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 (drake) careful what you wish for

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@Drake Madsen
Elle n’avait pas pu attendre, cette question brûlante. Pas attendre l’après ; moment paisible, baigné d’affection où ils auraient confessé quelques propos. Et si l’instant était très mal choisi, c’est parce qu’il l’avait, à ce point, complètement ébranlé. Au point que la pointe de son ivresse soit remplacée par une interrogation violente ; venait-il de suggérer... à ce qu’ils vivent ensemble ? Ou alors...était-ce la confession de quelque chose de cet ordre ? Drake était-il capable de se laisser aller à un aveu aussi inattendu que celui-là ? Pour remettre, pour trois fois rien, en question le peu de chose de ce qu’elle prétendait comprendre de leur relation ? Inconscient. Complètement inconscient. N’avait-elle pas raison de l'interrompre pour demander une explication ? Ce n’est pas comme-ci il lui avait déjà fait déclaration si surprenante. Si inattendue. Si singulière. Si… plaisante ? Il pouvait tout remettre en question. Tout. Et principalement les croyances de Sashenka. Tout remettre en cause. Les sirènes. Son attache pour elle. L’énigme éternelle sur ses sentiments peut-être. Tout pouvait se déclencher ici, et maintenant. Mais son coeur, sur le point de lâcher, demandait une réponse. Souhaitait-il plus que ces nuits passionnées ? Désirait-il à faire d’elle le centre de son cosme ? Où lui faire l’amour avait simplement suscité des mots dénués de sincérité ?  Elle voulait comprendre. Pas le blesser. Ni le provoquer. Pas cette fois. Non. Sentant la possibilité, même infime, de pouvoir enfin se libérer de quelques non-dits. Les plus beaux, les plus doux, peut-être ; elle lui demandait de faire un effort. Peut-être surhumain pour eux, pour lui. Mais elle avait besoin de savoir, de s'agripper - sans plus lâcher-  à cette perche qu’il lui tendait. Car s'il pouvait s’ouvrir à elle, après tant d’années, elle aussi, peut-être, allait-elle s’y autoriser. Mais une gifle monumentale lui revenait en pleine figure. Comment pouvait-il se tromper à ce point sur elle ? Sur ses intentions, si évidentes, si solides pour une fois.
L’effort devait être trop insurmontable pour lui.
La montagne, infranchissable.
Alors qu’elle le croyait sur le point de...  
Mais non, il lui fermait soudainement la porte au nez. L’accusait d’horribles choses. Choses qui s’éloignaient complètement de ce qu’elle était. La voyait-il donc à ce point comme monsieur et madame tout le monde ? Mouton, comme les autres, avide des ragots, des rumeurs. Il lui donnait envie de vomir. Oui, franchement. Il lui filait la nausée. Une violente nausée. Elle avait tellement mal. Elle était blessée, horriblement blessée. Redevenant ainsi, encore une fois, la proie du loup implacable. ;
Elle se redresse sur le lit, cherche les draps avec ses doigts pour s’y cacher. Enveloppe ses courbes, sa poitrine, toutes les parcelles de sa nudité. Elle se protège de lui. De son monologue, des mots mal choisis, de ces conneries monumentales qu’il lui déverse sans pudeur. Elle l’observe d’un oeil mauvais. Terriblement mauvais. Il hurle si fort qu’elle en tremble. Et cette vibration-là n’est pas celle de la peur, de l’effroi, ou une émotion du genre. Non. Elle est fébrile. Trop fébrile. Mais se contient. Self control qui s’enclenche dans l’échine. Patience, mère de sûreté. Et le pire, c’est qu’elle est partagée entre l’envie d’hurler... et le désir irréaliste de se lever pour le prendre dans ses bras, le soulager, l’adoucir. [ Même si ses mots sonnent authentiques. Même si elle doit croire à son jugement, à toutes ces absurdités. Pour la première fois, elle peut le sentir. Percevoir que quelque chose sonne faux. ] Elle croit saisir l’impensable. Un mal être. Quelque chose. Drake serait-il fatigué des autres ? Des ragots portés sur lui ? Serait-il plus fragile que ce qu’elle s’était toujours imaginée ? Et l’accumulation des choses le rendait-il mauvais ? Quand il quitte la pièce, elle quitte le lit à son tour. Les draps sur ses épaules. Elle ne veut pas le rejoindre. Sa fureur inassouvie, le fracas du mobilier, le bruit du verre brisé, la dissuade de bouger. Bon sang. Que pouvait-elle faire ? Drake avait été incontrôlable tout au long de la journée. Et chaque fois qu’il en venait à s’emporter, les mots de Sashenka en étaient responsables. Mais pourquoi ? Elle touchait du doigt une vérité, au moins une. Mais n’avait pas le recul nécessaire pour comprendre. Pour comprendre son esprit tourmenté. Pas uniquement par elle. Mais pour bien d’autres choses. Pour des choses auxquelles elle n’avait jamais eu accès.
Elle s’approche de l’encadrement la porte, mais reste du côté de la chambre, là où il ne peut pas la voir. Elle tend l’oreille. Parce que je le pense.
Parce que tu penses… quoi, Drake ?
Il hurle de nouveau. Elle fait dos au mur, se pose contre lui. Lève la tête au ciel.
Et là. C’est plus qu’une confession, plus qu’un aveu, plus que tout ce qu’elle avait imaginé.
Et la fébrilité disparaît. Tout est clair à présent. Et elle sait. Elle sait que tout ça restera coincé éternellement dans sa mémoire. Qu’elle fera des calculs pendant ses insomnies, qu’elle ne dormira plus pendant des nuits durant. Pour faire le tri. Mais pas seulement. Pour trouver les mots justes. Une réponse. Pour s’ouvrir à lui. Mais pour l’instant, elle reste indifférente. Dissimule son émoi, sa stupéfaction. Arrête jusqu’aux larmes qui ne demandent qu’à s’écouler. Dans un moment plus tendre, elle aurait été si contente, frappée par une merveilleuse félicité. Mais… cette fois, elle ne sentait responsable, coupable de rien. Et il l’avait malmené, sérieusement malmené. Et elle n’avait aucun pardon à lui confier.

Elle entre enfin dans la pièce, retrouve, l’endroit, où elle s’était mise à nue. Ses mains cherchent nerveusement ses vêtements. Elle s’habille. Silencieuse. Tremble un peu. - J’peux pas. J’peux pas croire à ce que tu me juges aussi mal. J’peux pas croire à ce que tu me vois comme les autres. Tu me vois colporter des ragots qui m’écoeurent et m’donnent  envie d’gerber. T’arrives à oublier que t’en es pas la seule cible. Et c’que j’crois, c’est que tu peux pas faire l’impasse d’ces conneries. Elle termine de se rhabiller, referme sa veste. Sa voix est devenue fébrile, tremblante : -Putain. Comment tu fais ? Comment tu fais pour en venir à croire ces trucs immondes que s’disent les gens ? Et le pire. Le pire bordel. C’est que tu me fous dans le même sac que ces putains de tocards. Comment tu fais pour me cerner aussi mal. Un connard… tu t’entends ? T’es vraiment obstiné. Comme-ci j’tavais déjà dit un truc pareil. Tu me… sérieux. T’entendre douter de moi, ça m’donne envie de crever. T’as pas envie, hein, de croire que les gens puissent t’aimer ? T’aime trop leur faire mordre la poussière ? Les briser en deux sur des absurdités ? Elle se rapproche de la porte d’entrée. Proche du but à atteindre, sa main collée sur la poignée, elle ouvre la porte. Mais n’en sort pas. Pas tout de suite. Elle se retourne, fait face une dernière fois au loup. - J’attendais juste une réponse.. Et je l’ai eu. Mais à quel prix ? En fait… puisque t’es plus fort que moi. Capable de t’ouvrir alors que moi, j’suis une putain d’incapable. J’peux t’avouer au moins ça. Elle marque une courte pause, prend une légère inspiration. - ça m’a fait plaisir…  D’une manière dont tu peux pas douter. Tu peux pas, puisque tu m’accuses d’être quelqu’un que je ne suis pas. Mais quoi que j’en pense, quoi que j’en dise, ça n’aura pas de valeur. C’est comme-si j’mentais. Comme-si j’étais fausse. Une étrangère. J’peux pas croire que tu veuilles à ce point que je sois là tous les jours. Mais que tu puisses, en même temps, t’faire un portrait si cruel de moi. Elle ouvre la porte en grand.- J’ai plus la force de me battre avec toi...  Elle se barre. Ne referme pas même la porte derrière-elle. Elle ne part pas parce qu’elle le hait. Non, pas au stade de deviner tout ce qui pèse sur lui. Mais elle n’en peut plus. Ne peut plus se confronter à lui. Trop proche de l’épuisement. Elle accuse le coup. Elle aurait pu, vraiment, le prendre dans ses bras à ce moment-là. Mais… à force de la cribler de balles, elle devenait incapable, bien incapable de prendre part à ses faiblesses. Et incapable de panser les blessures ouvertes. Elle ne lui en voulait pas d’être aussi touché par ces rumeurs, ces ragots, qu’elle méprisait au moins tout autant que lui. Mais à chaque fois, il l’accusait de tout. Et cette fois, il l’avait même tenue responsable. Et elle préférait partir, trop blessée. Amoindri. Affaiblie. Elle était achevée.

