassin, perpétuel, constant. Dire que c'est comme ça depuis quinze ans. Et s'il avait gâché sa vie, à trop essayer, à trop s'enliser ? Et s'il ne parvenait plus à s'extraire des sables mouvants qu'elle contrôle ? Et si.. et si elle franchit là la porte, pour s'enfuir à jamais ? L'angoisse lui serre les poumons. Il tire sur sa clope avec une nervosité mal vécue. [ Achève-moi ]
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