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| Quand elle l’a laissé, une partie de son monde s'est effondré. Et quelle curieuse sensation, quand tout ce qu'on pense acquis s'écroule, que la réalité nous montre son visage. Il ne l’a pas venir, il s’est retrouvé comme ses amants éplorés sur le bord d’une route alors que la belle s’en va vers de nouveaux horizons dans les bras d’un autre. Sauf qu’il n’y avait pas d’autre, il y avait un enfant dans son ventre et tant de choses qu’il n’a pas eu le temps de lui dire. Ce qui arrive aux autres finit toujours par nous tomber dessus. Plus rien n'a jamais été pareil et peut-être qu'en partie, certains de ses sourires contenaient plus de douleurs que Cobb n'a bien osé l'admettre. Et puis, le temps guérit les plaies, doucement, son visage s’est fait flou dans son esprit et le son de sa voix indistinct comme le bruit des vagues. Il en a eu, du temps, pour se reconstruire. Comme on dit, l’eau coule l’eau sous les ponts et la vie trace son sillage sans demander l’avis de personne, on ne peut pas arrêter sa course. Alors il a continué à avancer dans sa vie avec son baguage. Il en faut plus pour lui faire perdre sa joie de vivre. Après la pluie, vient toujours le beau temps. Cobb apprécie chaque petite chose que la vie peut lui offrir et trouve de la beauté dans ces choses qui peuvent paraître insignifiante.
Surtout, il a développé cet amour inconditionnel et romantique pour la pluie, l’odeur particulière que le bitume dégage une fois humide.
Il peut des cordes, ce jour là. Cobb est vissé derrière le carreau de l’auberge. Il y a des promeneurs vêtus de leurs cirés dans les rues et d’autres qui se protègent avec leurs parapluies colorés. Une troisième catégorie qui ne manque jamais de lui faire sourire ; ceux qui tenter d’esquiver les gouttes. Il y a un garçon dans la rue, les boucles collées à son front et détrempé. Un garçon qui, si il y regarde de plus près, lui ressemble dans certains aspect. Par dessus tout, qui lui ressemble, à elle. Tout le monde le lui dit, avec dans la voix cette retenue, cette délicatesse. Une pointe d’espoir, peut-être. Fort de son optimisme, Cobb ne pensait pas que l'arrivée de Sully bouleverserait à nouveau son quotidien bien accordé. Lui a deviné qui il est, mais le jeune homme ignore tout de son histoire et l’aubergiste ne sait pas ce que son ancienne compagne a pu raconter.
A t-elle seulement parlé de lui ? Quel genre de souvenirs garde t-elle de ce qu’ils ont vécu ? Il sait qu’il aurait fait un bon père, il aurait été prêt à le partager avec un autre, les partager tous les deux si c’était son désir. C’est elle qui le portait, il comprend qu’au final, le choix ne lui revenait qu’à elle. Savoir, juste savoir. C’est tout ce qu’il demande. Cobb replace délicatement le rideaux en dentelles jaunis et ouvre la porte de l’auberge. C’est une sale averse. « Hé ! Gamin ! » Il interpelle Sully et se mord la lèvre inférieure, prenant garde à ne pas être trop familier avec lui. « Rentre, tu vas attraper froid. Je vais te préparer un chocolat chaud. » Cela peut étonner ceux qui viennent des grandes villes. Ici, Cobb ne compte plus le nom de chocolats offerts à des jeunes qui lui revenaient bien. Tout le monde se connait, et tout le monde est sympa avec son prochain. Il ne pourrait pas vivre ailleurs, où les voisins vous dévisagent pour un bonjour. |
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