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" infirmière "

Il est resté impénétrable. Stoïque, absent. Il l'a entendue, pourtant. Lui démontrer qu'il s'était fourvoyé sur ses intentions. Mais Drake ne sait pas saisir les occasions. Toujours dans le mauvais timing. Toujours en avance dans l'explosion, ou en retard, dans l'indifférence. Son ton calme est encore pire que si elle avait crié. Pire que si elle l'avait frappé. Bagarreur, notre marin sait pourtant que les mots touchent plus fort que les coups. Quand il s'émancipe de sa torpeur, le courant d'air venu du dehors ne procure aucun bien-être à son corps encore brûlant. Brûlant de fièvre, brûlant de leurs ébats, brûlant de honte et de culpabilité. Comment a-t-il pu lui dire tant d'obscénités ? Il sait très bien que c'est faux, en plus. Que c'est mensonger de la mettre dans le même sac que les autres. Ses mots ont été terrifiants, plus encore car ils sont justifiés. Et la peur, plus tenace encore que la colère, l'envahit comme des torrents boueux après une crue. Le vase déborde ; la rivière, le lac, l'océan tout entier. Une mer de déceptions, une eau sale et usée qui vient là se déverser dans les ruelles délabrées de son esprit malmené. Qui recouvre tout. L'espoir, la force, l'amour ? J'ai plus la force de me battre avec toi. C'est le plus terrifiant. Que veut-elle dire ? Qu'elle abandonne tout ? Qu'elle l'abandonne, lui ? L'effroi le gagne, il attrape son t shirt, un jogging qui traîne là abandonné aux pieds du canapé. Et là, debout, l'angoisse le fait hésiter. J'ai plus la force de me battre avec toi. Que peut-il bien faire contre ça ? C'est impeccablement clair, saisissant, lui ôtant toute étincelle d'espoir. Cet affront ne ressemble en rien à tous ceux qu'ils ont connu. Leurs chamailleries les ont souvent fait se griffer mais jamais comme il l'a blessée là. N'a-t-il pas réagi ainsi sous sa propre douleur, qu'elle a été sourde à entendre, à comprendre ?
Il n'a que deux options. Se battre encore malgré tout. Ou abandonner, lui aussi. Peut-il vraiment se battre pour deux ? Il n'est pas aussi fort qu'il le prétend. Et peut-être aurait-il dû lui dévoiler ses faiblesses, ses failles, qu'il cache comme un trésor divin au creux d'une forteresse imprenable. Soudain, il a envie de se laisser aller. De tout laisser tomber. Mais peut-on balayer comme ça quinze ans de.. de quoi au juste ? De relation ? En est-ce vraiment une ? Il fixe la porte ouverte, qui amène un courant d'air glacé. Comme pour le décourager. Ça aurait pu, si Drake n'était pas si têtu, si effronté.

Comme un funambule, il passe le seuil. Sashen ? qu'il appelle en s'arrêtant devant la petite maison. La nuit lui hurle un silence terrifiant. Elle n'est plus là déjà. Mais n'aura-t-il pas le sentiment de ne pas avoir tout essayé s'il la laisse s'échapper ? La journée semble avoir imprimé le même schéma désordonné. Comme plus tôt, après les crises, devoir frapper à sa porte close. Doit-il toujours la briser pour se rendre compte qu'il n'existe que pour lui courir après ? Il se met à courir, se rend compte qu'il est sorti pieds nus. Mais Drake ne sent pas le froid ni les graviers du chemin s'enfoncer dans la plante de ses pieds. Drake, il ne sent que ce sentiment d'urgence, cette pression venue de ses entrailles. Comme s'il allait mourir s'il ne la rejoignait pas. Comme si sa vie entière allait s'écrouler dans la seconde qui suit. Alors Drake court. Il aperçoit sa silhouette, loin sur le chemin, qui titube. Ou est-ce lui qui titube, alcoolisé de ces émotions taciturnes ? Il ignore ce qu'il fera quand il l'aura rattrapée. Pour l'instant, ça n'a pas d'importance. Le seul objectif : l'atteindre. Sashenka ! qu'il crie comme un forcené. Il trébuche, se rattrape dans le vide, continue sa course contre la montre. Contre les règles mêmes de ce lien auquel il ne peut se résoudre à mettre fin. Et enfin, elle est là. Il ralentit et sans réfléchir - sa spécialité - il passe ses bras autour de ses épaules. Ferme, un peu brusque sûrement, il verrouille solidement sa prise en joignant sa main à son poignet. Et il la tient là, contre lui. Et si son corps se tend, ce n'est plus du désir incommensurable, mais d'une angoisse palpable. Il a peur, Drake. Peur qu'elle se débatte, le frappe, s'enfuit. Il a le sentiment que cette fois, ça serait à jamais. A-Attends.. parvient-il à bredouiller. Il a le souffle court. Mauvais coureur, le marin. Poumons encrassés. Poumons dévastés, à court de souffle eux aussi, devant elle. Tu voulais pas m'entendre m'excuser tout à l'heure mais maintenant, je vais le faire et tu vas m'écouter. Ses mots sembleraient autoritaires si sa voix n'était pas tremblante. Il desserre un peu ses bras, prie pour qu'elle ne s'esquive pas. De dos, il ne peut pas voir son visage. Il ne préfère pas. Je.. j'ai été con de m'emporter comme ça, je pensais que.. que tu doutais de ce que je t'avais dis et ça m'a rendu fou. J'ai pas.. je pensais pas. Tu n'es pas comme eux et je le sais très bien, Sashenka. Il parvient à se calmer un peu. Il se console de sa présence, même forcée. Ces rumeurs, tu sais, elles sont tellement… envahissantes que parfois, je crois que moi-même j'y crois. Et j'accuse les autres de.. de cette image que… que j'ai de moi. Pour la première fois, il semble vouloir expliquer. Même s'il a du mal à mettre des mots sur tout ce qui peut le ronger. Se mettre à nu [ pour de vrai ]. Il a si peur de la perdre que, finalement, baisser son armure n'est plus si dérangeant, à côté. Pardonne-moi. Elle ignore combien ces mots lui coûtent. Mais le devinera, parce qu'elle le connaît, n'est-ce pas ? Pardonne-moi pour tout ça. Tu sais.. je.. je survivrai pas si.. Et la muraille cède. La vague terrasse le barrage. Ses bras se relâchent, il la libère. Libère aussi ce qui fourmillent au coin de ses yeux, quelques perles qui roulent et qu'il essuie avec une colère pourtant plate et lasse. Il la retourne doucement. J'ai besoin de toi, Sashen. Il enfonce son regard dans le sien. Ses yeux clairs brillent, mer des tropiques bordée d'écume. Tu sais, j'ai toujours eu peur de l'échec. J'ai l'impression d'avoir fait des études pendant quinze ans et de ne m'être jamais inscrit au concours de peur de le rater. De te tourner autour depuis quinze ans sans avoir eu le cran de… de plus, juste par crainte du rejet. Et ce soir, j'le pensais vraiment. Je voulais enfin m'inscrire au concours. Je voulais vraiment avec ces mots te proposer de.. de vivre ici. De vivre avec moi. Parce que je peux pas me passer de toi, Sashenka. Sa gorge lui pique, son angoisse aussi. Dans ses yeux comme dans sa voix, la terreur est réelle. Il se livre là, au plus mauvais moment qu'il soit - après l'avoir brisée. Sans plus aucune chance de son côté. Il le sait. Et il accepte la défaite. Il n'aurait pas voulu échouer sans lui dire. J'fais que des conneries quand t'es pas là. D'où les sirènes. Les soirées interminables au pub à sortir titubant, au bras de la première âme aussi paumée que lui. Moi non plus, j'ai plus la force de me battre avec toi. Je veux plus me battre avec toi. Il se tient un peu courbé, le froid commence même à le faire trembler un peu. Il n'ose plus la toucher. Enfin prêt.
Prêt à la laisser partir. À la laisser s'enfuir. En paix avec lui-même, même si le contre coup sera terrible. J'ai besoin de toi comme d'une infirmière. Que tu m'dises que ça va aller, qu'mon état va s'améliorer. 
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Sortie de la demeure de l’inquisiteur, Sash fuse sur le sentier destiné à la ramener chez elle. Le pas pressé pour disparaître au plus vite de son champ de vision, le lièvre n’a plus qu’une idée en tête : déguerpir, fuir l’usurpateur de son endocarde. En l’inculpant de torts qui ne la concernait pas, il insultait son moi intime. Altérant et défigurant jusqu’à sa nature profonde. Alors qu’elle le croyait sur le point de lui faire un aveu inopiné, il l’avait à nouveau saccagé d’un coup de crocs - marquant une nouvelle cicatrice sur sa peau. Durement affligée, elle estimait la réponse qu’elle lui avait donné parfaitement légitime. Quinze ans. Quinze ans à se croire, peut-être, un peu plus signifiante pour lui. Mais à quel point s’était-elle laissé berner, abuser ? Abuser par quoi d’ailleurs, quand il savait la blâmer plus que la bercer d’affection. Il lui avait définitivement prouvé tout son dédain à deux reprises aujourd’hui ; Il la voyait barbare, féroce, colportrice de médisances à son égard. Alors à quoi bon continuer ? Chaque fois qu’ils surfaient sur une vague trop extrême, Drake la poussait dans l’eau. Pour autant, ils s’étaient déjà retrouvés dans plus d’une situation où elle s’était montrée elle-même désobligeante à son égard. [ Effet de yo-yo dans cette relation déséquilibrée. ] Mais cette nuit, il s’était montré trop excessif. Plus tenace, plus bouillant que d’habitude. Et elle avait renoncé à se défendre, à le contrer par l’attaque. Elle avait toutefois perçu dans ses propos une colère concentrée pas seulement contre elle, mais contre quelques langues vipérines, fouilles merdes des âmes qui vivent sur l’île. S’il s’était arrêté là, sans doute se serait-elle inquiétée pour lui. Mais la mettre dans la même toxine que ces gens-là… le coup de massue de trop.
Faciès attaqué par le froid de l’obscurité, ses encéphales elles-mêmes fonctionnent au ralenti. Malgré l’adrénaline, la langueur la rattrape à quelques mètres à peine du foyer du diable. Désormais, elle n’a plus la force de rien : de larmoyer, d’hurler, de jurer. Même se traîner jusque chez-elle lui paraît insurmontable. Elle tangue, comme sous l’effet de l’alcool. Ses jambes ne tiennent plus. Elle se sait vide. Vide de sens, dépourvue, inhabitée. Et l’obscurité lui semble encore plus frappante à cette heure avancée. Elle qui croyait tendrement finir la nuit entre les bras sécurisants du loup.
A peine concentrée sur le sentier, elle ne l’entend pas. Pourtant, il est derrière-elle. Si loin et pourtant si proche de la retrouver. Incapable de saisir le moindre son, comme-ci son propre corps refusait de croire à ce que Drake la rattrape dans la nuit noire. - elle l’ignore par inadvertance. Elle n’entend pas sa course effrénée, ses pas qui manquent de le faire tomber.  Elle a froid. Se dit qu’elle pourrait s’écrouler dans le fossé tant elle est consumée. Et sans crier gare, elle se laisse surprendre par ces bras qui l’entourent. Ses membres se paralysent entièrement. Elle reste droite, pétrifiée. Son sang se glace. Son expression n’en est que l’équivalent. Si elle n’avait pas reconnu les mains de Drake, sans doute aurait-elle hurlée, se serait-elle débattue, usant de ses dernières forces pour survivre à son assaillant. Mais il ne s’agissait pas là d’un violeur nocturne, ni d’un fou échappé d’un quelconque asile : Drake, qu’elle fuyait de son plein gré, avait couru jusqu'ici pour la rattraper. Mais pourquoi ? Pour l’assener de mots plus monstrueux encore ? Ses bras la retiennent. L’empêche d’agir, de manœuvrer pour se débattre. Il a de la chance, elle n’en a pas la force. Tu voulais pas m'entendre m'excuser tout à l'heure mais maintenant, je vais le faire et tu vas m'écouter. Préparée à lui dire de la laisser tranquille, sa voix reste endiguée par l’épuisement. L’écouter, c’est tout ce qu’il lui reste à faire. Intriguée, elle l’écoute sans broncher. Sans bouger d’un pas. Son corps fait le mort. Et si l’énergie n’est plus là, le myocarde, lui, s’affole nouvellement.
D’abord, son mea-culpa.
Alors… il s’agissait d’un quiproquo ? Une maladresse de sa part quand elle cherchait à saisir ce qu’il avait ambitionné de lui dire ? Elle n’avait pas choisi meilleur moment pour l'interroger. Certes, elle ne l’avait pas volé. Pourtant… elle était toujours en colère. En colère à ce qu’il se déchaîne à ce point à ses moindres mots. Et qu’il en fasse à chaque fois la cible des pires âneries. Pas prête, encore, à passer la pommade sur ses excès de colère. Ensuite : les porteurs de ragots dont il l’avait accusé porter le flambeau. Là encore, elle restait sur ses positions. Si chaque fois qu’il interprétait mal ses intentions elle devait supporter pareil outrage… comment pourrait-elle le pardonner complètement ? Le pardonner tout de suite, non, elle n’en était pas capable… ou alors, partiellement capable. Car il y avait dans ses mots quelque chose de plus alarmant encore : Drake se livrait d’une manière si touchante, presque trop pénible à écouter. - Drake tu… quand il la retourne vers lui, elle constate les larmes qu’il peine à sécher sous ses doigts rudes. Larmes qui la paralysent d’autant plus. Ses propres prunelles marquent un certain effroi, bientôt biaisés par l’inquiétude. Et elle la voit, l’écume sur ses aigues-marines. Et le voir comme ça c’est… insoutenable.
Elle le dévisage mais n’a de cesse d’accueillir ses paroles. Prend son mal en patience, sensation intime de devoir l’écouter jusqu’à la fin. Et là… Le temps lui-même semble s’être arrêté. Grains du sablier suspendu à ses lèvres glacées.
Vivre ici.
Vivre avec moi.

Elle ne se sent pas bien. Pas bien du tout. Couverte de confusion. Empourprée. Joues noyées de grenats. Et quand il termine sur la force qu’il n’a plus, celle de se battre avec elle au point d’en venir à se mettre à nue, pour elle.... ses jambes lâchent. Ne tiennent pas le choc. L’épuisement rattrape son corps ; elle se rattrape sur les bras de Drake, se redresse comme elle peut.
Elle regarde ses chaussures, comme une petite fille que l’on vient de gronder. Quand en fait, la gamine se voit octroyer la plus douce des confessions. Elle n’ose pas le regarder. Crainte qu’il la voie si gênée, si intimidée, si impressionnée. Vivre avec moi. Est-elle endormie ? S’est-elle encore perdue dans ses rêves les plus enfouis ? Empêtrés dans le sable mouvant, ils n’avaient eu de cesse de s’en dégager puis de s’enliser à nouveau toute la journée, mais là… l'invraisemblable se produisait. - Mais... elle relève timidement la tête. Plonge ses yeux dans les siens, perçoit la peur, l’appréhension dans son regard. De quoi a-t-il peur ? Qu’elle remette en question ses dires ? Plus maintenant… comment le pourrait-elle ? Il ne s’était jamais livré comme ça. Jamais. L’émotion se teinte sur sa voix, sur son corps, sur toutes les fibres de son être. Et elle le voit, pour la première fois. Lui-même, réel, sincère à n’en plus douter. Et avant de pouvoir réagir, s’exprimer sur tout ça, c’est son corps fragilisé par le froid qui lui frappe aux yeux. Puis cette blessure, sur son doigt, qu’elle remarque pour la première fois. Sa main droite cherche le revers de sa main blessée. Elle l'ausculte à peine. - Tu t’es blessé… Un sourire se glisse sur ses lèvres. Exprime un certain ravissement. Pas pour la blessure qu’il s’est faite, pas pour rire de lui, ni pour se moquer d’une manière ou d’une autre. - Tu m’fais vraiment perdre toute mesure de moi-même… tu l’sais ça ? Tu trouveras sûrement la comparaison complètement nulle mais… j’ai l'impression d’être montée à bord d’un grand huit depuis quinze ans. Et d’en être jamais redescendue, le ticket toujours en main. C’est vrai… on peut pas dire que toi et moi, on soit parfaitement équilibrés. J’ai tendance à croire que l’on se pousse l’un et l’autre dans toujours plus de cauchemars. Pourtant… Gênée par ce qu’elle s’apprête à lui dire, ses yeux divaguent à nouveau sur ses pieds. - Pourtant... ce ticket-là… celui de vivre avec toi… je crois que je serai capable, de le prendre. Et de m’y accrocher jusqu’à la fin. Mais... ça me fait peur Elle pourrait lui avouer, tout lui dire. Tout ce qui lui fait peur quand elle voit son navire s’embarquer pour la mer. De ses angoisses quand l’orage fait rage et qu’il n’est toujours pas rentré. Mais elle n’a plus la force de rien. Et se dit qu’après cette journée, il pourrait mal le prendre. Lui dire qu’elle s’en fait pour rien, s’emporter encore et encore. Alors pour ce soir, elle aimerait qu’ils se laissent un peu de répit. Surtout après ça. - J’ai besoin d’un peu de temps. Il n’y a rien à réfléchir… parce que… j’en ai envie. Vraiment envie. Mais.. peut-être que l’on pourra en discuter un peu mieux demain ? S’il te plaît… elle s’accroche à ses bras, se rapproche un peu et sent l’émotion lui grimper aux yeux. - Ne me ferme plus la porte, tu n’as pas besoin de me cacher ce que tu ressens… tu sais ? J’avais compris… j’ai compris pour ces vipères qui t’harcèlent avec leurs ragots. Elle marque une courte pause. - Drake, venant de moi qui suis si fermée…  ça peut sonner étrange mais... tu peux te confier à moi. Je pourrai jamais te juger ni t’accabler comme eux. Et si tu en doutes encore, alors arrête ça. Elle l'observe avec une certaine autorité, rapellant évidemment la façon dont il l'avait traité tout à l'heure. Puis son regard se radouci encore. - Et… il y autre chose. Je te promets… Je te promets de faire des efforts pour m’ouvrir un peu plus, moi aussi. Parce que j’ai conscience que c’est ce qui nous pousse à nous acharner l’un à l’autre. Ces énigmes dans lesquelles on se perd depuis trop longtemps... Elle reprend son souffle, cherche une dernière étincelle d’énergie. Se libère aussi de mots qu’elle n’avait jamais confié. - Mais... laisse-moi un peu de temps. D’accord ?  Elle regarde par-dessus l’épaule du marin. Un sourire timide s’échoue sur ses lèvres. - Et ne me laisse pas rentrer chez moi…je crois que même si je connais le chemin de retour par coeur, je serai capable de me perdre. Et... c'est chez toi que je veux...  L’émotion la gagne de plus belle. Plus dramatique, peut-être, sans le vouloir ; elle s’échoue dans ses bras. - J'te promets de ne pas m’enfuir, de rester jusqu’à ce que tu ne me supportes plus. Laisse-moi rester.

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" infirmière "

On dirait un ivrogne abandonné par la vie. Pieds nus, grelottant, ses yeux rougis par la fatigue et la détresse, titubant non pas d'alcool mais d'anxiété, de surmenage. Un surmenage non pas professionnel, juste psychologique. Peut-être devrait-il aller voir un psy. Mais s'il ne parvient déjà pas à s'ouvrir à quelqu'un qu'il côtoie depuis quinze ans, pourrait-il parler à un inconnu ? Oh et puis, pour lui, voir un psy serait une honte internationale. Reconnaître qu'il a un vrai problème. Bref, là n'est pas la discussion. Drake est persuadé qu'il a déjà échoué. C'est, stupidement, ce qui le pousse à lui révéler autant. Le sursaut du désespoir. Enfin retournée, il voit son visage se figer en voyant le sien. Ne pouvant imaginer qu'elle soit touchée par son état pitoyable, il pense qu'elle rassemble ses forces pour le rejeter. Le pousser loin, hors de sa vie, dans un océan où les monstres marins auxquels il croit si fort viendront là le torturer pour, finalement, le noyer. Vivre avec moi. Et ses jambes flanchent. Alerté, il se précipite en avant. Elle s'accroche à son bras, il la soutient du mieux qu'il le peut, la maintenant debout, une main dans la sienne pour la soulever, l'autre au bas de son dos. Il ne la laissera pas tomber, ce soir au sens propre du terme et, Dieu sait, au sens figuré pour toujours. Mais... Il se pince les lèvres, ne trouve pas la force de rajouter quoi que ce soit. Il l'a brisée et la voir comme ça, épuisée, à bout de forces, ne tenant même plus debout, glacée dans la nuit noire [ ça lui brise le coeur ]. Ce coeur qu'il prétend ne pas avoir. Elle remarque sa blessure, sourit ; il ne sait pas comment réagir, n'essayant même pas d'interpréter ce sourire suspendu au coin de ses lèvres comme un espoir qu'il devine trompeur. Il secoue son doigt blessé, comme si ça n'avait pas d'importance. Parce que ça n'en a pas. Même amputé d'un bras et d'une jambe, il ne serait dévoué qu'à elle. Qu'à écouter la sentence, qu'à entendre le supplice d'un adieu, cette fois définitif. Il lui faudra s'y résoudre. Sûrement les prochains jours, les prochaines semaines, les prochaines années ? seront durs et redoutables. Mais il survivra, n'est-ce pas ? Même s'il devient l'ombre de lui-même, il n'aura plus vraiment quelqu'un à qui se montrer de toute façon. Puis elle se met à parler et son cerveau s'anesthésie. [ J'en ai marre de faire semblant, j'en ai marre de faire comme si tout me glissait dessus, j'en peux plus d'entendre les sirènes, même à travers le double-vitrage ] Ankylosé - par le froid, les émotions, la fatigue - il reste là, bouche entrouverte comme un poisson hors de l'eau, ses yeux écarquillés essayant de suivre la cadence de ses lèvres. Et de m'y accrocher jusqu'à la fin. Donc.. donc ce n'est pas la fin ? Mais... ça me fait peur. La voilà, peut-être, la sentence. Il baisse les yeux un instant, coupable, éprouvé par la honte, le chagrin. Elle se supplie d'en discuter le lendemain, il sent son coeur se craqueler un peu plus encore, comme un désert aride qui n'attend plus l'espoir de la pluie. Il serre la mâchoire. Il n'a plus la force de s'énerver et que pourrait-il bien lui reprocher ? Ne pas savoir prendre une décision aussi importante dans l'état où ils se trouvent ? Ce serait légitime qu'elle doute de ses mots, qu'elle se dise qu'il est si usé qu'il utilise n'importe quoi pour la faire rester. Pourtant, ça n'est pas le cas. Et Drake n'a pas la force de le vérifier. S'il te plait... Sa prise sur son bras s'intensifie, il raffermit la sienne, dans le creux de son dos. Pour la rapprocher, timidement, de lui, dans l'excuse de la soutenir mieux encore. P-Prends.. tout le temps qu'il te faudra, Sashen, même s'il te faut encore quinze ans pour y réfléchir je.. je pensais pas que.. j'croyais que ça te semblerait.. inconcevable alors d'entendre que.. tu en as envie ça me.. Il baisse les yeux. Drake le fragile. Il a de nouveau envie de chialer. Il retient ses larmes comme un enfant qu'on a grondé, mais elles sont là, brillantes, éprouvées par ces émotions contraires, cet ascenseur émotionnel qui le malmène depuis le début de la journée. La joie, la colère, le soulagement, l'espoir, le désir, la rage, la détresse, l'amour.. Il n'en peut plus, lui non plus. Il est épuisé, sûrement pas autant qu'elle, mais il est à bout de forces et c'est ce que prouvent ces larmes qui se sont montrées devant elle pour la première fois. Même devant Lenore, il ne pleure pas. Parce qu'un Homme, ça ne pleure pas, pas vrai ? Mais là.. mais là, il n'y arrive plus. 

Elle recommence à parler, il l'écoute avec toute l'attention du monde. Derrière ses mots soigneusement choisis, doux il doit le reconnaître, il ressent comme un sermon. Justifié, pourtant. Il ne se sent pourtant pas la force de le lui retourner. Il n'a plus la force de lui reprocher quoi que ce soit. Alors, il accepte les accusations enrobées d'un duvet tendre. Mais elle se sermonne toute seule. Et ça le touche peut-être plus encore. Elle reconnait ouvertement qu'elle ne s'ouvre pas non plus. Ils ne l'ont jamais fait, en quinze ans. Parfois, par quelques bribes d'espoir et de tendresse. Deux fautifs, deux taiseux. Il sent la pointe d'un sourire déformer ses lèvres pincées et il plonge dans son regard avec plus de tendresse qu'une mère aurait pour son enfant. Il a envie de lui dire qu'il l'aime, là, maintenant, tout de suite. Mais n'est-ce pas trop tôt ? Ou trop tard, après quinze ans de guerres ? Ne serait-ce pas déplacé, après l'avoir humiliée ? Cela ne paraitrait-il pas insensé, justifié par le simple fait qu'il pensait la perdre ? On ne peut pas utiliser ça pour retenir quelqu'un.
Mais il le lui dira. Un jour. Un matin peut-être, quand il viendra la réveiller avec un café jusqu'au lit. On n'a qu'à faire un marché. Se faire une promesse. Celle de s'ouvrir plus mutuellement l'un à l'autre. De.. se dire les choses. Je te promets aussi que je vais essayer d'arrêter de.. de réagir comme un idiot, de m'emporter pour rien quand je me sens touché, de te hurler dessus comme je l'ai fait. Et plutôt de t'expliquer. Il essaiera, vraiment. Même si cela s'annonce difficile, même s'il ne l'a jamais fait avec personne, même s'il ne sait même pas comment faire. Les mots, il les maitrise mal. Tout le temps qu'il te faut, Sash.. murmure-t-il en baissant de nouveau les yeux. Ils regardent leurs pieds - les siens, un peu boueux, écorchés. Il ne sent même plus ses doigts de pieds, engourdis par le froid et sa course effrénée dans les ténèbres. Il sent que c'est à ce moment-là qu'elle lui dit au revoir. Il se voit déjà dans le noir, chez lui, dans cette petite maison trop grande pour lui malgré-tout. Vide. À finir bêtement les fonds de bouteille pour s'ankyloser le cerveau. Mais encore une fois, elle le surprend. Elle lui confie ne pas vouloir rentrer chez elle, lui confie même la mission de ne pas la laisser partir. Son coeur menace d'imploser, il ne sait plus dans quelle direction se tourner - espoir ou désespoir. Elle s'échoue dans ses bras et il la rattrape, la soutient et alors, ose la serrer contre lui. Il enroule de nouveau ses bras autour de ses épaules mais sans fermeté cette fois, sans vouloir l'emprisonner, puisqu'elle veut rester. Il pourrait la serrer à l'étouffer, à la comprimer en lui pour qu'elle ne puisse jamais le quitter. [ J'ai besoin de toi comme d'une infirmière, que tu m'aides à trouver le sommeil, qu'on s'réveille dans des draps blancs. Que tu dises que c'était qu'un mauvais rêve, que tout ça c'est derrière-moi maintenant ] Laisse-moi rester. Comme si.. comme si c'était de lui que ça dépendait. Comment fait-elle pour toujours inverser les rôles, pour le consoler au point de lui faire espérer que c'est à lui de choisir et non à elle, que le coupable n'est pas lui-même ? Comment fait-elle pour toujours trouver les mots justes ? Tant ceux qui poignardent son coeur que ceux qui lui donnent l'oxygène dont il a besoin ? 
Pour toute réponse, Drake attrape son visage délicat entre ses deux mains. De si près, il voit ses traits terrassés par la fatigue, ses yeux qui peinent à rester ouverts, et il embrasse ses lèvres avec la douceur d'un adolescent qui donne son premier baiser. Pas même le désir ne viendra s'immiscer dans cette tendresse qu'il tente de dissimuler depuis la mort de ses parents. Il met fin au baiser de la même manière qu'il l'a commencé ; avec surprise, douceur et innocence. Il capture son regard, férocement. Tu peux rester autant de temps qu'il te plaira, j'avais tellement peur que tu t'enfuies.. S'il te plait, Sashen, reste avec moi... lui murmure-t-il contre ses lèvres, la suppliant à son tour.  Et d'un seul coup, il la soulève. Passe une main sous ses jambes sûrement épuisées et la ramène contre lui. Comme un chevalier ramène la princesse. Il n'est pas chevalier, Drake ; bien que l'autre rôle puisse lui être totalement décerné, à elle. Il la tient fermement contre lui, marchant avec plus d'assurance que ses muscles endoloris et ses pieds meurtris voudraient bien le lui faire croire. Pas question de l'épuiser plus encore. Il la ramène lentement jusqu'au petit cottage, la porte laissée ouverte diffuse une chaleur bienveillante, timide, précoce. L'aube ne doit plus être loin. Il traverse la pièce, pénètre dans la chambre encore brûlante de leurs ébats, tant corporels qu'assassins, et la dépose lentement sur le lit. Il l'aide à se débarrasser de sa veste, qu'il dépose sur le dossier d'une chaise. Je reviens, souffle-t-il doucement avant d'embrasser son front. Il quitte la chambre, entre dans la salle de bain. Il reste dans le noir, toujours. Passe ses pieds douloureux sous l'eau tiède. Il grimace, les coupures sont nombreuses mais il ne ressent pas la douleur. Ses veines ont distillé un soulagement et un espoir tels que rien ne semble pouvoir venir les faire déguerpir. Il revient posément vers la chambre, se débarrasse de sa veste lui aussi, de son t-shirt. Il ne.. il ne peut imaginer lui faire l'amour après ce qu'il lui a fait. Elle doit être si épuisée... Il se glisse dans les draps, la bordant comme le ferait un parent. Ses iris brillants projettent une clarté divine sur elle. Tu es tellement belle... murmure-t-il comme s'il lui avouait pour la première fois. Il écarte une mèche de cheveux de son visage, s'accoude pour mieux la regarder. Comme tu étais de service cette nuit, j'imagine que tu es en repos demain ? Je.. normalement, je devrai aller en mer dans... une demi-heure, confesse-t-il avec une grimace. Levé aux aurores pour la pêche, toujours. Mais je ne vais pas y aller. Alors, si tu veux bien, on pourrait.. on pourrait se réveiller là ensemble et... reparler de tout ça, comme tu le souhaitais. Ou juste prendre un petit-déjeuner, c'est.. c'est toi qui choisiras. Mais je.. Sashen, j'aimerai tellement que tu restes ici, que.. que je puisse me.. Il sent une larme faire briller ses yeux, la retient, n'a pas le droit de craquer encore. ... me rattraper. Te.. Te montrer que j'peux.. être pas seulement con et violent avec toi. J'crois qu'il est temps, après quinze ans, que tu descendes de ce grand-huit et que je m'inscrive enfin à ce concours. Il s'allonge à côté d'elle, fixe le plafond. Il se sent comme un grand enfant qui n'a jamais dormi avec une fille ; fébrile, intimidé. T-Tu.. tu veux bien ? Il tourne son regard vers elle, dévoré par l'hésitation, drainé pourtant par un courage borné. Mais si tu.. si t'avais quelque chose de prévu ou.. ou que t'as pas envie c'est pas grave hein, on.. ça sera une prochaine fois, j'veux pas.. j'veux pas te retenir, j'veux pas te forcer, j'veux.. j'rêve que tu veuilles pleinement.. Passer du temps, pour une fois, avec moi. Sans lui donner l'impression qu'il ne veut que son corps, sans lui donner l'impression qu'il n'est là que pour lui faire l'amour [ même s'il en aura toujours envie, même épuisé, même ivre mot, même endeuillé, même amputé d'un membre ] La fébrilité le fait bégayer, on ne dirait pas vraiment lui, révélé à la clarté de la lune, comme si ses rayons blanchâtres l'avaient trop éclairé cette nuit, que ça l'avait changé, que ça l'avait transformé. Il est suspendu à ses lèvres, acceptant ce silence léger. Il la couvre avec tendresse, attendant patiemment. Oui, il rêverait de la voir là, s'endormir à ses côtés. Et qu'à son réveil, elle soit encore là. Qu'elle ne se soit pas enfuie, comme habituellement. Que quelque chose ait changé.
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Vivre avec lui, loup implacable. Temps qu’il lui promet pour y réfléchir. Perles de nacres roulent sous les pupilles du marin ; joyaux uniques et précieux, marquent la droiture de sa confession. Touchée, coulée. Atteinte par cette singulière manifestation d’émotions. Ses mains se serrent un peu plus. Ses iris à elle ne cessent de l’admirer, de s’exalter de ce changement d’atmosphère. Ses doigts aimeraient sécher les merveilles sur ses joues, mais sa propre langue continue de se délier. Faire honneur à cette muraille qu’il détruit d’un seul ; promesse qu’elle lui fait de les abattre à son tour, ces murailles sur son propre coeur. Elle sollicite du temps, sa patience, son indulgence. Le temps nécessaire pour forcer ses propres barrières ; briser ses défenses, sa cuirasse et son bouclier. Et il accepte sa requête en toute humilité. Ses prunelles témoignent sa reconnaissance. Pour la première fois, Drake semble malléable à ce qu’elle lui dit. Pourtant, ses mots aussitôt prononcés, elle avait envisagé un nouvel emportement chez lui - qu’il doute d’elle encore et encore, qu’il l'empoisonne de ses mots satanés, lames de rasoirs fidèles à son tempérament. Alors qu’elle ne s’attendait plus à grand-chose, il venait de la surprendre de la plus belle des manières. Il s’ouvrait, se montrait plus fort, plus décidé, plus courageux et en cela elle le trouvait admirable. En plus de lui avouer son désir le plus enseveli, il lui offrait même du temps pour y réfléchir. Comme-ci il n’avait pas peur que le temps les rattrape. Comme-ci ils n’étaient encore que deux jeunes adultes, sur le seuil de leur vie. Quinze ans à se courir après sans faire avancer les choses ; ces deux forcenés, poussés dans leurs retranchements inviolables. Et après cette journée à se maltraiter l’un et l’autre, leur relation faisait un bond colossal dans l’espace. Jusqu’à maintenant, ils ne s’étaient jamais rien promis. Pas de serment inviolable, pas de loyauté, de fidélité acquise. Libres d’agir, libres de leurs liaisons, libres de se faire souffrir. Elle n’y voyait pas un manque de maturité, mais un manque à s’ouvrir. Manque dont elle s’avouait mille fois coupable. Et le marché qu’il lui proposait semblait être le début de quelque chose ; comme une rare tentative à changer les choses. Et dans ses yeux à elle brillait son respect. Profond, robuste. Drake paraissait si grand, si sûr de lui, si éclatant. Il brillait si fort qu’elle baissa les yeux, pommettes cramoisies. Depuis quand était-il devenu si constant ?... si saisissant ? Au point qu’elle se sente juvénile à nouveau, gênée, intimidée par une telle prestance. Sûre d’elle, à n’en plus douter, elle lui disait, la vérité. Vivre avec lui… elle en avait envie. Et qu’ils se le disent après tant d’afflictions, un palier venait d’être surmonté. Mais des paliers, il y en aurait d’autres. Tout comme des tempêtes à braver. A commencer par ses angoisses les plus rudes, provoquées par les naufrages et les noyades ; réelles, existantes, dans lesquelles Drake y trouvait si souvent place, dans ses cauchemars les plus éveillés.
Elle ne veut plus rentrer chez elle. Ni ce soir, ni demain matin. Elle ne veut pas fuir son affection, sa tendresse et ce dévouement qu’il lui a confié. Échouée dans ses bras glacés, elle se sent plus petite que jamais. Si fragile et si peu elle-même. Ou alors, est-ce vraiment elle, sans son armure sacrée. Il la serre dans ses bras et elle se joint un peu plus à lui, ses mains se serrent contre son épine dorsale. Cajolée contre lui, elle comprend qu’elle ne peut plus le quitter. Que dans son univers elle veut se répandre comme un poison, une obsession. Mettre à terre les autres sirènes ; devenir sa reine, déchoir ses maîtresses. Ses joues dans ses mains, il dépose ses lippes sur les siennes, l’embrasse d’une manière si tendre… qu’elle pourrait y percevoir de l’amour. Mot qui lui fait défaut. [ Mot dont elle n’a jamais saisi le sens, dans sa destinée à finir vieille fille. ] Ses iris s’enflamment quelque peu. Lui traverse une idée, un songe, une pensée agréable… Drake est l’oxygène qu’il lui faut, qui lui manque pour subsister. Et c’est maintenant qu’elle le réalise. Si elle n’était pas si entêtée, peut-être aurait-elle pu lui dire… lui dire, oui, combien elle a besoin de lui. - Je ne vais pas m’enfuir. Plus maintenant… plus.. jamais qui se coince dans sa traché. Jamais, elle ne peut pas le dire. Car s’il lui promet de ne plus s’emporter, de ne plus s’acharner, il lui doit d’abord quelques preuves, quelques témoignages tangibles de ses intentions. Car elle le connaît redoutable, contradictoire à cette image qu’il lui dévoile cette nuit. Et l’expérience lui a appris à se tenir sur ses gardes, même si elle rêve à ce qu’il ne doute plus jamais d’elle, à ce qu’il ne se déchaîne plus jamais contre elle. Quand il a porte dans ses bras, la soulève en toute légèreté, elle ne songe plus à ça. Malgré les douleurs sous ses pieds, malgré le froid de l’obscurité, Drake se montre plus noble que jamais. Son bras autour de son cou, elle sent quelques larmes perlées sous ses joues. Fatigue, épuisement, remplacés la ferveur de son coeur. Elle doit lui dire quelque chose. Elle veut lui dire quelque chose. Mais ses émotions contiennent ses mots, enfouies ses sentiments dans ses tranchées impénétrables. Elle ferme les yeux jusqu’à la maison.  Sur le seuil de la porte, elle la sent, cette chaleur doucereuse qui provient de l’intérieur.
Pour la première fois, elle rentre chez lui avec une nouvelle conviction, celle qui présage des jours meilleurs.
Il la dépose sur le lit et elle se pose timidement en son bord. Galant, il se montre avec elle, l’aidant jusqu’à retirer sa veste qu’il dépose délicatement sur une chaise. Il l’embrasse sur le front et quitte un instant la pièce,sans doute pour rincer ses pieds douloureux. A cause d’elle et pour elle. Troublée mais néanmoins vidée, elle retire ses vêtements et ne garde que son débardeur et ses sous-vêtements. Elle n’a plus qu’une envie, celle de s’endormir aux côtés de son preux chevalier. Dormir pendant des heures et des heures, dans ses bras pour la protéger. Plus d’insomnie possible cette nuit. Ce soir, elle se laissera envahir par la félicité. Tantôt emmitouflée dans les draps pour se protéger de lui, voilà qu'elle s'y confronte à nouveau - quand elle était pourtant sûre de terminer la nuit dans un fossé ou dans le caniveau... ;
De retour dans la pièce, elle l’observe sans vraiment réagir. Le voyant entrer à son tour sous les draps, elle se pousse un petit peu pour lui laisser une place timide à ses côtés. Ses iris ne le quittent plus. Tu es tellement belle, qu’il murmure. -Arrête… sourire timide se suspend sur ses lèvres, elle n’est pas belle, ne l’a jamais été. Ne s’est jamais considérée de cette manière, et encore moins après cette journée. Ses traits sont fatigués, pâles, presque trop blêmes. Il écarte une mèche de son visage, se redresse sur son coude. Il espère connaître ses plans, son planning pour le lendemain. Pour la première fois depuis ces deux dernières heures, Sash se souvient de la vie qu’elle mène, de ses obligations à mener. Celles qu’il avait réussi à lui faire mettre de côté, pour l’obliger à se concentrer sur leur avenir à deux. La crainte au ventre que le rêve se termine, que les cauchemars reviennent et qu’ils oublient tout de cette soirée… elle ne voulait plus partir non plus. ;
Elle l’écoute sans interruption. Et encore une fois, il la fascine, la charme, la captive. Où trouvait-il le courage pour lui dire tout ça ? Qu’est-ce qui avait changé à ce point pour que la simple idée qu’elle s’en aille le lendemain, le meurtrisse à ce point ? Quelque part, elle s’inquiétait un peu. Le voir si docile, si doux, si avenant était presque… un peu trop irréaliste. Pour la première fois, elle se demandait si quelque chose était arrivé. Comme-ci il s’ouvrait un peu plus, là, soudainement poussé par une force qu’elle ne saisissait pas. Elle ne doutait pas de lui. Mais elle était si peu habitué à un comportement si charmant de sa part… elle espérait que tout ça, ne soit pas le résultat de quelque chose de plus grave. - Drake… ose t-elle prononcer dans un murmure, cherchant dans son corps l’énergie suffisante pour lui parler. - Si je descends de ce grand huit... je veux que tu m’attendes en bas, que j’en sorte et que l’on... reste ensemble. Je veux prendre ce petit-déjeuner avec toi. Je te l’ai promis, non ? Je ne vais pas m’enfuir. Elle se redresse un peu sur ses coudes, caresse le visage du loup avec ses doigts. Elle plonge son regard dans le sien. - Plus la force de me battre… ça veut dire ça, aussi. Je peux plus me battre contre ce que je ressens pour toi… je… je t’aime qu’elle est sur le point de lui dire. Elle se tait pourtant, s’embrase à l’intérieur. Joues, tête, âme, son corps la brûle violemment. Mais elle ne peut pas lui dire, pas se mettre à nue à ce point, pas l’étouffer avec ça. Lui faire peur, peut-être, ou craindre qu’il la repousse. Pour des chiens galeux comme eux, s’avouer être amoureux… rime avec une force différente. Elle se surprend pourtant, à ressentir mots si puissants, et s’embourbe à nouveau. Son coeur s’emballe. Elle se redresse encore un peu, soutient son regard et glisse lentement ses lèvres sur les siennes. Lippes murmurent à demi-mot : - Je vais rester Drake. Je veux rester. Son corps retourne se poser contre le lit, sa tête sur le coussin, ses bras cherchent le t-shirt du marin. Elle l’attire vers lui, cherche à ce qu’il l’embrasse encore un peu. Que leurs bouches s’unissent dans une valse délicate. Puis quand leurs lèvres se libèrent,  sa tête reste sur le côté, observe les lucarnes du marin, quand il s’allonge à ses côtés. Elle cherche sa main, dépose les empreintes doucereuses de sa bouche sur ses paumes. - Me réveiller avec toi… c’est tout ce que je veux. Si elle n’était pas si épuisée, sans doute aurait-elle cherché d’autres faveurs, tant elle voulait lui prouver, oui, toute la sincérité dans ses mots.

[ Lentement, elle se rapproche de lui, se confronte à ses bras pour s’y lover. Pourvu qu’il soit là demain, qu'il ne parte pas en mer. Et elle se laisse envahir par la fatigue, se laisse disparaître dans l’obscurité. Pour la première fois, elle est comblée. N’a plus pour désir, de l’abandonner. De partir sur la pointe des pieds. Plus maintenant. Peut-être plus jamais.
Non. Car elle ne veut plus, renoncer à lui. ]

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" haut les coeurs "

Plus.. plus quoi ? Plus jamais ? Est-ce que c'est ça, qu'elle s'apprête à dire ? Il ne cherchera pas plus loin. Juste l'espoir d'imaginer cette fin de phrase possible suffit à gonfler son coeur d'une légèreté qu'il a toujours repoussée.
Ils ont l'air nouveau. Autant elle que lui. Sans doute ne l'a-t-elle jamais vu si doux, si attentionné. Elle ne l'a jamais vue si intimidée, si fébrile. Deux âmes nouvelles prêtes, enfin, à se rencontrer. À se retrouver. Il l'observe, la dévore d'un regard changé, lui aussi. Comme s'il la découvrait réellement. Au grand jour - contradiction vu la nuit sombre qui les enrobe. Il la complimente, sincère. Arrête... Il se contente de sourire. Elle a l'air presque gênée. Ne se voit-elle pas aussi belle que lui la perçoit ? Si rayonnante, si.. éblouissante. Je veux que tu m'attendes en bas. Il n'a pas cessé de sourire, ce rictus fin et tendre accroché au bord des lèvres. Où voudrait-elle qu'il soit d'autre, sinon là, à l'attendre, comme toujours ? Il a beau la chasser depuis quinze ans, il attend toujours son retour avec l'impatience d'un enfant devant le sapin le jour de Noël. Que l'on... reste ensemble. Il tique légèrement. Veut-elle dire, rester ensemble plus que seulement demain matin ? L'espoir fait vivre, comme on dit. Il ne doute pas d'elle non plus. Mais parviendront-ils à enchaîner les démons qui les poussent, si souvent, à se mordre mutuellement ? Pourront-ils cesser ce jeu absurde commencé il y a de ça plus d'une décennie déjà ? Elle caresse son visage, il en ferme les yeux de quiétude. De bien-être. À cet instant- précisément, Drake se sent bien. Et croyez-moi, cela lui arrive rarement. Vraiment rarement. Sans poids sur les épaules, sans appréhension, sans colère, sans peur. Juste bien et c'est d'une légèreté à couper le souffle. Il rouvre ses yeux clairs quand elle parle de nouveau et il se tend, dans l'attente, dans l'espoir. Contre ce que je ressens pour toi. Il aurait tellement envie qu'elle lui explique. Ou peut-être sait-il déjà, peut-être voudrait-il juste l'entendre, comme si ça officialiserait ces sentiments tabous, cachés au plus profond d'eux. Bien sûr qu'il l'aime aussi... Quelle peur peut être aussi féroce pour les museler à ce point, autant elle que lui ? Quel traumatisme terrible leur a ôté cette capacité-là de s'attacher, de s'avouer, de se livrer, de s'aimer ? Il se détend. Elle ne le dira pas, il l'a compris. Il ne lui en veut pas. Son visage reste doux, détendu. Elle glisse ses lèvres jusqu'aux siennes, il sent brûler un feu intérieur à la cantonade. Il la laisse faire, pourtant, attendant la fin du doux supplice. Mais elle retombe sur l'oreiller. Il la regarde avec, dans les yeux, un amour dangereux. Il sent, à cet instant, qu'il ferait peut-être tout pour elle et c'est sans doute le plus inquiétant. Elle l'attire vers elle et il ne cherche aucune résistance à lui opposer. Au contraire. Il se penche, l'embrasse avec une tendresse voluptueuse, dansante. Ses lèvres se pressent contre les siennes dans un long baiser presque adolescent, prude, timide. Et si profond pourtant. Je serai là, Sashen. Demain au réveil et à la sortie du grand huit aussi. Promesse vibrante. Elle vient se blottir contre lui, l'effet de son corps contre le sien le comble d'un sentiment rare et pénétrant. Il l'entoure de son bras rassurant. Le froid n'a déjà plus d'emprise sur lui et, il espère, sur elle non plus. Distrait, il caresse ses cheveux et son visage un moment, d'un geste répétitif mais terriblement affectueux. Il la serre un peu contre lui, même si elle dort peut-être déjà. Pardonne-moi encore. Le sommeil l'attrape comme on se saisit d'un papillon ; sans prévenir, mais avec grâce et soulagement.

C'est un couinement qui le tire d'une torpeur enfin bien méritée. Il entrouvre un oeil, la clarté lui laisse facilement deviner qu'il est bien plus tard qu'habituellement quand il se lève. L'aube est loin, déjà. Mais Drake s'en contrefiche. Il va pêcher sept jours sur sept, il peut bien prendre enfin un jour de repos. Un deuxième couinement lui fait tourner la tête. Au bord du lit, un chien s'impatiente. Mais il ne s'agit pas de Posé. Gaïa, qu'est-ce que.. qu'est-ce que tu fais là ? La chienne remue la queue, rassurée d'être enfin vue et entendue. Comme si elle était simplement venue quémander une attention quelconque, elle s'éclipse dans le salon après ça. La border est venue lui rappeler que sa maîtresse est bien là. Si elle est venue la chercher, elle se met les quatre pattes dans les yeux ; Drake ne va pas la laisser la lui récupérer si vite ! Il tourne lentement la tête. Dans leur sommeil, Sashenka s'est visiblement libérée de ses bras. Il l'observe dormir, comme un psychopathe obsessionnel. Oh oui, et quelle obsession a-t-il pour elle... Elle lui tourne le dos et avec douceur, il vient lentement se coller à elle. Il enroule de nouveau ses bras autour d'elle, posant sa tête dans le creux de son épaule, là où son souffle va chatouiller son cou. Il ne peut croire qu'elle soit encore là. Que toute leur discussion n'ait pas été un rêve, que toutes leurs prières aient été réelles. La journée précédente a été un tel chaos qu'il peine encore à y réfléchir posément. Il ne cherche aucune complication à s'y escrimer, d'ailleurs, préférant simplement profiter de l'instant. Ses lèvres viennent délicatement se poser sur son épaule rendue nue par son débardeur. En y songeant, il verrait bien sa vie ainsi. Se lever chaque matin à ses côtés. L'enlacer, l'embrasser, pouvoir la chérir. Pouvoir lui montrer cette facette de lui qu'il ne connait pas lui-même. Se prouver qu'il est capable de prendre soin de quelqu'un d'autre que d'un chien. Il se demande déjà si elle voudra partir rapidement, si elle va rester une heure, deux, ou dix. Jusqu'au soir, jusqu'au lendemain matin. Que pourront-ils bien faire, de tant de temps devant eux ? En ont-ils l'habitude ? Certainement pas. Mais Drake se sent prêt. Prêt à chambouler son quotidien morne et ennuyeux. À le pimenter à chaque instant, et pas seulement aux quelques fois où ils peuvent se croiser de leurs épées acérées. Il chasse les questions. D'abord, profiter de l'instant, a-t-on dit. Oui. C'est ce qu'il va faire. Son corps se tend légèrement contre le sien, jusque-là encore embué par leur nuit trop courte mais tant.. tant prometteuse. Ses lèvres viennent embrasser son omoplate, la base de sa nuque. Ses cheveux portent l'odeur de la mer, un pincement au coeur le crispe légèrement, juste le temps d'une seconde. Il écarte cette crainte aussi. Non, l'océan ne la lui prendra pas, il s'y refuse. Il sent qu'il la tire d'un sommeil profond, il ne culpabilise pas longtemps pourtant. Se pressant un peu plus, l'entourant toujours, l'étreignant comme s'il allait partir, il reste pourtant là, contre elle. Ses lèvres remontent lentement jusqu'à ses oreilles. Si on veut prétendre à un petit-déjeuner, je crois qu'il ne faut pas trop trainer au lit, sinon on passera directement à la case déjeuner... raille-t-il doucement, d'une voix encore engourdie par le manque de sommeil. En réalité, Drake se fiche grandement de ce petit-déjeuner. Tant qu'elle reste avec lui. Tant qu'ils peuvent rester ensemble, profiter de cette bulle dont il redoute déjà qu'elle éclate en projectiles mortels. Gaïa est venue te chercher... commence-t-il, reprenant sa ronde de baisers. De derrière l'oreille au milieu de la nuque. Il se redresse, de façon à pouvoir la regarder si elle se met sur le dos plus tard. Ses doigts viennent jouer avec la bretelle de son débardeur. Il se sent déjà d'ardeur à le lui retirer, le lui arracher. Mais il ne veut pas la brusquer. Drake a bien des défauts ; jamais il ne forcerait qui que ce soit. Et puis, si elle reste comme elle l'a dit, ils ont du temps devant eux, n'est-ce pas ? Rien ne presse. Son envie de la veille semble réveillée, comme jamais endormie, alors elle sera encore là plus tard, assurément. Pourtant, il joue avec la boucle de son haut comme avec le feu. Mais.. je n'ai pas vraiment envie de te rendre à elle... souffle-t-il à même sa peau, ses lèvres se posant maintenant sur son épaule. Et ne te rendre jamais.
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@Drake Madsen
C’est le couinement de la chienne qui la sort pour la première fois de son hibernation. L’éclat étincelant de l’astre qui traverse les fenêtres ne permet pour l’instant qu’une ouverture partielle de ses prunelles. Le soleil est si puissant à l’intérieur de la pièce qu’elle croit avoir oublié d’éteindre la lumière de sa chambre ; la belle somnolente croyant être à bord de sa péniche. Ce n’est que lorsque Drake vient se coller contre-elle qu’elle commence à réaliser. La journée épouvantable, la nuit agitée, les mots doux, pour la première fois partagés. Ses bras autour d’elle, elle n’ose pas lui dire qu’elle est réveillée. Un frémissement agréable s’infiltre sur son échine ; qu’il est doux de se sentir ainsi protégée dans les bras du marin impétueux. Ses prunelles refermées, sa respiration se fait paisible et sereine. Désormais parfaitement réveillée, la brune tirée de son sommeil capte chaque mouvement, chaque caresse, chaque contact sur sa peau. Les secondes lui paraissent de longues minutes de félicité. Bonheur parfait, incomparable à toutes les autres nuits passées ensemble. Ainsi ils s’étaient libérés, au moins partiellement libérés sur leurs non-dits. Et cette nuit elle ne s’était pas enfuie. Cette matinée, ils allaient la passer ensemble. Comme “un couple”, plus comme deux amants secrets, peut-être pour la première fois. Un jour de repos, un jour à se consacrer à l’un et à l’autre. Sans bourrasque, sans agitation pour ternir cette promesse de répit. Ainsi s’ils vivaient ensemble, leur réveil pourrait ressembler à moment si doux, si harmonieux. Des gestes de tendresse avant ou bien après l’aube, les bras enveloppés du loup contre son corps inactif, Gaïa pour venir les sortir du lit. Gaïa ? Sa chienne : trop fidèle, intolérante à la solitude, l’avait retrouvé au beau milieu du marais. Comment faisait-elle pour toujours la flairer ? Pourtant si éloignée du port, si éloignée du coeur de la ville, si loin de tout. Et comment était-elle entrée ? Posé lui avait-il ouvert la porte, le museau porté sur la poignée ? Drake ne fermant pratiquement jamais la porte à clef… Sa fidèle compagne, mystique, presque trop mystérieuse. Gaïa et Poséidon. Peut-être devenus amants eux aussi, sans que leurs maîtres n’aient jamais réalisé la belle affaire sous leurs yeux. Cette image l’amusait, esquissait un sourire sur ses lèvres. Peut-être que son lien avec Drake subsistait à travers eux. Les lèvres qui remontent sur ses oreilles étirent encore plus son sourire. Elle ronchonne un petit peu, tant son souffle et ses lèvres caressent son corps de mille émotions. Prétendre à un petit-déjeuner. Depuis combien de temps n’avait-elle pas mangé quelque chose au réveil ? Elle qui se levait toujours plus tôt que les autres pour rejoindre le sog, un café et une clope comme seuls mets matinaux.

Gaïa présente dans la maison, elle se demande si elle n’a pas dormi pendant des lustres. Si la journée d’hier n’est pas simplement le résidu d’un très mauvais souvenir. Toute la famille réunie, au complet dans la petite maisonnée du marin, lui fait oublier que ce n’est qu’hier que Drake lui a demandé de vivre avec lui. Tout semble si paisible et si agréable ce matin, les journées pourraient-elles toutes commencées comme celle-là ? Si elle accepte de quitter le Médusa pour le marais ? Pourrait-elle aussi facilement abandonner son cocon... Cocon dans lequel elle se plaît si fort ? Elle chasse immédiatement cette pensée. Réfléchir, se donner du temps - puisque Drake lui en a accordé - l’aidera à faire la part des choses. Si jusque-là… rien ne vient envenimer les choses. Croisons les doigts. Elle murmure mollement : - Je sais… je l’ai entendue. Cette chienne… est quand même bizarre, peut-être plus que moi. Les doigts de Drake jouent avec son débardeur et les mots qu’il prononce l’anime d’une nouvelle énergie. Elle se tourne lentement sur le lit. Et elle le voit, redressé au-dessus d’elle. Elle contemple l’éclat retrouvé dans ses iris après cette nuit de sommeil. Elle se demande si ses prunelles à elle n’ont pas trop rougies, après leur rixe sanglante. Pincement au coeur quand elle y repense, aux étoiles sur les joues du marin. Une main se tend jusqu’à sa joue, trace une ligne sur les larmes qui ne sont plus désormais. Elle ne dit rien pendant un instant puis se redresse pour regarder la chambre dans laquelle elle se trouve. Habituée à beaucoup plus d’obscurité, coincée entre les petits hublots de sa péniche, elle peine un peu à ouvrir les yeux. - Cette lumière… Elle s’extirpe lentement des draps, s’étire jusqu’à la pointe du lit pour contempler le soleil à travers les rideaux. Le temps est presque trop idyllique à l’extérieur. Se serait-elle réveillée au beau milieu d’un paradis blanc ? Au paradis, elle serait plus éclatante, plus réverbérante à la lumière du jour. La main passée dans ses cheveux, elle réalise à quel point elle fait tâche dans cette tour du soleil. Elle se lève, quitte le lit jusqu’à la fenêtre, glisse ses doigts sur les rideaux pour regarder le tableau qui se dresse sur le parc naturel. Elle remarque, le cendrier, sur la bordure extérieure de la fenêtre. Et un paquet, errant, sur une petite table à côté d’elle. Ses mains s’approchent du paquet, elle se retourne, sourire aux lèvres, pour s’adresser au marin : - Je peux ? Elle n’attend pas vraiment de réponse, ouvre le paquet et cherche une cigarette. Dans sa veste posée sur la chaise, c’est son zippo qu'elle cherche pour  l’embraser sur sa cigarette. La fenêtre s’ouvre sur ses doigts. En sous-vêtements, recouverte de son seul débardeur, elle frissonne un petit peu. Mais la fraîcheur matinale ne la retient pas. Drogue indispensable depuis l’adolescence, la journée ne peut pas commencer autrement que par ses élans de fumée. Par ça et… la chaleur agréable de l'ablution. Au réveil, Sash se sait plutôt paisible, plutôt calme, en paix avec elle-même. Et ce matin, elle se sent apaisée. Vraiment reposée. Aucune insomnie pour retenir son sommeil ; Expulsant un peu de fumée à l’extérieur, elle se retourne pour se délecter de son marin dénudé. Sourire sur les lippes, elle songe à cette douche, à cette ablution que son corps et ses cheveux - encore gorgés par les effluves marines de la veille - réclament désormais. Mais la douche n’est pas seule chose que son corps réclame... et elle ose rire, s’empourprer, à songer à ce qu’elle aimerait faire, à ce qu’elle s’apprête à suggérer. - Alors… petit-déjeuner, déjeuner… j’hésite… t’as pas mieux à offrir ? sa cigarette se brise dans le cendrier. Refermant la fenêtre, elle regagne en toute légèreté le lit sur lequel se love toujours le beau loup. Se mouvant sur les draps comme une tigresse, distillée de toute timidité, elle s’étire à quatre pattes de manière féline jusqu’à lui. Au-dessus de lui, ses jambes encadrent les siennes. Ses doigts bloquent ses poignets. Elle veut l’intimider, le provoquer intimement. - C’est pas le petit-déjeuner qui me fait envie… mais toi que son faciès semble transmettre. Envie de lui, envie de s’abandonner, sans incertitudes, sans incompréhensions, sans nuages pour tâcher leur ébat. Prendre le temps pour prendre soin de l’un et de l’autre, oublier les blessures, profiter de cette journée tant inespérée. - Est-ce que monsieur Madsen pourrait me faire l’honneur de m’accompagner à la douche ?  elle le taquine du bout de ses lippes, s’anime d’un sourire enjôleur qu’elle espère, motivateur.
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" le temps demeure et meurt pourtant, tombent les apparences ;
nos longs, si longs silences, les amants se perdent en s'aimant "

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